Icônes sur verre
La peinture d’icônes sur verre est une tradition ancienne, une technique apparue en Transylvanie (région du centre de la Roumanie) suite à son annexion à l’Empire des Habsbourg, à la fin du 17e sicle.
Monica Chiorpec, 03.07.2015, 14:11
La peinture d’icônes sur verre est une tradition ancienne, une technique apparue en Transylvanie (région du centre de la Roumanie) suite à son annexion à l’Empire des Habsbourg, à la fin du 17e sicle.
Pour davantage de détails, nous nous sommes adressés à Oana Musceleanu, du centre de peinture de Nicula, dans le nord de la Roumanie. Elle nous parle des débuts de cet art : « L’icône sur verre est apparue au monastère de Nicula, où il y avait une icône sur bois qui, dit-on, avait commencé à pleurer un jour. Cela y a attiré de nombreux pèlerins. Les paysans du village ont voulu copier l’icône pour la vendre aux pèlerins. Ils ont fait les copies sur verre, pour des raisons économiques, car les icônes sur bois auraient coûté plus cher. Ces paysans ont mis leur talent à l’épreuve dans les centres de peinture de Nicula, où tout a commencé. Par la suite, ils ont migré dans d’autres villes transylvaines, Alba-Iulia, Fagaras, Brasov, pour y vendre leurs icônes. Au début, les icônes étaient peintes par des femmes et vendues par leurs époux. Parmi les peintres les plus connus mentionnons Savu Moga, Matei Ţimforea, Ioan Pop ou encore Ioan Costea, mais en général les peintres sont anonymes. »
Initialement, les matériaux utilisés pour confectionner des icônes sur verre provenaient de petits centres et des ateliers appartenant aux différentes guildes de maîtres artisans. Les techniques rudimentaires ont été gardées jusqu’à nos jours, les icônes roumaines sur verre étant réalisées à présent tout comme aux siècles passés.
Oana Musceleanu nous en parle : «Les matériaux utilisés étaient des morceaux de vitre brûlés dans des fours traditionnels. En raison de la température instable, en résultaient de très belles superficies vallonnées qui, à la lumière des bougies, produisaient des effets inédits : on avait l’impression que les saints de ces icônes bougeaient. Les peintres utilisaient des couleurs naturelles, qu’ils produisaient eux-mêmes ou qu’ils achetaient chez des marchands spécialisés. Ils mélangeaient les pigments naturels avec de l’émulsion de jaune d’œuf. Les pinceaux étaient en poils naturels, alors que pour les contours ils utilisaient des poils du bout de la queue du chat. Pour les auréoles et autres décorations on utilisait les feuilles d’or, alors que les cadres étaient confectionnés en bois et peints en noir, brun ou même vert.»
Selon la technique utilisée, les icônes sur verre sont peintes plutôt « sous » le verre, car toutes les images sont réalisées en miroir, de sorte qu’au moment où l’on tourne le verre transparent, l’image soit correcte. Pour celui qui regarde l’icône, le verre est une sorte d’écran qui protège la partie sur laquelle se trouve la peinture.
Oana Musceleanu précise: « La technique des icônes sur verre utilisée au 21e siècle est fidèle à celle d’antan. On commence par nettoyer le verre industriel, puisque le type de verre fabriqué dans les centres moyenâgeux n’existe plus. On fait ensuite le contour à l’encre noire en suivant des règles bien précises. Puis on commence à peindre à l’aide des pigments mélangés avec de l’émulsion de jaune d’œuf, pour appliquer enfin les feuilles d’or. Dernière étape : mettre le verre peint dans un cadre sur lequel on a mis de la teinture et de la cire d’abeilles.»
Une des plus belles collections d’icônes sur verre de Roumanie est à retrouver au musée de Sibiel, en Transylvanie. Situé au cœur même du pays, ce village est connu pour ses icônes réalisées dans le style du monastère de Nicula, celui de la région de Fagaras ou de Marginimea Sibiului. (Trad. Valentina Beleavski)