Nouari Nagmouchi (Algérie) – En Roumanie, plus de filles que de garçons?
Avec 51,2%, la population féminine est majoritaire en Roumanie.
România Internațional, 27.03.2020, 16:14
En 2018, la Roumanie comptait 3.245.000 personnes entre 0 et 14 ans, alors que la population de plus de 65 ans excédait ce chiffre de 500.000. Dans le segment de population de 0 à 18 ans, la proportion des garçons a été supérieure à celle des filles du même âge, soit 51,4%, et le rapport de masculinité, de 1057 garçons pour 1000 filles. Selon toutes les statistiques officielles, 2019 a été l’année où seulement 178.000 enfants sont nés en Roumanie. C’est un record négatif, soit le chiffre le plus bas des naissances depuis 1966. Pourquoi 1966 ? Parce qu’elle évoque pour les Roumains une date-butoir : cette année-là, le dictateur Ceausescu, qui souhaitait voir naître beaucoup de Roumains, mais le pays vivait des temps assez difficiles, avait décidé d’interdire l’IVG et les méthodes contraceptives. 2019 est la deuxième année consécutive de record négatif en matière de natalité.
De l’avis des spécialistes, à défaut d’une politique censée stimuler les familles à avoir des enfants, la Roumanie ne pourra pas arrêter le déclin démographique. Bien entendu, cet état de choses pourra bientôt mener à des problèmes sociaux. C’est dire que l’année dernière, le nombre des naissances n’a plus dépassé celui des décès. Même en 2011, lorsque des coupes salariales ont été pratiquées, lorsque les taxes ont augmenté et l’indemnité pour élever l’enfant en bas âge, déjà très basse, a été plafonnée, le nombre des naissances a quand même été plus élevé. En fait, la migration est une des principales causes. L’Eurostat estime que 3,4 à 4 millions de Roumains vivent à l’extérieur des frontières du pays, notamment dans l’Union européenne. Selon une récente étude de l’UNESCO, plus le niveau d’éducation des gens est élevé, et plus ils sont disposés à partir pour fructifier leur qualification là où ils trouvent des emplois plus rémunérateurs. Parce que ceux qui quittent le pays sont des personnes actives et d’âge fertile. S’ils ont des enfants, ils les ont à l’étranger.
D’un autre côté, les femmes mettent la carrière au premier plan, ce qui veut dire qu’elles font d’abord des études, après elles commencent à travailler, et font des enfants entre 30 et 38 ans notamment. Elles ne font plus d’enfant à 20 ans, comme avant 1989. Le vieillissement de la population est une caractéristique de l’ensemble du continent, pas seulement de la Roumanie. Dans ce pays, nous avons neuf naissances par millier d’habitants. Il existe un congé payé pour élever l’enfant jusqu’à 2 ans — c’est le seul élément de politique démographique. La France est le seul pays qui a réussi, par une politique conséquente, à avoir une natalité de 17 par mille. Nous ne disposons pas de statistiques sur le nombre de naissances de filles et de garçons en Roumanie. L’Eurostat estime que jusqu’en 2060, la population de la Roumanie perdra 5,8 millions d’habitants, et se chiffrera, de 19,5 millions en 2018 à 13,7 millions.