Décembre, le mois où temps change
Surnommé dans le monde moderne « le mois des cadeaux »,
décembre a des significations bien profondes dans la tradition populaire
roumaine. C’est le temps des changements à l’approche de la fin d’une année,
animée par l’espoir d’un nouveau début pour l’année qui suit. Son point central
: Noël – la fête de la naissance de Jésus Christ. Des rites importants ont lieu
dans la tradition roumaine en cette période de fête. Les préparatifs démarrent
vers la fin du carême et ils sont présents non seulement dans l’espace roumain,
mais aussi dans l’ensemble de l’espace des Balkans.
Monica Chiorpec, 14.12.2022, 12:50
Surnommé dans le monde moderne « le mois des cadeaux »,
décembre a des significations bien profondes dans la tradition populaire
roumaine. C’est le temps des changements à l’approche de la fin d’une année,
animée par l’espoir d’un nouveau début pour l’année qui suit. Son point central
: Noël – la fête de la naissance de Jésus Christ. Des rites importants ont lieu
dans la tradition roumaine en cette période de fête. Les préparatifs démarrent
vers la fin du carême et ils sont présents non seulement dans l’espace roumain,
mais aussi dans l’ensemble de l’espace des Balkans.
C’est par la Saint Nicolas, du 6 décembre, que démarre
la série des fêtes de fin d’année. Le Saint Nicolas est un personnage important
aussi en Europe Occidentale, mais il a des symboles spécifiques dans la tradition
roumaine, explique Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia
Mare : « Sânicoara (comme on appelle souvent le Saint Nicolas dans l’espace
roumain) fait partie des traditions populaires roumaines anciennes associées au
culte solaire. Il est le gardien du ciel et veille à ce que le Soleil ne tombe
pas du ciel et ne meure pas. C’est surtout dans la nuit du 5 au 6 décembre qu’il
surveille le plus attentivement le Soleil et le lance de nouveau dans le ciel,
parce que c’est la période de l’année où la nuit est très longue et les jours
sont de plus en plus courts. Face à cet état de choses, le peuple roumain semble
avoir trouvé une solution pour remettre tout en ordre. D’ailleurs, on dit que c’est
à compter du 6 décembre que les jours commencent peu à peu à devenir plus
longs. Le Père Nicolas a donc le rôle de défendre le temps. C’est une des divinités
préchrétiennes qui remettent les choses en ordre, doublés dans la religion par
un Saint chrétien. »
Puis,
fin décembre, Noël est sans doute un des moments fondamentaux du monde
chrétien. La naissance de Jésus-Christ est célébrée juste après le solstice d’hiver
étant donc superposée à un autre culte solaire.
L’ethnologue
Delia Suiogan nous en parle : « Il faut dire dès le début que c’est
une fête très, très ancienne. Cette journée était marquée par de nombreux
peuples, comme par exemple les Grecs, les Romains et les Slaves. Nous, les
Roumains, nous avons gardé de nombreux éléments de cette fête, hérités
notamment des Daces et des Romains. C’est durant cette même période de l’année,
que les Daces et les Romains célébraient un dieu du feu. Ce n’était pas un dieu
quelconque, c’était justement un dieu du feu du foyer familial, du feu de
sacrifice. D’où le rituel de sacrifier un cochon en ce jour de fête. Puis du 17
au 30 décembre, les Roumains célébraient les journées de Saturne et avaient l’habitude
de sacrifier une truie blanche le 19 ou 20 décembre, justement parce que le
dieu auquel elle était destinée était une divinité solaire. Donc pour eux, le
Dieu du feu était aussi le Dieu du Soleil. »
Dans
la mentalité populaire, les fêtes marquant des moments de passage d’un temps à un
autre sont censées rétablir l’équilibre du monde traditionnel et, le plus important,
elles devaient déterminer les gens à retrouver cet état de manière consciente.
C’est pourquoi, au-delà de la dimension commerciale qui lui a été attribuée par
la société moderne, le mois de décembre est dans la mentalité traditionnelle le
moment où le temps se transforme. (Trad. Valentina Beleavski)