Jean Marie Monplot (France) – La protection des loups en Roumanie
incursion dans les Carpates pour apprendre davantage sur un projet extraordinaire sur la protection des loups.
Ioana Stăncescu, 10.10.2014, 13:16
Lancé le 1er juillet dernier, Wolflife est le premier projet de protection exclusive des loups de Roumanie financé à hauteur dun million deuros par la Commission européenne grâce au programme Life et « Nature et biodiversité ». Par le biais du projet « Wolflife », les Agences pour la protection de lenvironnement (APM) des départements de Vrancea, Harghita et Covasna, ainsi que lAssociation pour la conservation de la biodiversité biologique devront mettre en place, durant les quatre prochaines années, une stratégie grâce aux données collectées sur le terrain. Le projet se propose principalement de préserver une population de loups sur 18 sites du réseau « Natura 2000 », dispersés dans les départements de Vrancea, Covasna, Harghita, Bacău, Neamţ et Mures. Aux dires du manager du projet, Szabo Szilard de l’Agence pour la Protection de l’Environnement du département de Harghita, le projet se propose notamment de conserver et de protéger le loup et son habitat naturel menacé de plus en plus par les travaux d’infrastructure routière et ferroviaire.
Szabo Szilard : « On s’est proposé plusieurs objectifs, notamment une meilleure conservation de cette espèce par des projets censés protéger ses habitats, par une diminution des conflits avec les bergers et surtout par une solution au problème des chiens errants dont un nombre impressionnant peuple déjà nos forêts. Il y a pas mal de maladies que ces chiens peuvent transmettre aux loups. Selon des études concernant le nombre des chiens errants vivant dans la nature, rien que dans la réserve naturelle de Putna- Vrancea il y a quelque 90 exemplaires qui pratiquement se disputent le territoire avec les loups qui y vivent. Or, si l’on tient compte du fait que le projet se déroule dans six zones de Roumanie, nous avons au total 300 chiens errants qui vivent en plein cœur de la forêt et qui sont une véritable menace pour les loups et les bergers ».
La Roumanie se classe parmi les pays européens qui recensent une forte population de loups. Aux dires des spécialistes, entre 2.500 et 3000 exemplaires seraient répartis sur neuf millions dhectares, principalement dans les zones de collines et de basses montagnes, le long de la chaîne des Carpates. Par conséquent, un projet comme Wolflife devient d’autant plus important qu’il s’agit d’une part, de protéger le loup et de l’autre daméliorer limage que cet animal a auprès des communautés locales, surtout auprès des bergers et des chasseurs. De ce point de vue, le projet prévoit la création d’un chenil pour l’élevage des chiens de la race « bergers roumains des Carpates ». Ces chiens seront par la suite dressés et offerts aux bergers pour qu’ils puissent mieux protéger leurs troupeaux et limiter donc les possibles attaques des loups.
Szabo Szilard de l’Agence pour la Protection de l’Environnement du département de Harghita : « La bonne tradition roumaine de faire garder ses troupeaux par des bergers roumains des Carpates s’est pratiquement perdue. A l’heure actuelle, les bergers ont recours à des chiens qui n’ont pas les qualités nécessaires pour protéger les animaux. Et je voudrais ajouter encore un détail : à la différence des ours, la Roumanie n’a pas de réserve destinée aux loups. Nous avons un seul centre, à Focsani, où l’on peut accueillir des animaux sauvages pour les soigner ou les abriter, mais ce n’est pas un centre spécialement destiné à la protection des loups ».
Szabo Szilard souligne également la nécessité que la population change de mentalités et qu’elle n’associe plus le loup à ce personnage négatif des contes de fées: « Il est très important que les mentalités changent et il est impérieusement nécessaire que l’on arrive à évaluer correctement les dégâts provoqués par les populations de loups. Les statistiques élaborées par d’autres pays européens montrent que ces fauves ne sont pas toujours responsables de tous les dégâts qu’on leur impute et que, souvent, il s’agit des attaques des chiens sauvages. Or, ce projet nous permettra d’organiser des cours et de doter nos équipes de spécialistes afin d’obtenir une évaluation correcte des dégâts ».