Jean-Marie Monplot (France) – le don de sang en Roumanie
En Roumanie, le nombre des ceux prêts à faire don de leur sang est bien en dessous de la demande.
Ioana Stăncescu, 06.06.2014, 14:21
Dan Zaharia est le fondateur du site donor.ro qui se propose de donner un coup de main à tous ceux ayant besoin d’une transfusion de sang dans un pays comme la Roumanie où le nombre des ceux prêts à faire don de leur sang est bien en dessous de la demande.
Dan Zaharia : « Le tout a commencé au moment où un ami à moi cherchait du sang pour son enfant souffrant d’une leucémie. A l’époque, la seule solution dénichée fut une campagne médiatique, une méthode susceptible de provoquer une vague de sympathique au sein du public, sans pour autant résoudre le problème puisque l’enfant en question avait besoin de transfusions régulières. On a donc essayé de mettre sur pied une solution technique qui permette un recrutement de donneurs en fonction du département d’origine. Et cela vu qule sang est périssable et ça ne sert à rien de donner du sang dans un centre de Bucarest si la personne qui en a besoin se trouve à Timisoara ».
Est-ce que l’on peut affirmer que la Roumanie traverse une crise du sang ?
Dan Zaharia : « Oui et non. Je dis cela parce que plus qu’une crise des donneurs, la Roumanie se confronte à une pénurie de donneurs de groupes sanguins considérés comme rares. Sur l’ensemble de la population de Roumanie, 15% a le rh négatif et 1% seulement a le groupe AB négatif. »
Qu’est ce que votre site se propose concrètement ?
Dan Zaharia : « C’est un site très simple, sans publicité aucune, sans le moindre côté commercial, puisqu’il s’agit d’une démarche bénévole qui aide tous ceux à la recherche d’un donneur. C’est un moteur de recherche, si vous voulez. On introduit le groupe sanguin, le rh et le département et en deux clicks, on apprend le nombre de donneurs disponibles. En plus, une fois devenu membre de notre communauté en ligne, on a le droit de publier une demande nominale de recherche de sang, c’est-à–dire on peut indiquer le nom du bénéficiaire. Une fois la demande publiée, le système l’envoie seulement aux donneurs du département où se trouve la personne en souffrance. Par la suite, le donneur se présente au centre de transfusion pour faire don de sang au bénéfice de la personne qu’il souhaite aider ».
A combien se monte la communauté de donneurs inscrits sur votre site ?
Dan Zaharia : « Elle comporte plus de 1.500 membres dont la moitié habite le département de Iasi, 15% la capitale et le reste vient de Cluj, Timisoara et des alentours du département de Iasi. Une fois inscrit parmi les membres de notre communauté, le donneur se voit remettre des notifications à chaque fois que l’on cherche du sang. Par ailleurs, il offre un retour sur son activité de donneur en disant, par exemple, « aujourd’hui, je ne peux pas donner car je l’ai déjà fait deux semaines auparavant » ou bien « comptez sur moi, je vais faire don de mon sang demain ». La Roumanie recense plus de 10.000 donneurs réguliers qui font don de leur sang au moins deux fois par an ».
La petite communauté inscrite sur le site donor.ro arrive à résoudre une cinquantaine de cas par an. Des cas très graves, précise Dan Zaharia, alors que le système médical roumain arrive à prendre en charge le reste des cas, considérés comme ordinaires.
Bien que les Roumains invoquent le manque de temps et la phobie des aiguilles pour éviter de participer aux campagnes pour le don de sang, ce ne sont pas là les principaux obstacles auxquels se confronte le système.
Dan Zaharia : « Personnellement, je dirais que le principal obstacle auquel se heurte notre système médical est l’insuffisance du personnel médical travaillant dans les centres de transfusion. Normalement, il n’y a que deux médecins qui travaillent dans de tels centres et du coup, quand l’un d’entre eux est en vacances, l’autre travaillera davantage. En plus, depuis quatre ans déjà, en Roumanie aussi on peut théoriquement organiser des collectes mobiles de sang grâce à des véhicules spéciaux dont notre pays s’est vu doter. Pourtant, faute de carburant, de chauffeur, de personnel médical, ces voitures ne bougent pas et s’avèrent donc inutiles. Le nombre de médecins travaillant dans les centres de transfusion sanguine est insuffisant, cela est sûr».
Si être en bonne santé semble une condition préalable raisonnable au fait de donner son sang, dautres critères restrictifs fixés par la loi sont moins évidents. Comme le poids, par exemple, s’exclame Dan Zaharia : « Le poids corporel minimum exigé dans le cas des femmes est trop grand : 58 kilos. Une femme pesant 51 ou 52 kilos n’a pas le droit de faire don de sang. Imposer des restrictions, cela est juste, puisque une personne de petit poids risque de s’évanouir ou de perdre trop de sang. Mais un poids corporel minimum de 58 kilos élimine la moitié des femmes qui souhaiteraient faire don de leur sang ».
Le site donor.ro n’est pas le seul moteur de recherche proposé pour faciliter la récolte et la distribution du sang. Mais, comme l’affirme son créateur, Dan Zaharia, il est le seul à offrir une protection complète des données personnelles aussi bien des donneurs que des bénéficiaires.