La fête de l’Ispas
Selon certaines recherches ethnographiques, l’Ispas est une fête aux origines anciennes. Dans l’imaginaire collectif traditionnel, l’Ispas est une personne paisible et honnête, qui a eu la chance de participer, aux côtés des Apôtres, à l’Ascension de Jésus Christ 40 jours après sa Résurrection. Explication avec l’ethnologue Florin-Ionuț Filip Neacșu. « Dans la culture populaire roumaine, cette fête s’est probablement superposée à une ancienne célébration préchrétienne consacrée à des rituels agraires et de protection des animaux. Avant la journée de l’Ispas, les travaux agricoles du printemps s’achèvent, et c’est surtout le moment de semer le maïs. Mais à l’occasion de l’Ispas, aucune activité ne se déroule dans les champs ou à la maison puisque les villageois pensent que travailler durant cette journée est un pêché. Le nom d’Ispas vient du grec, mais il paraît que celui-ci c’est superposé à un ancien nom préchrétien. Ispas serait un personnage qui protégeait les maisons et les biens des villageois. A la veille du jour d’Ispas, de nombreuses plantes médicinales qui assurent la protection de la maison et des animaux sont cueillis. Parmi ces plantes figurent les feuilles d’érable sycomore, de noyer ou de livèche que l’on utilise ensuite pour toucher le corps des bêtes, afin de les protéger du mal ».
Monica Chiorpec, 10.06.2022, 15:17
Selon certaines recherches ethnographiques, l’Ispas est une fête aux origines anciennes. Dans l’imaginaire collectif traditionnel, l’Ispas est une personne paisible et honnête, qui a eu la chance de participer, aux côtés des Apôtres, à l’Ascension de Jésus Christ 40 jours après sa Résurrection. Explication avec l’ethnologue Florin-Ionuț Filip Neacșu. « Dans la culture populaire roumaine, cette fête s’est probablement superposée à une ancienne célébration préchrétienne consacrée à des rituels agraires et de protection des animaux. Avant la journée de l’Ispas, les travaux agricoles du printemps s’achèvent, et c’est surtout le moment de semer le maïs. Mais à l’occasion de l’Ispas, aucune activité ne se déroule dans les champs ou à la maison puisque les villageois pensent que travailler durant cette journée est un pêché. Le nom d’Ispas vient du grec, mais il paraît que celui-ci c’est superposé à un ancien nom préchrétien. Ispas serait un personnage qui protégeait les maisons et les biens des villageois. A la veille du jour d’Ispas, de nombreuses plantes médicinales qui assurent la protection de la maison et des animaux sont cueillis. Parmi ces plantes figurent les feuilles d’érable sycomore, de noyer ou de livèche que l’on utilise ensuite pour toucher le corps des bêtes, afin de les protéger du mal ».
Conformément aux croyances ancestrales, les gens évitaient tout motif de querelle à l’occasion de l’Ispas, afin de se souvenir de ce personnage positif. A l’occasion de l’Ispas, les hommes des communautés traditionnelles se confectionnaient une sorte de ceinture de rameaux de noyer afin d’être en bonne santé et protégés des dangers tout au long de l’année. Qui plus est, on croyait que ceux qui mouraient le jour de l’Ispas allaient directement au Paradis, et ceux qui ne trouvaient pas leur chemin allaient errer dans le monde. Florin-Ionuț Filip Neacșu revient au micro de RRI. « On dit que les âmes en errance qui ne s’élèvent pas aux cieux se transforment durant la période de l’Ispas en Joimari et Joimaritzé, de mauvais esprits qui attaquent les animaux et même les hommes. C’est pourquoi les portes des maisons et bâtiments annexes étaient décorées de feuilles de noyer. Et les gens portaient également des feuilles de noyer, puisque la tradition voulait que Jésus porte des feuilles de noyer lorsqu’il s’est élevé au ciel. Le jour de l’Ispas, on évitait de sortir du sel et autres produits alimentaires de la maison, parce que cela pouvait réduire la production de lait des vaches. Qui plus est, le jour de l’Ispas coïncide avec une autre fête ancestrale, la Pâques des chevaux. C’est l’unique jour durant lequel les chevaux ne veulent plus paître. On raconte que la Vierge a décidé de rendre ces animaux perpétuellement affamés, sauf pour l’Ascension, puisqu’ils avaient henni à l’occasion de la naissance du Christ. »
Les origines de la Pâques des chevaux remontent à la période médiévale, lorsque les communautés multiethniques de la région de la Transylvanie fêtaient la Résurrection à des dates différentes. Lorsque les communautés hongroises célébraient la Résurrection, les Roumains leur empruntaient leurs chevaux pour labourer la terre et vice-versa. Tous les quatre ou sept ans, la date de la Résurrection chez les Hongrois coïncidait avec celle des Roumains, et par conséquent les animaux pouvaient se reposer. C’est cette histoire qui est à l’origine de l’expression roumaine « la Pastele cailor », littéralement « à la Pâque des chevaux », qui contrairement à l’expression « quand les poules auront des dents », ne signifie pas « jamais », mais implique qu’un évènement pourrait se produire si certaines conditions sont réunies.(Trad : Alex Diaconescu)