Michel Minouflet (France) – Le Parc de Cismigiu
Un des jardins les plus charmants de Bucarest.
Valentina Beleavski, 15.07.2016, 13:15
Oasis de verdure au cœur de la ville, le parc de Cișmigiu est le jardin public le plus ancien de Bucarest. Etalé sur environ 16 hectares, il a été aménagé selon le style des jardins anglais. Son nom a une histoire assez intéressante. Cismigiu vient du mot « cismea » – qui signifie fontaine publique. C’est un mot aux origines turques, tout comme «cismegiu » qui désigne la personne chargée de la construction et de l’entretien des fontaines publiques.
Mais pourquoi donner ce nom à un jardin public ? Voici son histoire. En 1779, le prince valaque Alexandru Ipsilanti fait bâtir deux fontaines publiques à Bucarest. L’une d’entre elles se trouvait au même endroit que le parc d’aujourd’hui. Le chef des travaux liés aux eaux construit sa maison non loin de la fontaine. Peu à peu l’eau qui s’en écoule créé une sorte d’étang, appelé d’abord le Lac de Dura le Marchand, selon le nom du responsable. Puis, les gens commencent à l’appeler selon la fonction de celui-ci, à savoir le Lac du Cismigiu, c’est-à-dire du responsable des fontaines.
Malheureusement, ce lac devient un véritable foyer d’infection pour la capitale, en plus il était souvent inondé et changeait de dimensions. C’est pourquoi, 4 décennies plus tard, en 1830 il est asséché pour être transformé par la suite en jardin public. Les travaux d’aménagement ne commencent pourtant pas avant 1874, lorsque le prince Gheorghe Bibescu fait venir à Bucarest le paysagiste Wilhelm Mayer, ancien directeur des Jardins impériaux de Vienne. C’est à lui qu’incombe la mission de transformer un terrain insalubre en un des parcs les plus charmants de la ville, sinon le plus charmant.
Le parc de Cismigiu est inauguré en 1854. Il dispose d’une centaine de bancs en bois de chêne et d’un nouveau lac, qui le relie à la rivière Dâmbovita qui traverse la ville. Il devient tout de suite le lieu de rencontre des élites. En 1883 le lac gèle pour la première fois et on y organise des concours de patinage. La même année, le jardin est élargi de 15.000 m et on y apporte des cygnes et des pélicans. Au 20e siècle, en 1943, on y construit la Rotonde des écrivains réunissant les bustes des plus grands auteurs de la littérature roumaine. De nos jours, le parc de Cismigiu recèle plusieurs monuments, dont les ruines d’un ancien monastère de 1756, le monument du Soldat français rendant hommage aux soldats français disparus lors de la Première guerre mondiale, ou encore une source d’eau connue comme la source du poète Mihai Eminescu.
Je dois vous dire aussi, qu’à un moment donné les visiteurs du jardin de Cismigiu devaient respecter des règles très strictes : il était interdit d’y faire du bruit, d’être impoli, de jeter des ordures ou de vendre des produits. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Les voix des enfants résonnent dans toutes les allées du parc qui compte plusieurs aires de jeux. On peut acheter des glaces, des jus, même des jouets pour les petits ou bien prendre le déjeuner dans un de ses restaurants. En hiver, le lac est envahi par les amateurs de patinage, alors qu’en été les promenades en barque sont très agréables et romantiques. Et puis, si à l’époque de nos grands-parents les gens venaient écouter la fanfare jouer dans un kiosque de Cismigiu, de nos jours de nombreux spectacles et festivals sont organisés : le Festival international de folklore en juin, un marché de Noël en décembre, des concerts de rock ou bien des activités pour les enfants à l’occasion du 1er juin, la Journée mondiale de l’enfance.
Voilà pour cet endroit charmant de Bucarest. Merci à Michel Minouflet de nous avoir proposé cette découverte !