Dragobete – un Cupidon à la roumaine
...celui qui donne son nom à la fête roumaine des amoureux, célébrée le 24 février
Valentina Beleavski, 16.02.2024, 14:20
Selon les légendes
locales de Roumanie, Dragobete est le fils de Baba Dochia, un homme fier, beau
et très charmant, comparé par les ethnologues à Eros de la mythologie grecque
ou à Cupidon de la mythologie romaine. Les préparatifs pour cette fête de la
jeunesse et de l’amour commencent la veille du 24 février, lorsque les filles
ramassent la neige de ce que l’on appelle symboliquement « la neige des
fées », considérée comme la plus pure. Une fois cette dernière neige fondue,
l’eau obtenue doit être très bien conservée pendant longtemps, car elle peut
embellir celle qui l’utilise, selon la mentalité collective.
La fête de Dragobete a ses origines dans les cycles de la nature, notamment dans le monde des oiseaux. Ce n’est pas un hasard, car l’oiseau était considéré comme l’une des divinités de la nature et de l’amour les plus anciennes. C’est précisément pourquoi, les Roumains appellent aussi la fête de Dragobete « Le fiancé des oiseaux », disant qu’à ce moment-là les oiseaux forment une famille et construisent un nid, une habitude qui a été reprise par les êtres humains aussi.
La célébration commence à l’aube : les garçons et filles s’habillent en costumes traditionnels et se rendent dans les lieux où les premières fleurs du printemps ont déjà fait leur apparition : les perce-neiges, les scilles à deux feuilles, les crocus, les violettes et les corydales. Lorsque les garçons ramassent du bois de chauffage, les filles cueillent les fleurs mentionnées qu’elles utilisent ensuite pour divers rituels liés à l’amour ou à l’avenir. C’est le moment où la nature se réveille, après un long hiver, un moment où les gens, en particulier les jeunes, entrent en résonance avec l’environnement. Autour du feu allumé sur les collines entourant les villages, les garçons et les filles se rencontrent pour bavarder. Vers midi, les filles commencent à courir vers le village, la coutume étant connue dans le sud de la Roumanie sous le nom de « zburătorit », un mot qui renvoie à l’idée de « vol d’oiseau ». Chaque garçon commence à suivre la fille dont il est tombé amoureux, pour finir par la rattraper et l’embrasser longuement, devant tout le monde. Le baiser marque les fiançailles ludiques des deux pendant au moins un an, ce jeu d’engagement symbolique se transformant souvent en véritables fiançailles.
Ce personnage appelé Dragobete n’est pas
seulement un héros des jeunes, mais aussi des adultes. Et pour cause. On dit
qu’il suffit aux femmes de toucher un étranger du village pour être aimées tout
au long de l’année. Les jeunes épouses donnent de la bonne nourriture à tous
les animaux de la ferme, mais surtout aux oiseaux, et aucun animal ne sera
sacrifié ce jour-là. Dans la tradition roumaine, cette célébration de l’amour
est considérée comme de bon augure. Et puis, si la tradition du Dragobete n’est
pas respectée, on pense que les jeunes ne pourront plus tomber amoureux au
cours de l’année à venir.