Jacques Augustin (France) – les Roumains regrettent-ils les conditions de vie sous le communisme?
Le débat est toujours en cours, même 27 ans après la chute du communisme…
Valentina Beleavski, 04.11.2016, 13:41
Je vous donne une réponse personnelle. Je je peux vous dire qu’il a une partie de la société roumaine, des personnes âgées pour la plupart, qui affirment toujours que la vie était meilleure pendant le communisme. Pourquoi ? Parce que tout le monde avait un emploi, un salaire, une éducation, un logement. Personnellement, je ne m’explique pas comment les gens qui regrettent le communisme ont pu oublier les files d’attente interminables pour se procurer un kilo de sucre ou quelques œufs ou du pain. Comment ils ont pu oublier que des milliers de gens ont dû quitter leurs maisons au moment où des quartiers entiers ont été rasés pour faire construire le Palais du Parlement ou les nouveaux quartiers dortoirs de Bucarest. Comment ils ne se souviennent pas du froid qu’il faisait dans les appartements. Moi, j’avais 8 ans en décembre 89, je ne me souviens pas trop de choses sur cette époque-là. Mais je me rappelle très bien qu’il y a eu de nombreuses soirées où j’ai dû faire mes devoirs à la lumière d’une bougie, parce que l’électricité était coupée. Ou encore, j’ai vu dans une photo de ma première année d’école que je portais deux pulls sous mon uniforme. Peut-être que les gens qui regrettent le communisme n’avaient pas besoin d’information, ni de presse, ni de livres, peut-être qu’ils se contentaient d’avoir le strict nécessaire sans vouloir trop de choses dans la vie.
Les avis sont donc partagés au sein de la population roumaine. Ce sont surtout les gens plus âgés et moins aisés qui gardent une nostalgie pour l’époque communiste. Quant à ma génération, celle qui a passé son adolescence dans les années ’90, nous avons été témoins de la transition à une vie moderne. Nous avons vu nos choix dans la vie se multiplier d’une année à l’autre. Nous nous souvenons toujours de l’apparition des bouteilles de jus en tout genre dans les magasins, de la multiplication des chaînes de télévision, nous nous souvenons de l’apparition des portables et des années où Internet marchait très lentement. Nous nous souvenons aussi des années où les premières automobiles étrangères sont apparues dans les rues de Bucarest. Nous savons très bien d’où on est parti et où l’on en est aujourd’hui. La génération de nos enfants, elle, connaîtra une toute autre vie, une vie à moitié virtuelle si j’ose dire, une vie bien plus compétitive, bien plus rapide que le siècle de la vitesse. J’espère bien qu’ils auront le monde à leurs pieds et qu’ils en profiteront au maximum pour avoir une belle vie.