Michel Beine (Belgique) – La poésie et les poétesses roumaines
La poésie féministe a le vent en poupe.
Ioana Stăncescu, 21.04.2023, 09:41
Notre auditeur belge, Michel Beine, souhaite apprendre davantage sur la poésie roumaine et sur les poétesses roumaines. Il convient de préciser que les genres littéraires, que ça soit en prose ou en vers, ne diffèrent pas d’un pays à l’autre. En fait, la littérature circule, heureusement et elle ne reste pas enfermée entre les frontières de tel ou tel pays. Surtout en Europe, nous avons pratiquement les mêmes types de poésie. En vers libre ou en rime, la poésie roumaine peut être lyrique, épique, engagée, spirituelle, narrative, descriptive. Mais, de nos jours, comme partout dans le monde occidental, la poésie et la littérature échappent à toute contrainte linguistique et stylistique ce qui permet aux auteurs de créer librement.
Quant aux femmes poètes de Roumanie, celles-ci font une poésie très importante et de plus en plus visible. Surtout depuis quelques années, il y a un courant féministe qui prend de l’ampleur en littérature et en poésie aussi. Il y a des anthologies de poésie féminine, il y a de plus en plus de femmes poètes ou romancières en lice pour les prix littéraires, la poésie féminine sort des clichées et donc, elle met sur le tapis une problématique actuelle, tels la place de la femme au sein de la société, la maternité, la santé, la violence domestique, la discrimination, etc. Et puisqu’on parle de poésie, je voudrais en profiter pour vous signaler une anthologie en trois volumes de poésie roumaine traduite en français par un poète roumain vivant en France. Il s’agit de Radu Bata à qui on doit le Blues roumain. Il s’agit, comme je viens de le dire, d’une anthologie en trois tomes qui regroupe des poètes des plus divers de Roumanie, aussi bien des grands classiques comme Mihai Eminescu ou Nichita Stanescu que des plus contemporains, tels Ciprian Macesaru ou Ana Barton. Radu Bata est l’auteur de plusieurs recueils de poésettes qui ont déjà rencontré un franc succès. Par exemple, son recueil Le Philtre des nuages et autres ivresses a été lauréat du prix du Salon du Livre des Balkans (Paris, 2015). Ses recueils, tout comme l’anthologie du Blues roumain, vous pouvez les acheter en France.
Pour revenir à votre question sur la poésie contemporaine, il convient de mentionner que la poésie a de nouveau le vent en poupe dans les rangs des jeunes. Ma fille, par exemple, à ses 18 ans, s’intéresse beaucoup aux jeunes poètes. Il y a plusieurs festivals de poésie à travers la Roumanie, les Editions qui publient de la poésie sont de plus en plus visibles dans le cadre des Salons littéraires, Bookfest ou Gaudeamus. A l’occasion du Festival international de littérature et de traduction littéraire FILIT de Iasi, la poésie se voit réserver une nuit blanche pendant laquelle des dizaines de poètes consacrés ou anonymes se succèdent toute la nuit, sur une scène, pour lire des poèmes. Des soirées littéraires et des ateliers consacrés à la poésie existent dans toutes les grandes villes de Roumanie, notamment à Bucarest, Timisoara, Iasi, Cluj ou Oradea. A la fin, je voudrais rappeler que même le grand écrivain roumain, Mircea Cartarescu, figurant parmi les nominés au Prix Nobel de littérature est à la base un grand poète reconverti en prosateur. Ses livres, dont plusieurs sont traduits en français aussi, construisent un univers onirique propre à la poésie. Voilà, cher Michel Beine, quelques mots sur la poésie. Pour vous encourager à lire de la poésie roumaine, je vous dit que parmi les poèmes que Radu Bata a traduit en français pour son anthologie du Blues roumain, il y a, dans le deuxième et le troisième volume, quelques poèmes dont l’auteur, ou plutôt l’autrice, vous la connaissez bien, ne serait-ce que du voix. Ceci dit, je vous souhaite une excellente fin de semaine en compagnie de RRI !