Le jour de l’Ignat
Rituel préchrétien à l’origine, accepté ensuite par l’église et superposé aux derniers jours du Grand Carême, la fête de l’Ignat coïncide avec la fête chrétienne du Saint martyre Ignatie. Le long de ces jours qui précèdent la naissance de Dieu, les mères de famille préparent toute sorte de recettes à base de viande de porc, les plats étant ensuite bénites avant d’être posées sur la table de fête à Noël. On parle des fameuses sarmale, soit des rouleaux de feuilles de choux farcies, des saucisses, du boudin, de la tête en aspic, bref toute partie du cochon se retrouve dans un plat spécifique à cette période.
Monica Chiorpec, 20.12.2021, 13:37
Rituel préchrétien à l’origine, accepté ensuite par l’église et superposé aux derniers jours du Grand Carême, la fête de l’Ignat coïncide avec la fête chrétienne du Saint martyre Ignatie. Le long de ces jours qui précèdent la naissance de Dieu, les mères de famille préparent toute sorte de recettes à base de viande de porc, les plats étant ensuite bénites avant d’être posées sur la table de fête à Noël. On parle des fameuses sarmale, soit des rouleaux de feuilles de choux farcies, des saucisses, du boudin, de la tête en aspic, bref toute partie du cochon se retrouve dans un plat spécifique à cette période.
Les premiers morceaux à être préparés sont consommés le jour quant le cochon est tué et portagé en pièces prêtes à être transformées en toute sorte de spécialités. Bref, il s’agit de morceaux de viande, lard et même organes, cuits dans du saindoux et consommées avec de l’ail et de la polenta. A ne pas oublier non plus les légumes en saumure et le vin rouge de campagne. Comme c’est le cas partout dans le milieu rural en Roumanie à l’occasion des fêtes, ces premiers mets étaient offerts aux personnes les plus démunies.
Explication avec Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du nord de Baia Mare : « La fête de l’Ignat est connue surtout à l’extérieur de l’arc des Carpates. Il est également attesté en Transylvanie, dans de vieux volumes sur le folklore local, mais il fait désormais partie d’une mémoire collective. Pour les Roumains, la fête de l’Ignat est liée plutôt à la religion chrétienne et ne savent pas qu’elle est une fête très ancienne d’ailleurs. A l’extérieur de l’arc des Carpates elle est soigneusement respectée et s’appelle l’Ignat des Cochons. Normalement c’est le 20 décembre que cet animal est tué et conformément aux croyances il est très important de faire une distinction entre les différentes races : cochons noirs ou blancs. Dans le cas du cochon noir, le sang et le saindoux était utilisé pour toute sorte de cures contre les maladies. Mélangé à la farine d’avoine, le sang du porc noir était utilisé comme soin par toutes les personnes malades de la maison. »
Comme tous les rituels déroulés autour des grandes fêtes de l’année, ceux déroulés à l’occasion de l’Ignat réunissaient toutes les familles et les communautés d’autrefois. Détails avec Delia Suiogan : « Le cochon devrait être tué le petit matin, dans le cadre d’un rituel auquel participait toute la famille. Le sang du cochon était versé dans un pot neuf en terre cuite était ensuite enterré dans le jardin de la maison. Dans d’autres régions, le sang était bouilli et utilisé dans la préparation du boudin noir, une spécialité présente souvent sur la table familiale à Noël surtout en Transylvanie. A ne pas omettre aussi le rituel de la découpe du lard du cochon. L’aspect du lard en disait loin de l’année qui allait commencer, tant pour ce qui est des membres de la famille que des prédictions météorologiques. L’épaisseur et la couleur du gras recevaient certaines interprétations spéciales »
Le sang est un symbole de la vie et de la purification, tout comme la lumière et la chaleur, éléments solaires qui accompagneront l’homme tout le long de l’année qui suivait. Dans de nombreuses communautés traditionnelles de Roumanie, les rituels de ce jour se sont perpétués à travers plusieurs générations, malgré les tentatives de la société moderne de mettre fin à ce genre de pratiques. De nos jours, cette activité a été plutôt adaptée aux réalités de la société moderne, étant largement répandue dans l’espace rural de Roumanie.