Paul Jamet (France) – les impressionnistes roumains
Ioan Andreescu est un peintre roumain qui mérite toute notre attention.
Valentina Beleavski, 10.03.2017, 14:11
A la fin du 19e siècle, des plus en plus d’écoles de peinture s’éloignaient de la peinture traditionnelle. Parmi elles, les impressionnistes allaient former le mouvement artistique le plus important et qui a connu le plus grand succès auprès du large public de l’époque. Ils aiment jouer avec les effets de la lumière, ils sont attirés par la nature, mais aussi par la vie contemporaine et ont tendance à renoncer aux sujets traditionnels, tels l’histoire ou la mythologie.
Parmi les peintres roumains de l’époque, Nicolae Grigorescu est sans doute le plus connu tant en Roumanie qu’au-delà de ses frontières. Mais il n’est pas le seul à se faire remarquer. Il y a aussi un autre peintre roumain qui mérite toute notre attention : Ioan Andreescu.
Né le 15 février en 1850 à Bucarest, dans une famille aisée, Ioan Andreescu a eu une belle enfance aux côtés de ses 6 frères et a suivi les cours d’écoles renommées de la capitale. Encouragé par son professeur de dessin, il s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de Bucarest, où il fait ses études supérieures sous l’œil attentif d’un grand peintre roumain, Theodor Aman. Au cours de cette période, il se fait remarquer pour ses paysages, ses natures mortes, ses portraits et autoportraits. Trois ans plus tard, il doit toutefois renoncer à ses études, pour pouvoir gagner sa vie. Son père était malade et ne pouvait plus entretenir sa famille, dont la situation financière empirait. Ainsi, Ioan Andreescu devient-il professeur au séminaire de l’évêché de Buzau. Pourtant, il rêve toujours d’étudier l’art à Paris et à Barbizon. En attendant, il peint la province roumaine : forêts de chênes, de hêtres et de bouleaux… Il devient de plus en plus connu en Roumanie et commence à vendre ses tableaux.
C’est en 1878 qu’il réussit à amasser suffisamment d’argent pour se rendre à Paris et approfondir ses études. Il s’inscrit tout d’abord à l’Académie Julian, une fameuse école privée de peinture. Il refuse pourtant de se conformer à la création d’atelier et part pour Barbizon, le refuge des artistes qui préféraient travailler en plein air, au cœur de la nature.
C’est en France donc qu’Ioan Andreescu définit son propre style, sans pourtant se laisser trop influencer par la peinture français. Et pour cause, l’atmosphère des villages roumains domine toujours ses paysages. A Paris, Ioan Andreescu expose deux tableaux au Salon Officiel, aux côtés d’artistes consacrés de la peinture impressionniste française, tels Monet, Renoir ou Manet. Il ne passe que trois ans en France, étant forcé de rentrer en Roumanie par son état de santé plutôt précaire. Sa dernière exposition de Bucarest remonte à 1881.
Il suffit d’évoquer les titres de ses tableaux pour avoir une image des sujets qu’il préfère : «Allée de hêtres», « Les roses rouges» ou encore « Bucarest la nuit ». D’ailleurs, la nature est omniprésente dans la création d’Ioan Andreescu : forêts, champs brûlés par le soleil, villages lointains et maisons isolées. Bref, un mélange de réalité et de rêve, selon certains critiques, qui met en lumière le tempérament de l’auteur lui-même : rêveur, nostalgique, plutôt isolé. Les paysages d’Ioan Andreescu ne parlent pas uniquement de la nature roumaine, ils en disent long aussi sur l’artiste.
Les éloges s’enchaînent à l’adresse du peintre roumain. Un de ses compatriotes contemporains estimait que, dans ses paysages, Andreescu « avait commencé par ce que d’autres artistes n’arrivaient à créer qu’en fin de carrière». « Il a une influence définitive sur l’art roumain», considérait au 20e siècle le critique français Jacques Lassaigne (1911 – 1983). Nicolae Grigorescu lui-même le qualifie de « plus grand artiste que le pays ait jamais eu ». « S’il avait vécu davantage, il serait devenu sans nul doute notre grand artiste national », avait affirmé Nicolae Grigorescu. Les deux s’étaient rencontrés à Barbizon, à l’été 1880. Nicolae Grigorescu a même peint Ioan Andreescu dans la forêt de Fontainebleau, habillé dans son costume de travail et entouré par une riche végétation estivale.
Bien que très prometteuse, la vie d’Ioan Andreescu a été très courte. Il meurt le 22 octobre 1882, à l’âge de 32 ans seulement, à cause d’une tuberculose.
De nos jours, ses tableaux peuvent être admirés au Musée national d’art de Bucarest et au Musée Zambaccian, toujours dans la capitale. Grâce à ses créations, Ioan Andreescu occupe une place bien méritée dans la l’histoire de l’art roumain aux côtés d’autres grands artistes, tels Nicolae Grigorescu, Nicolae Tonitza, Stefan Luchian ou Theodor Pallady .