Guy Le Louet (France) – Quels pays ont la préférence des Roumains expatriés?
L'Etat roumain ne sait pas exactement combien de Roumains sont établis à l'étranger. Officiellement, ils seraient environ 5,7 millions à vivre au-delà des frontières nationales.
Valentina Beleavski, 04.05.2023, 20:00
Selon un article paru en novembre dernier sur le site d’Euronews Roumanie, à ce
jour, « l’Etat roumain ne sait pas exactement combien de Roumains sont établis
à l’étranger. Par exemple, selon le ministère roumain des AE, ils seraient
environ 5,7 millions à vivre au-delà des frontières nationales ». Selon
l’OCDE, citée aussi par Euronews Roumanie, la plus grande communauté roumaine
est à retrouver en Italie, avec environ 1 million 100 mille personnes. Suit
l’Espagne – où l’on recense environ 900 000 Roumains, l’Allemagne – avec
quelque 680 000 et la Grande Bretagne avec quelque 540 000 Roumains. Selon le
site Free Europe Roumanie, les chiffres sont plus élevés : il y aurait un
peu plus million de Roumains en Espagne, près de 950 000 – en Grande Bretagne
et quelque 826 000 en Allemagne.
Par conséquent, c’est toujours difficile de savoir
leur nombre exact, puisque les données varient selon les sources et puisque tous
les Roumains de l’étranger ne s’enregistrent pas en tant qu’expats et y restent
sans formes légales. S’y ajoutent ceux qui ont obtenu la nationalité du pays
d’accueil et donc ne figurent plus dans les listes des expats.
Pourquoi cet
exode massif qui ne cesse depuis 3 décennies ? Ils sont tous à la
recherche d’une vie meilleure, évidemment. Ils sont nombreux à ne pas trouver
un emploi en Roumanie ou bien à trouver des emplois très mal payés, et alors
ils s’orientent vers des boulots à l’étranger dans l’hôtellerie et la
restauration, dans l’agriculture ou dans le secteur des soins pour les
personnes âgées. Les médecins aussi ont quitté la Roumanie, et la France le
sait très bien. Les informaticiens aussi.
A part l’emploi, le site Free Europe
Roumanie énumère plusieurs autres raisons pour l’exode des Roumains : la
bureaucratie, la corruption, le manque de confiance dans la classe politique et
les systèmes déficitaires de l’éducation et de la santé. Autant de raisons pour
lesquelles nos compatriotes ont cherché une meilleure vie ailleurs.
Résultat : un déclin démographique accentué et le vieillissement de la
population restée au pays. Si bien que, dans les années à venir, il se peut
très bien que le nombre des retraités de Roumanie dépasse celui des salariés.
Autre
aspect à ne pas négliger : souvent, il ne s’agit pas d’une émigration
proprement-dite. Le plus souvent, un ou deux membres de la famille partent
travailler à l’étranger et envoient de l’argent aux autres membres restés en
terre roumaines pour qu’ils puissent vivre dans de meilleures conditions. Et
tout aussi souvent, ce sont les parents qui partent travailler et qui laissent les
grands-parents s’occuper des enfants restés au pays. Il y a déjà toute une
génération d’enfants qui a grandi presque seule et les conséquences en sont
évidentes : abandon scolaire, problèmes de discipline, dépression. Et ce ne
sont là que quelques exemples. Bien que dans son discours officiel, l’Etat
roumain parle souvent de l’urgence de persuader les expats à rentrer au pays,
il n’y a toujours pas de stratégie claire en ce sens.