Michel Minouflet (France) – quels jardins pour les Roumains?
Des fleurs qui sentent bon, des arbres que lon peut décorer à Noël des plantes exotiques et surtout des plantes qui ne nécessitent pas un entretien particulier, selon la paysagiste Andreea Paunescu
Ioana Stăncescu, 26.02.2016, 15:03
Pour nous éclairer sur cette question, nous avons invité au micro de RRI une véritable experte du végétal, la paysagiste Andreea Paunescu. Diplômée de la section de l’architecture du paysage de la Faculté d’Architecture de Bucarest, et avec un doctorat en cours de préparation à la Faculté d’Horticulture, Andreea se passionne notamment pour les jardins historiques. Des jardins qui doivent continuer de fournir latmosphère qui leur est propre à ceux qui les parcourent.
Pourtant, en attendant de voir son rêve s’accomplir, Andreea Paunescu travaille dans un bureau d’aménagement paysager où les clients sont… « La plupart des clients sont des personnes aisées, des patrons d’entreprises ayant voyagé beaucoup à l’étranger et qui savent très bien ce qu’ils veulent. Ils souhaitent, par exemple, se faire une idée très concrète de l’évolution de leur jardin en fonction des mois de l’année. Pour cela, ils commandent des maquettes, ils veulent voir les plantes et apprendre sur leur évolution tout au long de l’année. Et puis, il y a tous ceux qui nous prennent pour des horticulteurs et du coup nous contactent seulement pour des petits projets qui, assez souvent, ne se concrétisent même pas, en raison des coûts ».
Après tant d’années d’études, il est frustrant pour un architecte paysagiste de se voir limiter dans son imagination par la réticence des clients qui, en Roumanie, affirme Andreea Paunescu, sont assez conservateurs quand il s’agit d’aménager leur jardin à l’aide d’une entreprise spécialisée. Le plus souvent c’est le tarif qu’ils incriminent, bien que, dit notre invitée, les services ne soient pas si chers vu le travail qu’ils impliquent. N’oublions pas que, tout comme un architecte, un paysagiste doit élaborer lui aussi un projet. Parfois, les deux spécialistes collaborent ce qui prouve, une fois de plus la complexité du travail, renchérit Andreea Paunescu avant d’ajouter : « Malheureusement, les Roumains sont très chaotiques et veulent un peu de tout quand ils s’agit d’aménager leur jardin- des fleurs, un jardin potager, un espace de détente, une piscine- bien que le plus souvent, ils n’aient pas suffisamment d’espace pour bénéficier de tout cela. Côté aménagement, la plupart de mes clients s’inspirent des jardins qu’ils ont vus à l’étranger. Malheureusement, ils oublient que parfois, il est impossible de faire pousser à Bucarest les mêmes espèces de plantes qu’à Bora-Bora« .
Mais, finalement, une question s’impose. Les Roumains, s’intéressent-ils au jardinage ? Andreea Paunescu : « Je ne dirais pas que les Roumains se passionnent pour le jardinage. Ils aiment plutôt profiter de leur jardin juste pour y savourer le café le matin ou s’y détendre un peu le soir. Sinon, ils préfèrent toujours que quelqu’un d’autre s’occupe de leurs plantes. Les Roumains ont un programme très chargé. Ils commencent la journée de travail un peu plus tard que d’autres Européens, vers 9 heures,10 heures du matin, mais ils rentrent très tard chez eux. Il est évident que lorsqu’on rentre à la maison très tard dans la soirée, on n’a plus envie d’arroser le jardin. J’ai des clients qui, une fois par mois, font recours aux services d’une société d’aménagement pour les irrigations et les travaux de jardinage. D’autres se proposent dans un premier temps d’assumer eux mêmes les travaux, mais ils finissent pour la plupart par demander de l’aide quand ils voient que leurs plantes sèchent ».
Quelles sont les plantes que les Roumains souhaitent avoir dans leur jardin ? « Des fleurs qui sentent bon, des arbustes ou des arbres que l’on peut décorer à Noël et surtout des plantes qui ne nécessitent pas un entretien particulier. Les Roumains aiment aussi décorer leurs espaces détente de plantes exotiques, de palmiers, par exemple. C’est la mode à présent et il ne faut pas oublier que toutes ces belles plantes tropicales doivent se trouver refuge à l’intérieur une fois que le froid s’installe. A la fin, je voudrais préciser que ces dernières années, de plus en plus de clients souhaitent avoir leur propre petit jardin potager. Pourtant, dans la plupart des cas, c’est plutôt un caprice, vue que le jardin est si petit qu’on n’y peut cultiver que quelques oignons verts et quelque plants de tomates ».