La Pentecôte et ses significations plurielles
Il s’agit de l’arrivée sur Terre du Saint-Esprit, célébrée 10 jours après l’Ascension et 50 jours après Pâques, étant considéré comme l’origine de la propagation du christianisme dans le monde.
Monica Chiorpec, 20.06.2021, 13:35
Il s’agit de l’arrivée sur Terre du Saint-Esprit, célébrée 10 jours après l’Ascension et 50 jours après Pâques, étant considéré comme l’origine de la propagation du christianisme dans le monde.
Toutefois, cette fête a aussi un côté moins religieux et plus populaire, dont nous parle l’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu :
« La Pentecôte a de multiples significations dans le calendrier traditionnel roumain, tout comme dans le calendrier chrétien. Les avis des spécialistes sont partagés en ce qui concerne le nom de cette fête en roumain : Rusaliile. Certains ethnologues pensent que ce nom vient du mot latin « rosalia », une fête romaine préchrétienne, alors que d’autres estiment que son origine est dans le mot « rusalka », qui désigne une fée de la nature dans la tradition slave. Hormis la signification religieuse de ce moment, c’est-à-dire la descente du Saint Esprit, il s’agit aussi de commémorer les morts. Cette commémoration se fait le samedi d’avant la Pentecôte, et c’est une autre fête : Moşii de vară. A Bucarest, par exemple, la foire organisée ce samedi-là était jadis l’événement public le plus important. »
Un rituel très spécial accompagne ces fêtes d’été : la danse appelée « căluşul » exécutée par un groupe d’hommes appelés « căluşari ». Leurs mouvements spectaculaires rendent cette danse si spéciale qu’elle a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit en fait d’une ronde des hommes qui dansent et font des sauts verticaux et horizontaux. Leur mouvement est une sorte de magie capable de guérir les maladies. Leur force vient justement du fait d’appartenir à ce groupe. L’ethnologue Florin-Ionuţ Filip Neacşu explique :
« Le rituel du « căluş » est pratiqué dans les contrées d’Olténie et de Munténie (sud). Après la messe consacrée aux défunts, les danseurs prêtent le serment des « Căluşari » et commencent à danser. En fait, ce rituel de commémoration des morts a été gardé très rigoureusement dans plusieurs régions : en Moldavie (est), en Munténie (sud) et en Dobroudja (sud-est). A part la danse, la famille partage avec les autres, à la mémoire des morts, certains objets, notamment des tasses, des bols, des assiettes et des couverts. Par ailleurs, les Rusalii sont des divinités préchrétiennes. Ce sont des fées plutôt maléfiques qui punissent les gens qui travaillent le jour de leur fête. Les « Căluşari » sont donc appelés pour guérir les personnes qui tombent malades à cause de ces fées. Enfin, pour les habitants de la région de Moldavie, c’est le moment où les familles se réunissent ».
Dans l’imaginaire populaire roumain, les Rusalii sont en fait de jeunes femmes. Elles flottent dans l’air, chantent et jouent dans le ciel et détiennent tout le contrôle de ce jour de fête.
(Trad. Valentina Beleavski)