Siddhartha Bhattacharjee (Inde) – Transactions bancaires numériques
Notre auditeur nous demande quelle est la popularité du système de transactions bancaires numériques en Roumanie. Eléments de réponse dans ce qui suit.
România Internațional, 13.08.2021, 14:58
Même si quand vous allez dans les magasins, quels qu’ils soient, dans les pharmacies, chez le médecin etc. vous avez l’impression que tout se paie par carte en Roumanie, détrompez-vous. C’est le paiement en espèces qui l’emporte, et de loin : 78 % des transactions ont encore lieu en liquide. Il est vrai, quand vous allez au marché, les commerçants n’acceptent que de l’argent comptant.
Une étude réalisée par une organisation britannique a analysé les méthodes de paiement de chaque pays, et en a conclu que la Roumanie est en tête de peloton de dix pays considérés comme étant dépendants du paiement en espèces. Ladite étude s’est penchée sur ce type de paiements et sur le nombre de distributeurs de billets. Au Royaume-Uni, c’est le phénomène inverse qui gagne du terrain, et les auteurs de l’étude avancent même que l’argent liquide pourrait disparaître complètement jusqu’en 2026.
A regarder de plus près, 42 % des citoyens roumains n’ont pas de compte en banque. Dans ce pays, il existe environ 65 distributeurs de billets pour 100 000 habitants. L’Egypte, le Kazakhstan, la Bulgarie et l’Ukraine complètent la liste des cinq premiers pays où c’est le paiement en argent liquide qui domine. Ces deux derniers pays disposent de 94, respectivement 96 distributeurs de billets pour 100 000 habitants, mais c’est le Pérou qui détient la suprématie, avec 127 pour le même nombre d’habitants. A l’opposé, en Norvège, 97 % des paiements sont numériques, il existe 31 distributeurs de billets pour 100 000 habitants et toutes les personnes ont un compte en banque.
Toutefois, il existe un domaine où la Roumanie se classe dans le peloton de tête dans le domaine des paiements numériques : le paiement par carte du billet de transports publics, mis en place dans 16 villes roumaines à compter de 2018. Ces villes représentent à peu près un tiers de la population de la Roumanie, soit environ 6 millions d’habitants. En effet, quiconque possède une carte Mastercard ou Visa peut s’en servir pour payer son voyage en approchant tout simplement sa carte, son téléphone, sa montre ou tout autre dispositif prévu de la technologie nécessaire des validateurs présents dans les moyens de transport. Bien entendu, tout est sécurisé et il n’y a pas de commission à payer. Et la tendance de l’utilisation de cette forme de paiement est ascendante. Les Roumains comprennent les avantages des paiements électroniques et adoptent volontiers ce système très facile à employer. Il ne faut pas croire que ce système s’adresse uniquement aux Roumains, non. Tous les titulaires de carte Visa ou Mastercard du monde peuvent payer ainsi leur voyage dans les transports en commun desdites villes. Plus de soucis pour trouver des billets papier ni de faire la file pour les avoir. D’ailleurs, selon Visa, la Roumanie occupait en décembre denier la 3e place en Europe, après la Grande Bretagne et la Pologne, pour les paiements numériques des voyages en transports publics. L’Italie et la France la suivaient, mais à très grande distance.
Conformément au rapport sur l’Indice relatif à l’économie et à la société numériques 2020, publié par la Commission européenne en juin 2020, la Roumanie a un potentiel immense pour la numérisation. Ledit rapport évalue les performances numériques et suit l’évolution des Etats de l’UE en matière de compétitivité numérique. Pour l’un des indicateurs importants pour la transformation numérique, les réseaux à très grande capacité et la technologie 5G, la Roumanie est très avancée. Toutefois, selon le rapport, nous manquons de compétences numériques ; par ailleurs, les performances en matière de digitalisation des entreprises et des services publics sont faibles.
La numérisation de la Roumanie doit commencer par l’information et l’éducation. Le pays se propose de mettre en place la facture électronique pour les marchés publics. La Roumanie dispose des ressources pour se situer à l’avant-garde de la transformation numérique ; pourtant, la mise en œuvre est lente et il n’y a pas de stratégie claire à ce propos. Selon une autre analyse réalisée par Pricewaterhouse Coopers, le volume des transactions numériques doublera au niveau mondial jusqu’en 2025, par rapport à 2020, et triplera jusqu’en 2030.