Michel Beine (Belgique) – l’évolution de la peinture en terre roumaine

Les premières manifestations artistiques à signaler dans les Principautés Roumaines remontent au néolithique...

Ioana Stăncescu, 14.02.2014, 13:34

Selon le site www.guideroumanie.com les premières manifestations artistiques à signaler dans les Principautés Roumaines remontent au néolithique. La preuve ?

Les décorations retrouvées sur les vases en terre cuite de Cucuteni, en Moldavie. Caractérisée par la céramique aux très belles peintures, la culture Cucuteni date de 4.800 – 4.600 av.J.Ch. A cette époque-là, les habitants de l’endroit menaient une vie sédentaire. Leurs principales occupations étaient l’agriculture, la chasse, la pêche, les métiers artisanaux, l’exploitation et la commercialisation du sel. Au fur et à mesure que le temps passe, l’art s’épanouit en terre roumaine.

Bien que l’évolution artistique fût plus lente que dans le reste de l’Europe, l’art se manifeste aussi dans les provinces de chez nous. Au XII et XIIIème siècle, les fresques extérieures des monastères roumains du Banat et de Transylvanie renvoient aussi bien à lart byzantin qu’à la tradition populaire. En Transylvanie, nous avons plusieurs églises catholiques en style gothique qui sont peintes par des artistes inspirés par les styles byzantin et italien.

Vers le XVème siècle, on peut déjà parler d’une école artistique locale transylvaine placée sous une nette influence de l’art byzantin. Enfin, en 1443, des documents parlent d’un peintre de son nom Stefan à qui on doit les fresques extérieures de l’église de Densus, dans la contrée de Hunedoara. Et puisque nous avons mentionné l’influence byzantine de l’art roumain, rappelons à titre d’exemple la célèbre Eglise Saint Nicolas de la Cour princière de Curtea de Arges, en Valachie. Un véritable joyau d’architecture qui impressionne par la beauté et les couleurs des fresques extérieures et intérieures.

L’art roumain a connu un grand essor en Moldavie aussi, notamment sous les règnes d’Alexandru le Bon et d’Etienne le Grand. Notons, à titre d’exemple, les enluminures de lEvangéliaire de la princesse Marina (1429), œuvre de Gavril Urie, moine au monastère de Neamt et premier peintre reconnu ou encore lEvangéliaire du monastère Humor, œuvre du moine Nicodim. Et puisque nous avons mentionné le nom d’Etienne le Grand, disons également que ce fut bien sous son règne qu’a vu le jour le fameux monastère de Voronet.

Déjà, au XVIème siècle, les fresques connaissent un grand essor en Moldavie où elles recouvrent les façades déglises selon un ordre précis des scènes à caractère religieux. En Valachie, ce fut bien sous les règnes de Matei Basarab (1632-1654), Serban Cantacuzino (1678-1688) et Constantin Brâncovan (1688-1714) que la peinture religieuse fut placée sous l’influence de lart populaire. Au XVIIIème s., les scènes à caractère religieux comportent de plus en plus souvent des éléments inspirés du quotidien, comme peut-on remarquer dans l’église Tismana d’Olténie. Mais, à partir du XVIIIème siècle, l’art roumain commence à subir l’influence de l’Occident. L’art du portrait mis au point par les peintres d’église annonce déjà la peinture moderne du XIXème siècle. Vers 1820, le peintre n’est plus au service de l’Eglise, mais il devient un artiste.

Plusieurs peintres roumains font des études en Occident et ils se distinguent par la technique du portrait : Ion Negulici (1812- 1851), Barbu Iscovescu, Gh. Tattarascu, etc. Vers la fin du XIXème siècle, plusieurs peintres roumains rejoignent la célèbre école de Barbizon. Tout dabord, Nicolae Grigorescu (1838- 1907), lun des plus grands peintres classiques roumains. A part Grigorescu, notons également les noms de Ion Andreescu (1850-1882) ou Stefan Luchian (1868 -1916). A parler de la peinture moderne roumaine, on doit mentionner en tout premier lieu le nom de Théodor Pallady (1871-1956), fameux pour ses natures mortes. Au début du XXème siècle, la peinture roumaine ne fait pas défaut de grands noms d’artistes, tels Nicolae Tonitza (1886-1940), Francise Sirato (1877 -1953), Camil Ressu (1880-1962) ou encore Octav Bancila (1872-1944). Ce dernier a signé lune des toiles européennes les plus célèbres, intitulée « 1907 » et qui s’inspire d’une grande révolte paysanne en terre roumaine.

