Représentations maléfiques dans la tradition roumaine
Dans la tradition roumaine, la période d’hiver correspond à un temps de l’action du mal. L’absence du soleil de la voûte céleste ennuagée et la longue durée des nuits pendant la saison froide ont créé ces correspondances dans l’imaginaire populaire. Les gens d’autrefois cherchaient des moyens pour combattre les influences des forces des ténèbres. Les rites spécifiques de la période de jeûne avant Noël, et surtout la Fête de Saint André, sont des moments importants, lors desquels les coutumes préchrétiennes acquièrent une dimension spéciale. Le loup est l’équivalent du loup garou des légendes populaires, une créature à la frontière de la vie avec la mort et qui peut enlever et même tuer et les gens et leurs animaux domestiques. Voilà pourquoi on considère qu’à la veille de la fête de Saint André, ces créatures peuvent être vaincues.
Monica Chiorpec, 31.12.2017, 13:40
Dans la tradition roumaine, la période d’hiver correspond à un temps de l’action du mal. L’absence du soleil de la voûte céleste ennuagée et la longue durée des nuits pendant la saison froide ont créé ces correspondances dans l’imaginaire populaire. Les gens d’autrefois cherchaient des moyens pour combattre les influences des forces des ténèbres. Les rites spécifiques de la période de jeûne avant Noël, et surtout la Fête de Saint André, sont des moments importants, lors desquels les coutumes préchrétiennes acquièrent une dimension spéciale. Le loup est l’équivalent du loup garou des légendes populaires, une créature à la frontière de la vie avec la mort et qui peut enlever et même tuer et les gens et leurs animaux domestiques. Voilà pourquoi on considère qu’à la veille de la fête de Saint André, ces créatures peuvent être vaincues.
Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare, nous offre plus de détails : « L’ail peut fermer la gueule des loups, car on garde ce symbole aussi dans cette nuit magique. On pratiquait aussi la garde de l’ail. Les gens se rassemblaient dans la maison d’une vieille femme qui connaissait toutes les règles de cette coutume. Toutes les filles du village venaient ensemble et elles apportaient chacune trois têtes d’ail. Elles passaient la nuit en gardant cet ail auprès duquel était posée une poupée nommée Indrei, qui signifierait cette même divinité préchrétienne qui avait pris la forme du Père André qui devait mourir. On faisait ainsi une veillée gaie, même si on se trouvait avant Noël. »
La mythologie populaire liée aux origines du loup a donné naissance à plusieurs légendes dans lesquelles cet animal est présenté comme une créature du Diable, envoyée sur terre spécialement pour mettre en danger les vies humaines et celles des animaux. Les deux personnages maléfiques arrivent quand même à se rejeter mutuellement par le biais de l’intervention divine qui protège l’homme de l’attaque du loup.
Une série tout entière de croyances populaires est liée à la fête de Saint André et les gens essayaient de respecter strictement ces jours destinés à tenir les loups à distance, pour qu’ils ne provoquent pas des dégâts importants dans les ménages du village.
On retrouve maintenant Delia Suiogan : « Les gens jeûnaient totalement pendant cette période, pour la raison du sacrifice qui protège contre la peste, mais aussi pour leur bétail et pour que leurs poules et chevaux ne soient pas attaqués. Toujours pendant cette période, les femmes apportaient beaucoup d’offrandes. Elles faisaient l’aumône aux pauvres des cimetières, c’était surtout un type de galette communément appelée « colac », un symbole utilisé dans la plupart de nos fêtes traditionnelles, mais aussi du pain avec du sucre. On croyait que le loup aimait le sucre et qu’avec du sucre on pouvait l’amadouer. La peste, elle aussi, en tant que personnage mythologique, s’endormait si elle mangeait du sucre et elle n’agissait plus maléfiquement contre les gens. »
Les croyances populaires affirment que certains animaux, comme les chevaux ou les coqs, peuvent anticiper l’approche des morts-vivants ou des loups-garous. Dans les villages roumains, le loup-garou était considéré la représentation suprême du mal, qui pouvait apparaître à cause d’une interruption dans l’observation des règles non écrites de la communauté. De même, on pensait que l’homme-loup, le loup-garou, était responsable des phases de la Lune et de la production des éclipses, car il était celui qui « mordait » l’astre de la nuit. (trad. Nadine Vladescu)