Les Philippes d’automne
Selon la croyance populaire des Roumains, la saison froide débute plus tôt que ne l’indique le calendrier civil. Le calendrier traditionnel de la mi-septembre comporte toute une série de fêtes automnales, dont celle dite des Philippes. En cette saison, qui fait la transition entre l’été et l’hiver, les villageois de maintes contrées de Roumanie pratiquaient jadis plusieurs coutumes censées les protéger et refaire l’équilibre cosmique.
Monica Chiorpec, 27.09.2015, 13:52
Selon la croyance populaire des Roumains, la saison froide débute plus tôt que ne l’indique le calendrier civil. Le calendrier traditionnel de la mi-septembre comporte toute une série de fêtes automnales, dont celle dite des Philippes. En cette saison, qui fait la transition entre l’été et l’hiver, les villageois de maintes contrées de Roumanie pratiquaient jadis plusieurs coutumes censées les protéger et refaire l’équilibre cosmique.
Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare nous a fourni davantage de détails à ce sujet: Selon le calendrier populaire, nous sommes déjà entrés dans la saison froide, d’où les changements qui s’opèrent dans les représentations de l’homme traditionnel. Si les animaux à valeur symbolique auxquels on se rapportait jusqu’ici étaient le serpent et l’ours, désormais c’est au loup d’être le fauve le plus respecté. A preuve les nombreuses journées que lui consacre le calendrier traditionnel, notamment au mois d’octobre. Passé le 23 septembre, les fêtes se multiplient. Les journées commencent à se rétrécir, alors que les nuits se font de plus en plus longues. Le loup symbolise à la fois le soleil et les ténèbres, la nuit. Le 22 septembre marque le début de la fête connue sous le nom de Philippes d’automne. Les 26 et 28 septembres, les villageois suivent le plus rigoureusement les coutumes associées à cette fête traditionnelle, car le loup peut s’avérer l’ami de l’homme, mais aussi son grand ennemi.
La croyance populaire désigne par le nom de Philippes les sept apôtres qui auraient échappé à une meute de loups grâce à leur foi ou bien des mauvais esprits punissant sévèrement ceux qui transgressent certaines règles. Pourtant, dans la plupart des cas, les Philippes sont considérés comme protecteurs des foyers contre les incendies et les animaux sauvages. Pendant l’hiver, les loups s’approchent dangereusement des villages. C’est ce qui explique la préservation en milieu rural des vieilles coutumes à rôle de protection.
Delia Suiogan : En ces jours de fête, on observe le jeûne et on garde le feu allumé, car c’est lui que craint le loup venu s’attaquer au foyer et au bétail, notamment aux moutons. Cette période de l’année est d’ailleurs jalonnée de nombreuses fêtes pastorales. Par tradition, loup et brebis ne sont pas amis. Voilà pourquoi en célébrant ces fêtes les gens tentent de rétablir un certain équilibre entre les deux bêtes, car cet équilibre est crucial pour le nouveau cycle de la vie pastorale qui vient de débuter. Bref, le calendrier populaire consacrent au loup plusieurs jours, vers la fin septembre et tout au long du mois d’octobre.
Les ethnologues ont remarqué une possible correspondance dans les calendriers populaire celtique et roumain du point de vue des fêtes marquant les différents cycles de l’activité pastorale. (Trad. : Mariana Tudose)