Gilles Gautier (France) – Quels loisirs pour les séniors roumains?
La plupart des séniors roumains souffrent de solitude
Ioana Stăncescu, 14.09.2022, 19:51
On dit souvent que la
Roumanie englobe, en fait, deux pays : la Roumanie urbaine, celle des
grandes villes comme Bucarest, Brasov, Cluj, Iasi, Constanta ou
Timisoara et une
autre, rurale, où la vie se déroule au même rythme que dans les années
1970.
Dans cette partie de la Roumanie, les gens vieillissent très vite et au
fur et
à mesure que cela se passe, leur état physique et psychique se dégrade.
Pas de
loisirs pour la plupart d’entre eux, sauf les repas en famille, les
messes à
l’église ou les brins de causette avec les voisins. De temps en temps,
les
mairies locales organisent des fêtes champêtres ou des pèlerinages aux
monastères pour des prix dégriffés, car, malgré un travail soutenu, la
plupart de ces gens vivent dans la précarité. Ils s’occupent
de leurs potagers et ils élèvent parfois des volailles, mais juste pour
leurs
besoins personnels.
La situation change si l’on
se déplace en milieu urbain. Mais, même dans les grandes villes, le sort des
séniors diffère en fonction de leurs moyens financiers, de leur état de santé,
de leur degré de mobilité et de leur niveau d’éducation. Selon une enquête
commandée en pandémie par l’Association « Jamais seul – Les amis des
personnes âgées », un sénior roumain sur trois, soit 32% de la population
âgée urbaine, se sent isolé et manque d’un entourage capable à lui
donner un coup de main en cas de nécessité. Le sondage montre que dans la
catégorie des ceux de plus de 65 ans vivant en milieu urbain, une personne sur quatre, soit 450.000
personnes, se sent extrêmement seule et 36% des retraités se sentent plutôt seuls. Des
facteurs comme la dégradation de leur état de santé ou la perte de leur
partenaire de vie font que les séniors roumains n’arrivent plus à socialiser.
Les chiffres sont inquiétants : 28% des retraités roumains n’interagissent
qu’avec quatre personnes tout au plus, par mois, affirme l’Association
« Jamais seul – Les amis des personnes âgées ».
Selon les
spécialistes, le sentiment de solitude contribue à la dégradation de l’état de santé
des séniors roumains menant leur vie dans les villes. Sur leur ensemble, un
quart affirme avoir le moral en berne et 39% des ceux qui se disent très seuls
ont des soucis de santé. On assiste malheureusement, à un cercle vicieux, car
la santé précaire ne fait qu’isoler davantage ces gens qui, du coup, se voient
abandonner par la société. La plupart des séniors roumains, soit 64%, restent
chez eux, à regarder la télé ou à faire la cuisine. Seulement 43% des retraités
sortent se promener dans le parc ou dans leur quartier, 33% restent devant la
télé et 27% ont des préoccupations diverses telles le jardinage ou d’autres
hobbies. Plus on souffre de solitude, plus on a la tendance de s’isoler,
s’alertent les experts qui remarquent que pour nombre de séniors roumains la prise
de la retraite déclenche un sentiment d’inutilité. Faute de moyens financiers, faute de
structures censées les accueillir pour les occuper, les retraités de Roumanie
sont perçus souvent comme des victimes d’une société qui les délaisse. Ceux qui
profitent vraiment de leur retraite sont plutôt les séniors issus des milieux
éduqués, bien entourés, disposant de ressources financières leur permettant
de voyager ou encore de s’occuper de leurs passions. Et puis, disons aussi que
dans un pays où le niveau de vie est plutôt bas, nombre de séniors continuent à
travailler même après la retraite pour pouvoir joindre les deux bouts. Et
l’hiver n’est pas encore venu !
L’Association « Jamais seul – Les
amis des personnes âgées » est une organisation non gouvernementale qui
depuis 2015 soutient les pensionnaires des foyers pour les séniors de plusieurs
villes roumaines telles Bucarest,
Brăila, Ploieşti, Piteşti, Constanţa, Iaşi, Cluj-Napoca, Braşov, Râmnicu Vâlcea
et Târgovişte.