Les esprits de l’hiver dans la tradition roumaine
Monica Chiorpec, 01.01.2023, 13:03
Par exemple, dans les légendes traditionnelles,
le loup est l’équivalent du loup-garou, une créature à la frontière entre la
vie et la mort, qui peut kidnapper le gens et voler le bétail, voire les tuer. Or,
la veille de la Saint André, on pense qu’il est possible de vaincre ces créatures.
Delia Suiogan, ethnologue à l’Université
du Nord de Baia Mare, explique: « L’ail peut fermer la bouche des loups, c’est
la croyance populaire. On a donc nous aussi ce symbole dans cette nuit magique
du 30 novembre. Un des rituels observés cette nuit-là est celui de garder
l’ail. Les gens se réunissaient chez une vieille femme qui connaissait les
normes de cette coutume. Chacune des jeunes filles du village y apportait trois
gousses d’ail. On passait la nuit en gardant cet ail mis à côté d’une poupée
appelé Indrei, qui était le symbole préchrétien Père Andrei et qui devait
mourir. C’était une sorte de veillée joyeuse d’un défunt, si vous voulez »
Dans la tradition roumaine, l’hiver
est une période où les esprits maléfiques agissent à leur gré. L’absence du soleil,
le ciel recouvert de nuages sombres, les nuits longues et froides – tout cela a
des correspondants dans l’imaginaire populaire roumain. Plus encore, la mythologie
portant sur les origines du loup, a donné naissance à plusieurs légendes où cet
animal est présenté comme une créature diabolique, spécialement envoyée sur la
Terre pour mettre en danger les vies des gens et des animaux domestiques.
Finalement, la divinité intervient pour protéger l’homme de l’attaque du loup.
Voilà pourquoi les gens respectaient les rituels prévus pour cette journée
censée tenir les loups à distance.
Delia Suiogan poursuit : « Les
gens respectaient un jeune très stricte, il ne mangeaient rient toute la journée,
histoire de se protéger eux-mêmes et le bétail cotre la plaie et pour s’assurer
que les volailles et les chevaux n’étaient pas attaqués. Ces mêmes jours on
faisait plein d’offrandes. Les femmes se rendaient dans les cimetières pour offrir
des aliments aux pauvres, notamment de grands bretzels, un symbole très présent
durant les fêtes roumaines, mais aussi du pain au sucre. Et pour cause :
on pensait que le loup aimait le sucre et on tentait ainsi de le rendre moins
agressif. En tant que personnage mythologique, la plaie aussi s’endormait en
mangeant du sucre et arrêtait ses actions maléfiques sur les gens ».
Avant de terminer, précisons que
dans les villages roumains d’antan, le loup-garou était considéré comme la représentation
suprême du mal, pouvant agir à cause d’un déséquilibre produit dans le respect
des lois non-écrites de la communauté. Enfin, on croyait que l’homme-loup, soit
le loup-garou, était aussi responsable pour les phases de la Lune et pour les éclipses.
(Trad. Valentina Beleavski)