A lépoque communiste, la peinture roumaine ne pouvait traiter malheureusement que des sujets historiques et sociaux. Des peintres comme Spiru Chintila, Bradut Covaliu et beaucoup dautres, illustrent avec un réalisme poussé à lextrême, les progrès des communistes. Ion Musceleanu (né en 1903) et Corneliu Baba (1906-1997) comptent parmi les grands artistes du XXème siècle. S’y ajoutent Vasile Grigore et Horia Bernea dont l’art a conquis également les galeries occidentales.

Et puisque notre ami, Michel Beine, s’intéresse aussi aux Musées d’art de chez nous, je voudrais m’attarder un tout petit peu sur le Musée des collections d’art de Bucarest et reprendre au micro quelques informations offertes par RRI lors d’une ancienne édition de notre dossier Espace culture. « Le Musée des collections est abrité par le Palais Romanit — un édifice dont la construction a commencé en 1822 et a duré 3 ou 4 ans. C’était un palais déjà somptueux, bien qu’à l’époque, il fût constitué uniquement du corps central de la construction que nous pouvons voir aujourd’hui. Il appartenait à Grigore Romanit, un riche boyard grec qui a vécu au début du 19e siècle. Pourtant, Romanit perdit, peu à peu, sa fortune et commença a louer le palais pour les bals organisés dans la ville. Ce fut la principale destination de l’édifice jusqu’en 1850.

Après cette date, le palais change assez souvent de propriétaires, qui n’avaient pas les moyens de l’entretenir. En 1884, il devient la propriété du ministère des Finances, qui en fait son siège. C’est de cette période que datent les deux ailes latérales qui donnent au plais son aspect d’aujourd’hui. Au fil du temps, le palais a changé plusieurs fois de destination. Juste après la deuxième guerre mondiale, il accueille un Institut de recherche. C’est en 1978 qu’il devient le siège du Musée des collections d’art, faisant partie du Musée national d’art. Au début, il comptait 13 collections au total, offertes en donation à l’Etat par ceux qui l’avaient créées. C’étaient des collections célèbres, à l’époque, comportant des pièces de mobilier et des objets en cristal, faïence, céramique et ivoire.

Le musée recèle également des tapis et des tapisseries et, bien sûr, des peintures, des sculptures et des œuvres d’art graphique. Il y avait, par exemple, la collection de Iosif Dona, le premier médecin balnéologue roumain, qui a vécu vers la fin du 19e siècle. Il faut mentionner également la collection de Garabet Avakian, éminent professeur de violon au conservatoire bucarestois. La collection Zambaccian, par exemple, comptant parmi celles qui étaient là à l’ouverture du musée, est célèbre pour ses toiles de peintres roumains, mais aussi de quelques impressionnistes français. Il convient de mentionner aussi la collection de Iosif Iser, un peintre roumain très connu de l’entre-deux-guerres, qui a laissé derrière lui une collection constituée des peintures de son atelier, mais aussi d’objets dont il se servait, qui sont en même temps des objets d’art: cristaux de Bohème, objets en porcelaine, en faïence, tapis. Certaines collections recèlent des objets d’une grande valeur.

Dans la collection du docteur Mircea Petrescu, par exemple, figure une table Henri II très appréciée par les historiens de l’art. Parmi les toiles roumaines se retrouvent des chefs-d’œuvre signés par Nicolae Tonitza ou Nicolae Grigorescu — notamment un de ses pastoureaux. En matière de peinture et d’art graphique, la plupart des collectionneurs ont préféré l’art roumain. C’est pourquoi le musée retrace, en quelque sorte, l’histoire de l’art roumain moderne, depuis Theodor Aman et jusqu’après l’entre-deux-guerres. »