Jacques Augustin (France) – La peine de mort en Roumanie
La Roumanie a aboli la peine de mort par un décret-loi adopté le 7 janvier 1990, quelques semaines après la chute du communisme.
Ioana Stăncescu, 12.02.2016, 15:00
La coalition mondiale contre
la peine de mort est un collectif international d’ONGs, de barreaux d’avocats,
de collectivités locales et de syndicats dont le but est de renforcer la
dimension internationale du combat contre la peine capitale, apprend-on sur
Wikipedia. Elle facilite la constitution et le développement de coalitions
nationales et régionales contre la peine de mort, mène des actions de lobbying
auprès des organisations internationales et des États et organise des
événements de portée internationale. Fondée à Rome en mai 2002, elle a instauré
le 10 octobre comme Journée mondiale contre la peine de mort.
Pourtant, de nombreux Etats
du monde continuent à procéder à des exécutions. Bien qu’abolie dans de
nombreux pays, cette peine connue comme l’une des premières sanctions pénales
dans l’histoire de l’humanité se pratique de nos jours encore. La Chine, par
exemple, condamne à mort ceux qui se rendent responsables de faits graves de
corruption. D’autres pays le font pour crimes, viols, espionnage, haute
trahison, adultère ou trafic de stupéfiants. Appliquée depuis la nuit du temps,
la peine capitale reste une loi commune jusqu’au début du XIXème siècle quand
le mouvement abolitionniste commence à prendre de l’ampleur.
En 1998, les Etats de l’UE
ont décidé de renforcer leurs activités dans le domaine de la lutte contre la
peine de mort. À cet effet, ils ont adopté la première version des principes
directeurs en la matière. À cette époque, la peine capitale avait été abolie
dans la plupart des pays de l’UE et ceux qui ne l’avaient pas encore abolie ne
l’appliquaient plus. Depuis lors, tous les pays de l’Union ont ratifié le
protocole n° 6 de la Convention européenne des droits de l’homme concernant
l’abolition de la peine de mort. Il convient également de noter que l’abolition
constitue l’une des conditions pour devenir membre de l’UE, lit-on sur le site
Eur-lex.
Selon des données rendues
publiques sur Wikipedia, début 2015, il y avait dans le monde 105 États ayant
aboli la peine de mort en toutes circonstances, 6 États ne conservant la peine
de mort que pour les crimes militaires, 50 États considérés comme
abolitionnistes en pratique car n’ayant procédé à aucune exécution ces dix
dernières années et 39 États appliquant la peine de mort. Il faut avouer que
depuis la nuit du temps, les gens ont fait preuve d’une imagination diabolique
pour inventer différentes méthodes d’exécution. Considérées comme fort
cruelles, les méthodes anciennes ont disparu pour leur plupart, bien que des
témoignages disent que certaines subsistent dans certaines parties du monde.
Sur leur ensemble, rappelons la cage à marée, le crucifixion, la décapitation à
l’épée ou à la guillotine, le sciage, l’emmurement,
l’enterrement vivant. Les méthodes d’exécution modernes sont aujourd’hui au
nombre de huit (neuf si on considère deux manières différentes de pratiquer la
pendaison) : l’électrocution, l’empoisonnement par gaz létal, la
fusillade, l’injection létale, la pendaison, la décapitation au sabre en Arabie
saoudite, la lapidation en Iran, par exemple et le crucifiement au Soudan ou au Yémen.
La Roumanie a aboli la peine
de mort par un décret-loi adopté le 7 janvier 1990, quelques semaines après la
chute du communisme. Il faut dire que les dernières personnes condamnées à mort
en Roumanie ont été Elena et Nicolae Ceausescu, fusillés par un peloton
d’exécution le 25 décembre 1900.
Pourtant, la peine de mort
était une pratique très répandue en Roumanie, à l’époque médiévale. N’oublions
pas que le prince régnant Vlad s’est vu attribuer le surnom d’Empaleur justement
pour sa prédilection à empaler ses ennemis. La Roumanie a décidé d’abolir la
peine capitale, en 1866, au moment de l’entrée en vigueur de sa nouvelle loi
fondamentale. Une décision en place jusqu’en 1938 quand, nouvellement installés
au pouvoir, les communistes ont qualifié de fasciste la Constitution du
pays, l’ont abolie et ont réintroduit la peine capitale. Quelques années plus
tard, en 1957, persuadés que la réhabilitation était inutile dans le cas des
voleurs, les communistes exécutaient tous ceux accusés de fraude économique.
Une centaine de personnes au total ont été exécutées dans les prisons
communistes, selon les données officielles.
La peine de mort a toujours
suscité de vifs débats. Il existe de nombreux arguments. La peine de mort était
une violation d’un des principes fondamentaux de l’être humain – son droit à la
vie. Du coup, elle est en contradiction avec les principes démocratiques.
N’oublions pas que les procès criminels sont faillibles. Beaucoup de condamnés à mort ont été innocentés, parfois quelques minutes
seulement avant l’heure de leur exécution. D’autres sont morts avant d’avoir pu
être disculpés. Pour eux, l’erreur est irrévocable. La peine de mort réfute la
possibilité de réhabilitation et de deuxième chance. Ce ne sont là que quelques
arguments contre la peine de mort. Dans le camp adverse, ce sont les arguments
économiques qui prennent le dessus : pourquoi débourser de l’argent pour
un condamné à vie ? Et puis, un deuxième argument intervient, d’ordre
psychologique : la peine de mort décourage la criminalité. Les délinquants
doivent connaître les risques qu’ils encourent. Les partisans de la peine de
mort rejettent complètement la possibilité d’une réhabilitation en
prison ; selon eux, une fois remis en liberté, les délinquants ne
feront que reprendre les mêmes activités.