Michel Beine (Belgique) – L’histoire de la ville de Bucarest
Du point de vue architectural, Bucarest a subi de nombreuses influences.
Ioana Stăncescu, 11.03.2016, 14:36
Une légende dit que Bucarest doit son existence et son nom au berger Bucur qui aurait fondé un village sur les bords de la Dambovita. Attestée pour la première fois en 1459 par un document signé par le prince régnant Vlad Tepes, Vlad l’Empaleur, la ville fut jusqu’au XVIIIème siècle résidence des princes valaques avant de devenir, en 1862, capitale des Principautés Unies de Moldavie et de Valachie. Si en 1789, la ville recensait seulement 30.000 résidants, le recensement de 2011 a montré que leur nombre a dépassé un million 800.000 habitants. Bien sûr qu’une fois obtenu le statut de capitale, Bucarest a commencé à connaître un grand épanouissement, en attirant de plus en plus d’habitants. Les documents attestent du fait que la population de la ville a augmenté surtout à partir de la seconde partie du XIXème siècle quand une nouvelle période d’essor urbain avait commencé.
La richesse architecturale et l’air cosmopolite ont valu à la capitale roumaine le surnom de Petit Paris. D’ailleurs, nombre d’édifices qui font la célébrité de Bucarest, on les doit à des architectes français. A titre d’exemple : le Palais de la Caisse de dépôts et consignations réalisé par l’architecte français, Paul Gottereau, l’Athénée roumain dont le projet porte la signature d’Albert Galleron ou encore le Palais de la Justice que l’on doit à l’architecte Albert Ballu, celui qui a réalisé d’ailleurs aussi les plans du Palais de Justice de Charleroi.
Malheureusement, nombre d’édifices médiévaux ayant survécu jusqu’au XXème siècle ont été détruits par le régime Ceausescu. Celui-ci avait démarré en 1977, juste après un terrible séisme soldé par quelque 1500 victimes, un processus de systématisation de la ville. Du coup, il a fait démolir nombre de monuments, la plupart religieux, datant des siècles passés. Les édifices ayant survécu au plan de Ceausescu se trouvent pour la plupart au centre ville, dans le quartier de Lipscani. Si un jour vous y êtes de passage, je vous conseille de faire un tour des ruines de l’ancienne Cour princière et de visiter par la suite les anciennes auberges de Manuc et de Gabroveni.
Il convient de mentionner qu’à la fin du Moyen Âge, ce quartier était le cœur du commerce à Bucarest. Dès les années 1970, la zone a connu le déclin urbain et de nombreux bâtiments historiques sont tombés en ruine. En 2005, la zone de Lipscani a été rendue piétonne et à présent on y trouver nombre de terrasses, cafés et restos. Il convient de mentionner que le patrimoine culturel et architectural de Bucarest a subi de nombreuses pertes au fil du temps et continue à le faire. La faiblesse des lois du patrimoine, le nombre restreint d’immeubles inscrits sur la liste du Patrimoine historique, ainsi que la corruption ont fait du mal à cette ville.
De nombreuses constructions ont remplacé ou mis dans un cône d’ombre des maisons, jardins, villas ou palais qui constituaient une richesse architecturale et culturelle unique. En plus, n’oublions pas que pendant la Seconde Guerre mondiale, Bucarest souffre à la fois des bombardements anglo-américains (pendant le régime Antonescu, allié du Troisième Reich) et allemands (après que la Roumanie ait rejoint les Alliés). A tout cela s’ajoute le régime de Ceausescu qui a démoli et détruit des quartiers entiers de la ville. Pourtant, le touriste qui nous rend visite aura le plaisir de découvrir une ville avec des édifices surprenants renvoyant à des styles architecturaux des plus divers.
Et puisque Michel Beine voudrait connaître quelques exemples d’édifices bucarestois, prenons le Palais Cantacuzène, qui abrite le Musée national George Enescu. Sur Wikipedia, on apprend que le bâtiment a été construit sur les plans de Ion D. Berindey dans un style baroque de l’époque Louis XVI, pour Gheorghe Grigore Cantacuzino, président du Conseil des Ministres. Surnommé « le Nabab » en raison de sa richesse fabuleuse, celui-ci laisse l’édifice à son fils Mihai qui est mort en 1929, puis à Maruca, la fille de ce dernier, remariée en décembre 1939 avec le musicien George Enescu. L’édifice a été le siège du Conseil des Ministres avant la deuxième guerre mondiale. Un autre monument à ne pas rater si vous êtes de passage à Bucarest est le Palais Kretzulescu qui domine par sa silhouette majestueuse le jardin de Cismigiu.
Construit selon les plans de l’architecte Petre Antonescu en style Renaissance français, l’édifice a été cédé en 1972 à l’UNESCO pour son Centre Européen pour l’enseignement supérieur. La liste peut se compléter par le Palais Sutu, un bâtiment en style néogothique datant de 1835 et qui accueille le Musée d’Histoire de la ville ou encore par la Maison Vernescu, bâtie en 1820 et classée monument historique. Une balade sur l’avenue de la Victoire sera une excellente occasion d’admirer quelques-uns des plus beaux édifices de Bucarest. Le mieux serait de commencer votre tour au centre ville, dans le quartier de Lipscani. Puis, vous pourriez emprunter l’avenue de la Victoire jusqu’à ce qu’elle croise la Place homonyme. Votre promenade pourrait continuer sur l’avenue Kisselef bordée de très beaux édifices et pourrait se terminer en toute beauté par une halte au Musée du village et dans le parc de Herastrau. Bien sûr, ce n’est pas un tour d’un seul jour, sauf si vous envisagez de participer au marathon.
La ville de Bucarest n’est pas une capitale trop verte, d’ailleurs elle affiche un degré de pollution à faire froid dans le dos. Le touriste qui s’y rend pour la première fois sera généralement surpris par les bruits de la ville, les coups de klaxon, le trafic d’enfer, le nombre de restaurants et de bistros et les gens qui parlent généralement très fort dans la rue. Pourtant, les amateurs de balades dans la nature pourront prendre une bouffée d’oxygène dans le jardin de Cismigiu, situé très près du siège de notre radio, dans le parc de Herastrau au bord du lac homonyme, dans le Jardin botanique en face du Palais de Cotroceni, siège de la présidence roumaine, dans le Parc Carol ou encore dans celui dit du Cirque puisqu’il se trouve en face de celui-ci.
Si le temps vous le permet, vous pourriez réserver quelques heures pour une visite sur le domaine de Mogosoaia, dans la banlieue bucarestoise. Vous y trouverez un immense palais en style brancovan construit en 1702 par le gouverneur de la Valachie, Constantin Brancovan, au cœur d’un parc absolument magnifique où les enfants adoreront courir et jouer. Comme toute capitale qui se respecte, Bucarest propose de nombreuses formules d’hébergement pour toutes les bourses. Nous avons aussi bien des hôtels de 5 étoiles que des chambres d’hôtes.
La ville s’anime pas mal la nuit, surtout au centre ville où les restaurants, les terrasses et les bistros débordent de monde. En été, nous avons pas mal de terrasses dont certaines ouvertes dans les jardins publics tels Cismigiu, Herastrau ou Carol. Les restaurants et les bars ferment très tard dans la nuit. Vers minuit en semaine et vers 2 ou 3 heures du matin en week-end. Les boîtes de nuit ont les portes ouvertes jusqu’à l’aube. Une fois à Bucarest, vous serez surpris de constater le nombre assez important de centres commerciaux qui à presque n’importe quelle heure de la journée sont assez peuplés, malgré un niveau de vie en berne.