Gilles Gautier (France) – la crise des médecins en Roumanie
Effectivement, la fuite des cerveaux et notamment des médecins est devenue un véritable phénomène en Roumanie après 2007, lannée de son accession à lUnion européenne.
România Internațional, 01.05.2015, 14:08
Etant donné les conditions et le système, les facultés de profil forment des médecins notamment pour l’étranger. Avant, à la fin de leurs études, ils passaient quelques années dans le système roumain de santé pour acquérir de l’expérience. Pourtant, il est très difficile voire impossible pour un jeune de vivre avec 250 euros par mois, le salaire d’un médecin débutant. Alors ils partent d’emblée, tout de suite après avoir décroché leur diplôme.
En plus de la pénurie qui devient grave en Roumanie, il faut également compter les frais de scolarité, supportés par le pays, car la première faculté d’Etat suivie est gratuite. Ces dix dernières années, par exemple, la Roumanie a fait cadeau des professionnels de santé pour 600 millions d’euros, a déclaré récemment le vice-président de la Commission de santé du Sénat. Selon lui, environ 3000 — 3500 médecins sortent chaque année des facultés du pays, et un nombre équivalent part du pays. Plus de 14.000 médecins, mais beaucoup d’infirmiers aussi, ont quitté le pays depuis 2007.
Les dentistes et les chirurgiens choisissent notamment la France, l’Italie et l’Allemagne. Les médecins roumains représentent, selon le président du Collège des médecins de Roumanie, 60% des médecins étrangers travaillant en France. Il existe plus de 4000 médecins roumains en Allemagne. Une fois arrivés à l’étranger, la rémunération des docteurs arrive à être 8 ou 10 fois supérieure à ce qu’ils touchent ici.
En Irlande, ils gagnent 50.000 euros par an, tandis qu’au Danemark, ils peuvent arriver à 83.000. Ils sont appréciés et c’est une opportunité de carrière pour eux. Ainsi, la Roumanie perd-elle tous ses bons médecins, affaiblissant encore plus le système de santé du pays. Le déficit de médecins est déjà supérieur à 40% et se creuse, et des sections d’hôpitaux ultra performantes risquent et certaines arrivent même à être transformées en musée, disait le président du Collège des médecins de Roumanie.
Dans des spécialités telles que les soins intensifs, le pays compte un tiers des professionnels dont il aurait besoin. La Roumanie n’a jamais excellé au chapitre santé, elle est même l’élève la moins assidue des 28. La situation est différente en ville par rapport au milieu rural. Depuis 2007, rien n’a été fait pour accroître les salaires des médecins. A la campagne, nous avons même des zones non couvertes par des médecins.
Là, les cabinets médicaux sont la propriété des conseils locaux, et les professionnels de la santé sont tenus de payer un loyer. Ils ont été obligés par différents moyens de rénover ces espaces, même si le Code civil disposait que cette obligation incombait aux propriétaires. Il y a en Roumanie plus de 4.500 médecins traitants en milieu rural, dont plus de 3.300 touchaient un bonus pour leur travail ; un nouvel acte réglementaire a supprimé ce bonus pour la moitié de ces professionnels.
Au lieu de les stimuler, il existe, au contraire, cette « stimulation négative », qui a pour résultat de quitter le milieu rural pour la ville et même de quitter le pays. La Caisse nationale d’assurances maladie estime que bien au contraire, l’acte normatif en question permet aux médecins d’accéder à un plus de rémunération. Voilà, Gilles, j’espère avoir fait le tour du sujet. Bien des choses à toi et à Mme Agnès !