Régis Lallau (Fr) et Michel Beine (Be) – Les habitudes alimentaires des Roumains
20% des Roumains sont en surpoids et le nombre d'enfants obèses recensés en 2014 est de 18% plus grand qu'il y a 10 ans.
Ioana Stăncescu, 05.06.2015, 14:30
A l’occasion de l’édition 2014 de la Journée
Internationale de l’Alimentation marquée, chaque année, le 16 octobre, les
médecins roumains ont déclaré que « la Roumanie enregistre le taux de
mortalité le plus élevé dû aux cancers diagnostiqués tardivement. Le plus
souvent, ces cancers sont provoqués par des habitudes malsaines telles une
consommation excessive de sucre et de graisses. En plus, les Roumains ne
boivent pas suffisamment d’eau, mais par contre, ils fument et se stressent
beaucoup ce qui entraînent des déséquilibres hormonaux. Il serait très
important que les Roumains acceptent de manger des fruits au lieu de grignoter
du chocolat, déclare la nutritionniste Lygia Alexandrescu qui invoque des
statistiques alarmantes : un Roumain consomme en moyenne 30 kilos de sucre
par an, le double de la moyenne européenne. Du coup, on ne saurait nous
déclarer surpris par le nombre croissant des cas de diabète diagnostiqués ces
dix dernières années chez les enfants roumains, a ajouté Lygia
Alexandrescu.
A l’heure où l’on parle, plusieurs écoles de Roumanie
déroulent des cours d’Education sanitaire à destination des élèves du cycle
primaire afin de leurs apprendre les bonnes habitudes alimentaires. Aux dires
du représentant de la Fédération des Syndicats de l’Education, il existe un
projet de loi pour que ces cours deviennent obligatoires, mais pour l’instant
ce n’est qu’un projet. Entre temps, les généticiens critiquent sévèrement ce
qu’ils appellent la vieille anthropologie selon laquelle l’obésité relève des
prédispositions génétiques.
En fait, cette nouvelle approche tient de ce qu’on
appelle la nutrigénéthique, une discipline naissante mais prometteuse qui
pourrait bien un jour amener à reconsidérer les recommandations alimentaires
pour les adapter au mieux aux besoins de chacun de nous. Concrètement, disent
les spécialistes, l’alimentation optimale n’est pas la même pour tout le monde.
Le régime alimentaire qui convient à notre voisin n’est pas forcément adapté à
notre organisme. Parce que nous n’avons pas tous le même profil génétique, nous
n’avons pas tous le même métabolisme ni les mêmes besoins alimentaires. Tel est
le principe de la nutrigénéthique. Du coup, cette science nous permet de
prévenir avant de guérir.
A l’heure où l’on parle, plus d’un milliard de personnes
sont en surpoids dans le monde entier, de 200 millions de plus par rapport à
celles souffrant de malnutrition, peut-on lire dans un rapport de l’OMS. Au
moins 300 millions sont obèses. Sur leur ensemble, seulement 5% vivent dans des
pays tels la Chine, le Japon ou encore sur le continent africain. Par contre,
dans les Samoa américaines, 75% de la population est en surpoids, tandis que
30% des adultes américains, soit 60 millions de personnes sont obèses.
En Europe, la situation n’est pas très rose non plus:
l’obésité touche 23 % des adultes britanniques, 12% des ceux allemands et 8%
des Italiens. La situation est encore plus dramatique dans les rangs des
enfants. Au niveau mondial, les statistiques font état de 22 millions d’enfants
obèses de moins de cinq ans. Rien que dans les pays de l’UE, nous avons 14
millions d’enfants en surpoids et leur nombre progresse chaque année de quelque
400.000, a déclaré la nutritionniste Lygia Alexandrescu.
En Roumanie, presque 30% de la population souffre d’obésité, 20% des
Roumains sont en surpoids et le nombre d’enfants obèses recensés en 2014 est de
18% plus grand qu’il y a dix ans. L’explication en est des plus simples: il
suffit de regarder les étiquettes, pour remarquer la présence du sucre même
dans la farine de blé. Pratiquement, le sucre est omniprésent et certains
d’entre nous se disent accros au sucre. Pourtant, selon certains
nutritionnistes, il n’y aurait pas de dépendance physiologique comme
telle. D’habitude, les personnes qui
ont un goût très fort pour le sucre sont celles qui ne mangent pas de façon
équilibrée, qui ont des heures de repas irrégulières, qui sautent des repas ou
qui espacent beaucoup leurs heures de repas. Lorsqu’on corrige ces
déséquilibres, le goût du sucre s’estompe. Mais, comment le faire dans un pays
comme la Roumanie où les écoles publiques de Roumanie n’offrent pas de repas
chaud aux élèves, les enfants se voyant contraints à grignoter n’importe quoi
avant de rentrer chez eux et où même les salariés ne se voient pas respecter la
pause déjeuner ? Une question qui fait que les habitudes alimentaires des
Roumains soient des plus malsaines en entraînant de graves problèmes de santé.