La poterie traditionnelle
Le village de Luncaviţa est situé dans le sud-est du pays sur la rive droite du Danube, à l’aval de la ville de Galaţi, à 4 km seulement de la dépression où les experts ont découvert le site attribué à la culture Gumelniţa, datant du 5e millénaire avant Jésus-Christ. La poterie est un des plus importants métiers traditionnels pratiqués jadis à Luncaviţa.
România Internațional, 27.08.2015, 14:11
Le village de Luncaviţa est situé dans le sud-est du pays sur la rive droite du Danube, à l’aval de la ville de Galaţi, à 4 km seulement de la dépression où les experts ont découvert le site attribué à la culture Gumelniţa, datant du 5e millénaire avant Jésus-Christ. La poterie est un des plus importants métiers traditionnels pratiqués jadis à Luncaviţa.
Marcel Mocanu, potier de Braniştea, toujours dans le comté de Galaţi, tâche de raviver à Luncaviţa la tradition de la poterie, connue, il y a plusieurs siècles, dans la vallée du fleuve : « J’ai appris à travailler la terre glaise de mes parents, quand j’avais environ 7 ans. Il y a une vingtaine d’années, je me suis bâti une maison à la campagne, avec un atelier et depuis je m’occupe uniquement de la poterie. J’ai une pièce où je travaille et une autre pour le séchage. J’utilise les deux roues traditionnelles, que je tourne avec le pied. La plus grande sert au modelage, la petite à la décoration de la céramique. Les objets que je travaille, c’est ma femme qui se charge de les décorer de motifs traditionnels. Ce sont des objets que l’on utilise notamment en cuisine : tasses, mugs, pots pour le lait et pour cuire le plat traditionnel des Roumains – les « sarmale ».
Marcel Mocanu est un des seuls potiers qui respecte entièrement les procédés traditionnels. Il se procure, lui-même, la matière première et c’est toujours lui qui, aidé par les membres de sa famille, pétrit, travaille, fait cuire et décore les récipients en céramique qui sont tous des pièces uniques.
Marcel Mocanu: « J’apporte la glaise du marais, c’est une terre collante. Je l’arrose à la maison, je le laisse macérer 3-4 jours. Ensuite nous le pétrissons avec les pieds. Puis, on la met sur le banc de travail et on la pétrit de nouveau, cette fois-ci à la main, de la même façon dont on pétrit la pâte pour faire du pain. Quand on a fini, on en fait des boules, plus ou moins grandes, en fonction de la dimension de pots qui vont en résulter. Pour un pot où l’on va cuire les « sarmale », il faut de grandes boules de glaise et on doit avoir beaucoup de force pour les modeler. Ça prend également plus de temps. Mes pots, je les cuis deux fois à mille degré. Notre terre est grise, presque noire. Exposée à une température si élevée, elle devient rouge. Avant la deuxième cuisson, les pots sont couverts d’un émail écologique d’importation, qui ne contient plus de plomb, comme celui utilisé jadis. A de telles températures, cet émail liquide prend l’aspect d’une couche de verre lisse et transparente, qui protège la décoration et empêche les aliments liquides de pénétrer dans la céramique pour la tacher. »
La céramique travaillée dans la vallée du Danube est très recherchée par les passionnés d’art traditionnel. Sa chromatique discrète, aux couleurs vives, et les formes sveltes des pots attirent tout de suite l’attention des visiteurs dans les musées ethnographiques où ces objets sont exposés.
Marcel Mocanu : « Nous n’employons pas beaucoup de motifs décoratifs sur nos pots. Nous nous limitons à ceux traditionnels : les vagues du Danube, des fleurs des champs, la pivoine, la spirale de la vie, l’arbre de la vie. Nous utilisons le blanc, le noir, le rouge. Où que j’aille dans le pays, aux expositions et foires ouvertes par les différents musées ethnographiques, les gens reconnaissent mes objets de Braniştea. A Luncaviţa, à ma grande joie, parmi les 30 personnes qui ont participé à mes cours de poterie, 4 ont commencé à travailler. Dans tout le sud de la Moldavie, entre les villes de Iaşi et Galaţi, il n’y a pas d’autre centre de céramique. Jusqu’à Horezu, je suis le seul à travailler la céramique dans un atelier. »
Marcel Mocanu souhaite que l’art de la poterie traditionnelle soit continué par les jeunes. Il pense que le projet de Luncaviţa peut donner aux villages de la vallée du Danube une nouvelle génération de potiers, de sorte que ce métier puisse y survivre. (Trad. : Dominique)