Jean-François Meile (France) – la chasse en Roumanie
La Roumanie a voté en début d'été une nouvelle loi de la chasse et de la protection du fonds cynégétique.
Ioana Stăncescu, 25.09.2015, 14:58
Recherchée par les chasseurs en raison de ses forêts vierges et du gibier qui y abonde, la Roumanie a voté en début d’été une nouvelle loi de la chasse et de la protection du fonds cynégétique. Critiquée dans un premier temps puisqu’elle préconisait de repousser les dates de fermeture de la chasse pour cinq espèces d’oies sauvages, la nouvelle loi a pourtant corrigé des erreurs. A titre d’exemple, elle a permis d’inclure sur la liste des oiseaux protégés l’oie des moissons dont la récolte permise s’élevait à 25.000 exemplaires, tandis que la Roumanie n’en recense qu’une centaine, selon la Société ornithologique de Roumanie. Malheureusement, selon les représentants de la dite société, l’alouette fait partie toujours des espèces chassables.
Chaque année, de nombreux étrangers déboursent entre 600 et 1000 euros pour faire la chasse aux alouettes roumaines. Un passereau qui n’intéressent pas les chasseurs autochtones habitués à marcher sur les traces du gros gibier qui peuple encore les forêts de chez nous. Aux dires d’Alin Florian, chasseur, la chasse une activité ancestrale qui a son rôle dans la protection de l’environnement. Et puis, il n’est pas facile d’obtenir son permis, comme nous l’explique-t-il.
Alin Florian: On passe d’abord un examen théorique, très rigoureux où l’on fait la preuve de nos connaissances en matière de législation, d’armes et de munition, de la chasse et du fonds cynégétique. Une deuxième épreuve théorique s’y ajoute pour vérifier la bonne connaissance des espèces protégées et des périodes de chasse. Pour se voir délivrer le permis de chasseur, il faut faire une année d’apprentissage aux côtés d’un chasseur pendant laquelle on a l’occasion d’apprendre des techniques sans pouvoir passer à l’action. Il est vrai que l’on pourrait vivre sans chasser, mais pourquoi le faire ? La chasse est plus qu’un morceau de viande ou un trophée pris en photo. La chasse renvoie aux temps où l’homme était avant tout, un prédateur. Les chasseurs aiment le défi, le challenge. Mais, il est essentiel de le faire comme il faut, en offrant au gibier des chances réelles de survie.
Selon Alin Florian, la chasse contribue à préserver le fonds cynégétique. Les chasseurs roumains préfèrent notamment le lièvre, le sanglier, le chevreuil et différentes espèces d’oiseaux. Selon les données fournies par la Régie nationale des Forêts, Romsilva, la Roumanie recense entre autres, 7000 ours, 7000 chamois, 170.000 chevreuils, 4600 loups, 62.000 sangliers, 9000 chats sauvages, 2200 lynx. Le chasseur n’a le droit d’abattre un seul exemplaire de plus que le quota admis s’il ne veut pas risquer des poursuites pénales, explique Alin Florian.
D’ailleurs, selon le président de l’Association générale des Chasseurs et Pêcheurs sportifs de Roumanie, AGVPS, Neculai Şelaru, le chasseur est surtout une personne qui protège le gibier avant d’en extraire un surplus toujours approuvé par l’Etat. Je cite M. Selaru dire le chasseur n’est pas un tueur. Au terme de la nouvelle loi, il sera obligé de s’inscrire dans une association qui gère des territoires de chasse. Sur un total de 70.000 chasseurs roumains, seulement 50.000 font actuellement partie d’une telle organisation. Du coup, le reste de 20.000 sont plus vulnérables à violer la loi. Mais, une fois devenus membres d’une associations, ils pourront bénéficier d’un territoire de chasse en échange d’une cotisation.
Selon Alin Florian, la chasse est une passion qui le fait débourser annuellement plus d’un millier d’euros. Un permis de chasse aux chevreuil, par exemple, se monte vers 250 euros. Mais, on en a besoin de plusieurs, car il est rare que l’on ait du succès dès la première fois, dit-il. Dernièrement, de nombreuses sociétés organisent des parties de chasse en Roumanie à l’intention des chasseurs venus de France, d’Italie, d’Allemagne, de Liban et d’autres pays. On y organise entre autres, des chasses en battue au sanglier, aux cerfs ou aux daims. Les étrangers sont ravis de participer à des parties de chasse à l’ancienne, au cœur des forêts vierges, en poursuivant le gibier, sans utiliser des astuces modernes et cruels qui rendent la bataille complètement déséquilibrée pour l’animal.
A son tour, le président de l’Association générale des Chasseurs et Pêcheurs sportifs de Roumanie, AGVPS, Neculai Şelaru, rappelle que le droit du chasseur de poursuivre le gibier afin d’en éliminer le surplus est garanti par la loi. On ignore souvent ce qui se passerait si la chasse aux ours, aux loups ou aux sangliers était interdite. On assisterait certainement à un désastre naturel. Pour l’instant, les seuls qui font ce désastre sont les braconniers qui malgré des peines de prison allant de 5 à 8 ans, continuent à tuer et à massacrer le gibier en détruisant le fond cynégétique et en portant atteinte à la réputation des véritables chasseurs.