Le mois de décembre dans la tradition roumaine
Le mois de décembre est, bien évidemment, la période la plus chargée de symboles de l’année. L’intervalle consacré aux fêtes hivernales de fin d’année débute le 6 décembre, avec la Saint Nicolas. C’est un premier moment quand le mois de décembre acquiert une dimension festive, par la coutume d’offrir des cadeaux aux enfants. Peu de gens savent que dans la tradition européenne, le Père Nicolas a plutôt un rôle de justicier, car ce saint vient rectifier les injustices survenues au cours de l’année.
Monica Chiorpec, 28.12.2017, 12:36
Le mois de décembre est, bien évidemment, la période la plus chargée de symboles de l’année. L’intervalle consacré aux fêtes hivernales de fin d’année débute le 6 décembre, avec la Saint Nicolas. C’est un premier moment quand le mois de décembre acquiert une dimension festive, par la coutume d’offrir des cadeaux aux enfants. Peu de gens savent que dans la tradition européenne, le Père Nicolas a plutôt un rôle de justicier, car ce saint vient rectifier les injustices survenues au cours de l’année.
Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare, explique : « Saint Nicolas, populairement appelé Sânnicoară, fait partie des anciennes traditions populaires roumaines liées au culte du Soleil. Il est le gardien du Sud du ciel et il veille, à cette époque, que le soleil ne tombe pas irréversiblement et qu’il se meure. Il surveille le soleil surtout pendant la nuit du 5 au 6 décembre et il le lance de nouveau sur le ciel, car à ce moment de l’année, la nuit devient très longue et le jour raccourcit de plus en plus. Le peuple roumain a trouvé une solution pour que l’ordre règne de nouveau sur toute chose. Par ailleurs, on dit que dès le 6 décembre, le jour commence à croître un peu, même avec une si courte durée que le jet d’une pierre dans la clôture de la cour, selon les dires des paysans. Nicolas, ce vieux père, a le rôle de défendre le temps. Il fait partie du groupe des déités préchrétiennes qui mettent tout dans l’ordre et qui ont un double dans la personne d’un saint chrétien. »
La fête de Noël, qui est une des plus importantes de la chrétienté, se superpose à un ancien culte solaire. Le solstice d’hiver était célébré, autrefois, par toutes les civilisations du monde.
La coutume de l’Ignat ou du sacrifice rituel du cochon avant la veille de Noël a une origine très ancienne, précise notre interlocutrice Delia Suiogan: « On assiste encore une fois à une superposition d’une fête préchrétienne sur une fête chrétienne. Il faut dire dès le début qu’il s’agit d’une fête très, très ancienne et que ce jour était célébré par beaucoup de peuples, et par les Grecs et par les Romains ou par les Slaves. Nous, les Roumains, on garde en ce jour beaucoup d’éléments qui nous sont parvenus des Daces et des Romains. Dans cette période, les Daces et les Romains fêtaient un dieu du feu, mais pas n’importe lequel, celui du feu domestique, terrestre, un dieu du feu sacrificiel. À l’occasion de ce jour, tous les deux peuples sacrifiaient un cochon. Pendant toute cette période, les Romains célébraient les Saturnales, les jours du dieu Saturne, du 17 au 30 décembre. Les jours du 19 et du 20 décembre, on sacrifiait une truie qui devait être obligatoirement blanche, car le dieu auquel elle était offerte était un dieu de l’espace solaire. Le dieu du Feu était aussi le dieu du Soleil. »
Considéré le mois des cadeaux et une occasion de partager le bonheur avec la famille et les amis, le mois de décembre constitue un moment essentiel dans le parcours changeant du temps. La naissance du Seigneur et les autres fêtes d’hiver sont célébrées par tous les chrétiens de tous les coins du monde, avec l’espoir dans un monde meilleur, au moins pour ces quelques jours festifs de fin d’année. (Trad. Nadine Vladescu)