Minorités et langues parlées en Roumanie
Un sujet proposé par Daniel Beaulne (Canada), Gilles Gautier (France), Nouari Naghmouchi (Algérie) - La Roumanie compte 18 minorités nationales, chacune représentée par un député au Parlement roumain
România Internațional, 22.01.2016, 15:13
Selon le dernier recensement en date, qui remonte à 2011, les Magyars sont la minorité la plus nombreuse du pays. Forte de 1.227.600 personnes, cette minorité représente 6,5% de la population du pays, qui était de 20.120.000 personnes le 20 octobre 2011, selon les données fournies par l’Institut national de la statistique.
La présence des Magyars dans le Bassin des Carpates remonte à l’an 895. A l’époque, c’étaient des tribus et de grandes familles. La présence des Sicules est attestée dès les XIe-XIIe s., dans la zone du comté actuel de Bihor, dans l’Ouest du pays, puis dans les départements du centre — Cluj, Alba, Hunedoara — pour arriver au XIIIe s. aussi dans l’est de la Transylvanie. La population magyare est majoritaire dans les départements de Harghita (avec 84,6%) et Covasna (73,8%), tandis que dans le comté de Mureş elle est de 39,3%, de 35,2% à Satu Mare, dans le Nord-Ouest, de 25,9% au comté de Bihor et dans celui voisin de Sălaj de 23,1%.
La communauté magyare bénéficie de nombreux établissements d’enseignement en langue maternelle de tous les niveaux, jusqu’à l’enseignement universitaire compris, ainsi que de nombreuses émissions qui lui sont consacrées sur les chaînes publiques de radio et de télévision. Notons aussi le grand nombre d’institutions culturelles en hongrois, dont l’Opéra magyar de Cluj, les Théâtres magyars d’Etat de Cluj, de Timişoara, d’autres théâtres à Sfântu Gheorghe et Odorheiu Secuiesc, pour ne citer que celles-ci. Il existe plusieurs musées et maisons-musée qui rendent hommage à des personnalités de cette ethnie. Une ethnie qui est représentée par un parti politique plus grand au Parlement et elle a plusieurs autres formations non parlementaires.
La Roumanie compte 18 minorités nationales, chacune représentée par un député au Parlement roumain, quel que soit le nombre d’ethniques. La deuxième minorité la plus nombreuse est celle des Roms ; 620.600 ethniques se sont déclarés Roms, soit 3,3% de la population, selon les chiffres officiels. Il faut savoir que chaque citoyen peut se déclarer comme appartenant à une certaine ethnie ou pas, mais en fait, la minorité rom serait beaucoup plus nombreuse dans ce pays. Arrivent ensuite les Ukrainiens, avec 50.900 habitants, soit 2,44% de la population, les Allemands, 36.000, donc 1,73%, les Turcs (27.700, 1,33%), les Russes lipovans 23.490 (1,13%), et le reste des minorités est de moins de 1% : Tatars, Serbes, Slovaques, Bulgares, Croates, Grecs, Juifs, Italiens, Polonais, Tchèques et autres.
Pour ce qui est des Roms, les documents attestent leur présence sur le territoire actuel de la Roumanie dès 1385 en Valachie ; ils sont mentionnés pour la première fois en Moldavie en 1414, et en Transylvanie, en 1422. Deux théories existent sur l’origine des Roms : l’origine égyptienne, mais les linguistes, anthropologues, historiens et sociologues sont d’avis que cette théorie est fausse, et l’origine indienne, qui bénéficie des arguments les plus convaincants. L’occupation traditionnelle des Roms est le travail des métaux ; certains ont également été des ménétriers célèbres. Après 1989, nous assistons à une véritable explosion du mouvement rom et en faveur de leur langue, le romani. Une langue qui est actuellement étudiée dans les écoles et les universités.
Les témoignages d’ordre archéologique et linguistique indiquent que la population slave s’est installée dans le Nord de la Roumanie dès le VIe s., mais nous ne disposons de documents historiques qu’à commencer par le XIVe. Plus tard, certains s’installent aussi dans d’autres régions du pays. Les ethniques d’origine ukrainienne disposent d’un lycée où l’enseignement est dispensé en leur langue. La population d’origine allemande s’est établie sur le territoire actuel de la Roumanie aux XIIe-XIIIe s. Une population qui est allée décroissant suite à l’émigration massive après 1989 ; c’est aussi celle qui a donné le président actuel de la Roumanie. L’enseignement en allemand a une riche tradition dans ce pays; il existe plusieurs lycées et collèges importants. La minorité dispose aussi d’une organisation politique, d’un journal et d’émissions de radio et de télévision. Sans oublier deux théâtres.
Pour ce qui est des Turcs, la première attestation documentaire fait état de leur présence ici en 1264. Ils sont établis notamment en Dobroudja, dans le sud-est du pays. La communauté dispose de 72 mosquées. Pour ce qui est de l’enseignement en turc, il est dispensé partiellement dans plusieurs écoles et dans deux universités, où le turc est étudié en tant que langue moderne. Les premiers Russes lipovans sont attestés dans l’espace roumain à la fin du XVIIe, mais le premier document à cet effet remonte à 1742 ; ils sont massés notamment en Dobroudja et parlent russe.
La Roumanie compte une soixantaine d’écoles où l’enseignement est dispensé en russe en tant que langue maternelle. Cette communauté dispose aussi d’émissions de radio et de télévision, d’un mensuel et d’une revue culturelle.