Les journées de l’ours
Terrifiant, imposant, puissant et habile à la fois, l’ours figure au centre d’une multitude de traditions et de fêtes roumaines. L’hiver est marqué par les « martini » d’hiver, qui se déroule début février. Sachez que dans le folklore roumain, l’ours est appelé ironiquement « Mos Martin » – « Tonton Martin ». Le monde pastoral suivait attentivement l’activité des ours et le cycle de leur vie. Le dernier mois de l’hiver marquait aussi la dernière étape de l’hibernation des ours.
Monica Chiorpec, 05.02.2022, 07:17
Terrifiant, imposant, puissant et habile à la fois, l’ours figure au centre d’une multitude de traditions et de fêtes roumaines. L’hiver est marqué par les « martini » d’hiver, qui se déroule début février. Sachez que dans le folklore roumain, l’ours est appelé ironiquement « Mos Martin » – « Tonton Martin ». Le monde pastoral suivait attentivement l’activité des ours et le cycle de leur vie. Le dernier mois de l’hiver marquait aussi la dernière étape de l’hibernation des ours.
Traditionnellement, les gens de la campagne roumaine évitaient de travailler au cours de certains jours, pour ne pas fâcher les ours et protéger ainsi les troupeaux de leurs attaques en été. Fin janvier-début février, soit la période la plus difficile de l’hiver, est maquée par cet animal emblématique pour l’espace roumain. Détails avec Sabina Ispas, directrice de l’Institut d’ethnographie et de folklore « Constantin Brăiloiu » de Bucarest : « Les communautés d’éleveurs d’animaux suivaient avec attention tout ce qui se passait dans la nature, là où ils passaient une grande partie de leur vie. Ils étaient particulièrement attentifs à ce que leurs troupeaux ne soient pas attaqués par les prédateurs – loups et ours. Et nous le savons tous, plusieurs journées du calendrier traditionnel roumain étaient consacrées aux bêtes sauvages. »
Dans les communautés archaïques, les hommes portaient avec eux une dent d’ours en guise de talisman et même des masques d’ours pour invoquer la puissance de cet animal féroce. Les paysans croyaient aussi que l’ours aidait les âmes des morts ŕ ne pas se tromper de chemin, qu’il avait le pouvoir d’écarter les mauvais esprits et les maladies graves. C’est pourquoi le samedi de l’ours, les paysans recevaient dans leurs foyers des jeunes masqués en ours pour être en bonne santé et prospérer.
Dans les légendes traditionnelles roumaines, l’ours est placé sous le signe de la lune et le rythme de son hibernation marquait le passage des saisons. Écoutons à nouveau Sabina Ispas : « L’existence de ces prédateurs dans nos forêts était marquée par le passage rythmique des saisons. Après de longues observations, après avoir appris jusqu’aux moindres détails la vie de l’ours, les habitants de la campagne roumaine cherchaient à respecter la personnalité de cette bête pour la tenir loin des bergeries et des troupeaux. Et c’est pourquoi lors de certains jours il était carrément interdit de faire toute sorte de travaux. »
Les Roumains ont même identifié toute une série de similitudes entre cet animal sauvage et les êtres humains. L’ours était respecté et transformé en une sorte de partenaire des habitants des régions montagneuses. Il ne manquait dans aucune célébration, depuis les fêtes d’hiver, telles Noël et la Nouvelle Année, et jusqu’aux anciennes fêtes pré-chrétiennes d’été. Les paysans lui dédiaient des jours de fête et essayaient de vivre en communion avec lui, sans pour autant troubler les cycles de la vie. La forêt pouvait nourrir et accueillir tant les humains que les animaux, et l’ours était une sorte de voisin costaud qui habitait une tanière au beau milieu de la forêt. Tout se passait bien s’il y restait.