La fête de Dragobete
Après le 11 février, date de la fête religieuse de Saint Vlasie et qui marque aussi la fin de l’hiver, le calendrier traditionnel des Roumains ouvre la série de célébrations du printemps avec une fête redécouverte par les jeunes de Roumanie, sous l’influence de la mondialement connue fête de la Saint Valentin, célébrée le 14 février. La Dragobete, fête de l’amour chez les Roumains mais aussi dans l’ensemble de l’espace balkanique, est marquée le 24 février et place au premier plan des rituels de fertilité. Être mythologique identifié au dieu de l’amour, Cupidon chez les Romains ou Eros chez les Grec antiques, Dragobete était le protecteur des jeunes couples d’humains, mais aussi d’animaux. Et c’était toujours lui qui facilitait la reproduction des espèces au début de la belle saison. Dans les campagnes roumaines, l’on considérait que le 24 février était le jour de fiançailles des volatiles. Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de la ville de Baia Mare, explique.
Monica Chiorpec, 20.02.2021, 16:06
Après le 11 février, date de la fête religieuse de Saint Vlasie et qui marque aussi la fin de l’hiver, le calendrier traditionnel des Roumains ouvre la série de célébrations du printemps avec une fête redécouverte par les jeunes de Roumanie, sous l’influence de la mondialement connue fête de la Saint Valentin, célébrée le 14 février. La Dragobete, fête de l’amour chez les Roumains mais aussi dans l’ensemble de l’espace balkanique, est marquée le 24 février et place au premier plan des rituels de fertilité. Être mythologique identifié au dieu de l’amour, Cupidon chez les Romains ou Eros chez les Grec antiques, Dragobete était le protecteur des jeunes couples d’humains, mais aussi d’animaux. Et c’était toujours lui qui facilitait la reproduction des espèces au début de la belle saison. Dans les campagnes roumaines, l’on considérait que le 24 février était le jour de fiançailles des volatiles. Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de la ville de Baia Mare, explique.
« C’est une fête très ancienne et très intéressante. Elle a malheureusement été oubliée, surtout depuis que nous avons essayé d’adopter une autre fête, celle de la Saint Valentin, importée de l’étranger. La fête de Dragobete est fondée sur d’anciens rituels de printemps, car les gens croyaient que cette saison commençait juste après le 15 février. Cette fête est donc liée à la fertilité et au renouveau de la nature et de l’être humain. Et puisque ce renouveau doit être placé sous le signe de l’amour, une fête telle la Dragobete contient aussi tous ces éléments. »
Le jour de Dragobete, il y avait cette tradition qui voulait que les jeunes se nettoient le visage avec de la neige, pour rester belles et en bonne santé toute l’année. Bien que spéciales de par leur ancienneté et leurs significations, ces traditions ont disparu avec le temps et des spécialistes du folklore tentent aujourd’hui de les faire revivre. La Dragobete porte aussi d’autres noms chez les habitants de la province historique de Maramureş, (au nord du pays), explique Delia Suiogan.
« Au Maramureş, cette fête est plutôt connue sous le nom de Pointe du Printemps (Cap de Primăvară) ou de Dragomir, qui est un personnage ressemblant fortement à Dragobete, la double nature zoomorphe et anthropomorphe en moins. À l’extérieur des Carpates, Dragobete est un personnage mythique qui a une tête humaine et des pattes de bélier. C’est une représentation très ancienne, d’origine trace. »
Ce type de représentation existe aussi dans d’autres mythologies du monde, étant associée, dans l’espace occidental, à Pan, dieu de la fertilité. Fête de l’harmonie et de la bonne humeur, Dragobete est tout de même gérée par des règles claires, que tous ceux qui souhaitent avoir une année calme doivent respecter à la lettre. Le jour de Dragobete, les paysans ne tuent pas des animaux, ne font pas de la couture et cherchent à ne pas se brouiller avec qui que ce soit. Pourtant, aujourd’hui, la signification de la fête de Dragobete est inconnue d’un nombre croissant de jeunes, tandis que la version empruntée à l’Occident et présente surtout dans le milieu urbain qu’est le Jour des amoureux ou la Saint Valentin, est souvent réduite à une dimension strictement commerciale.
(Trad. : Ileana Ţăroi)