Paul Jamet (France) – Quelle est la place du vélo en Roumanie ?
Si la Roumanie est un grand producteur de vélos, très peu l'utilisent couramment, soit 2-3% à peine.
România Internațional, 08.06.2018, 14:28
Le croiriez-vous ? Si la Roumanie est un grand producteur de vélos (eh oui, c’est bien ce que j’ai dit), très peu l’utilisent couramment, soit 2-3% à peine. Les fabriques roumaines produisent environ 1 million de bicyclettes par an, dont la plupart sont exportées. Et une production de 300 millions d’euros par an sur le marché des composantes pour vélos hisse la Roumanie en deuxième position dans l’Union européenne.
Les Roumains achètent environ 400.000 vélos par an, surtout pour les loisirs ; la moitié sont de fabrication autochtone. Comment la choisissent-ils ? Le critère déterminant, c’est le prix. Nos compatriotes sont d’accord de débourser en moyenne 150 euros pour avoir un vélo ; comparez avec 900 euros en moyenne pour un Néerlandais, très friands de ce moyen de transport. L’infrastructure qui n’est pas des meilleures, avec très peu de pistes cyclables même dans les grandes villes, fait que les gens ne se pressent pas pour opter pour ce moyen de transport. Eh oui, en fait, 28% des Roumains utilisent leur véhicule personnel pour aller au travail, 18-17% prennent le métro et respectivement le bus, pour éviter les transports publics, 15% vont à pied, 13% enfourchent le vélo, 5% prennent le tram et 4% choisissent d’autres moyens de transport.
Selon une enquête réalisée par la publication roumaine Wall Street, 90% souhaiteraient une piste cyclable jusqu’à leur travail et des aires de parking gardé pour les vélos. Si cela existait, ce serait de nature à favoriser le choix de ce moyen de transport par plusieurs, selon les sujets questionnés. 63% d’entre eux n’ont jamais utilisé des vélos en libre service, seuls 7% les utilisent couramment. 58% déclarent qu’ils iraient volontiers à bicyclette si des vélos en libre service étaient proposés à proximité de leurs logements ou du métro.
Avec 160 km de pistes cyclables dont seulement 26 (d’autres disent 7 km !) dignes de ce nom, Bucarest est loin d’exceller à ce chapitre, et la pollution à cause du trafic routier est très élevée. La capitale roumaine est suffoquée de voitures, et la plupart des gens utilisent leur véhicule pour une seule personne. Le covoiturage fait à peine ses débuts par ici. Dans ce contexte, la municipalité a offert des milliers de vouchers de 500 lei pour l’achat de vélos, vélos électriques, trottinettes électriques et de dispositifs genre Segway et accessoires, dont 25.000 en janvier dernier. Par ce projet, la Mairie de la capitale se propose d’encourager les citoyens à adopter un style de vie sain, à utiliser les moyens de transport alternatifs, ce qui entraîne des effets bénéfiques sur le désencombrement du trafic et la réduction du taux de pollution.
Par contre, le vélo est très utilisé dans l’ouest de la Roumanie, où il fait partie de la vie quotidienne, et cela n’a pas changé depuis quarante ans. Ainsi, en 2016, Timişoara disposait de 35 km de pistes cyclables, Braşov de 30, tandis que Sibiu (centre) était champion avec 70. Encore faut-il voir quelle est la qualité de ces pistes, dont certaines à Bucarest ont été fermées par la Police parce qu’elles mettaient en danger la vie des usagers. Pour ce qui est du respect des cyclistes par les automobilistes, les premiers s’en plaignent, donc là encore, il y a moyen de faire mieux. M Jamet, merci pour votre question, et à bientôt !