Jean-Marie Monplot (France) – A-t-on le droit de chasser ou tuer les loups, ou sont-ils protégés?
Débat public sur un ordre qui propose de tuer 552 ours, 657 loups, 482 chats sauvages et 68 lynx en 2017, qui sont aussi des espèces protégées non seulement au niveau national, mais aussi au plan européen.
România Internațional, 30.09.2016, 13:09
Il y a plusieurs articles alarmants dans la presse roumaine, qui attirent l’attention sur un signal d’alarme tiré par WWF Roumanie, le Fonds mondial pour la nature. Justement au sujet de loups, animaux protégés, à l’instar d’autres, et qui font l’objet d’un ordre en débat public sur le site du ministère de l’Environnement. Et qui propose ni plus ni moins que de tuer 552 ours, 657 loups, 482 chats sauvages et 68 lynx en 2017, qui sont aussi des espèces protégées non seulement au niveau national, mais aussi au plan européen. Les associations de défense de la nature et des animaux s’y opposent avec véhémence. En fait, après avoir limité le nombre des chiens des troupeaux, les chasseurs essaient d’arriver à leurs fins et à cet effet, tous les moyens sont bons. Le ministère de l’Environnement est en charge de protéger la faune et la flore, fait valoir Magor Csibi, représentant de WWF Roumanie, or les chasseurs ont réussi à mettre en débat public ce projet de loi proposant de supprimer 1691 animaux protégés. La motivation, c’est de limiter les dégâts produits par les animaux sauvages, alors que les chats sauvages et les lynx ont causé des dégâts de 0 lei l’année dernière, s’insurge-t-il.
Plusieurs associations d’environnement, indignées par le nouvel ordre, se sont mobilisées et demandent au ministère de l’Environnement de revoir les quotas de chasse et de trouver des solutions alternatives. Elles font valoir que les études de spécialité indiquent qu’en dépit du fait que les estimations d’effectifs d’animaux sauvages ne correspondent pas avec la réalité, le ministère continue d’ignorer les avis des experts qu’il consulte, la législation européenne en vigueur et les causes réelles des problèmes.
Dans un communiqué de presse, ils pointent du doigt les autorités, qui ne proposent pas d’alternative à la chasse, telles que des mesures de prévention des conflits avec les animaux sauvages, des clôtures électriques etc. Et critiquent le fait que l’étude préalable à l’établissement de ces quotas n’a porté que sur les ours, les loups et les chats sauvages, mais pas sur le lynx, or pour chasser les 68 lynx, aucune explication n’est fournie. Pire, 6 des 9 experts consultés ont contesté le résultat de l’étude. WWF Roumanie indique qu’un système de raportage et d’administration où les chasseurs comptent, gèrent, chassent et obtiennent du profit sur le compte des animaux sauvages engendrera des erreurs graves, car tous les leviers sont entre les mains de ceux qui ont un intérêt direct. L’industrie de la chasse génère des millions d’euros ; un seul trophée d’ours vaut en moyenne 8000 euros, donc les motivations qui sous-tendent l’ordre en débat public sont pour le moins douteuses. Les observations des membres des associations sur le terrain indiquent que les estimations faites par les gestionnaires de fonds cynégétiques sont largement surévaluées.
Une fois confrontées avec les estimations faites par WWF Roumanie, certains de ces fonds ont réduit leurs effectifs rapportés, qui étaient parfois même 5 fois moindres. Un taux de croissance du nombre d’ours bruns de 50% plus grands que n’importe où ailleurs dans le monde, selon les données officielles, est improbable par rapport aux caractéristiques biologiques de l’espèce. Les quotas de chasse, eux, sont à la hausse chaque année. Les animaux en question sont protégés par la directive européenne Habitats. Y déroger peut se faire uniquement par l’adoption de solutions alternatives, or l’étude à la base de cet ordre ne propose que la chasse pour réduire les dégâts. Le niveau des dégâts, également rapportés par les chasseurs, croît d’une année à l’autre, pour justifier la chasse des grands carnassiers. Les associations d’environnement font valoir que les autorités ne traitent que les effets, mais ignorent les causes réelles des problèmes, en l’occurrence les déforestations, l’absence d’un système de compensations efficaces en cas de dégâts produits par ces animaux, le manque de sécurisation des communautés locales ou l’absence d’une stratégie pour les grands carnassiers des forêts roumaines, lit-on dans la presse. Espérons que les associations de défense des animaux et de protection de l’environnement aient gain de cause, pour éviter un carnage.