Françoise Hacart (France) – Avez-vous beaucoup de pollution ?
Alors que d'autres capitales européennes ont investi massivement dans les transports publics et le transport alternatif, Bucarest est à l'opposé.
România Internațional, 09.06.2017, 15:06
La Roumanie aurait beaucoup de mal à remettre en place un système interdisant aux voitures anciennes de circuler au centre-ville, une idée de triste souvenir pour ses habitants. Il faut savoir que du temps de Ceauşescu, il y avait ce type de circulation alternée. A cette époque, les propriétaires de véhicules se voyaient attribuer un quota de 40 litres de carburant par mois. En plus, il fallait faire la queue pour les avoir, quand il y en avait. Imaginez comment une telle mesure serait accueillie ici !
L’OMS a averti que les particules émises dans l’atmosphère par les voitures, les centrales électriques et autres tuent 3 millions de personnes à travers le monde. En fait, selon un rapport de l’OMS, 92% des habitants de la planète vivent à des endroits où le niveau de qualité de l’air ambiant ne respecte pas les imites de pureté établies par l’organisation mondiale.La Chine, l’Inde et la Russie sont les pays où le plus de gens sont morts suite à la pollution de l’air. Mais Bucarest ne se porte pas très bien non plus au chapitre pollution. La ville est suffoquée par le trafic, la poussière et les déchets.
L’Agence européenne pour l’environnement a estimé que la Roumanie enregistrait en 2013 28.000 décès prématurés suite à la pollution de l’air. Parmi les principales sources de pollution de l’air en Roumanie, Greenpeace liste le fait de brûler les combustibles fossiles dans le secteur énergétique, les activités industrielles, le transport routier, les chantiers du bâtiment, les haldes et les dépôts de déchets industriels et les décharges publiques, les systèmes de chauffage individuels. Ainsi, les estimations pour 2012 indiquaient que 11,6% de tous les décès dans le monde étaient associés à la pollution de l’air extérieur et à la pollution de l’air intérieur.
La Commission européenne pourrait infliger à Bucarest des amendes importantes parce que le réseau de suivi de la qualité de l’air n’est pas fonctionnel à 100%, la municipalité n’a pas élaboré le Plan pour la qualité de l’air, des pistes pour les vélos n’ont pas été construites, ni des couloirs réservés aux transports publics, et la gestion des déchets pose un grand problème. Bucarest est dans une procédure de pré-infraction. Ce sont surtout les particules fines en suspension qui polluent le plus dans la capitale roumaine. Si on entre dans la procédure d’infraction, l’amende est de 1,7 millions d’euros, et ultérieurement jusqu’à 120.000 euros par jour, jusqu’à ce que la situation trouve une solution.
Selon une étude pour l’année 2015, Bucarest occupait la 6e place parmi 174 villes du monde, avec une congestion de 43%, en hausse de 2% par rapport à l’année précédente. Cet indice montre combien les chauffeurs passent de temps en plus de la normale dans le trafic, par rapport à un trafic sans blocages. Les lundis, entre 8 et 9h du matin, le taux de congestion est de 91%. Vendredi entre 17h et 18h, le taux de congestion atteint 94%. Les 5 places avant Bucarest sont occupées par des villes ayant beaucoup plus d’habitants – Rio de Janeiro, Mexico City, Bangkok, Istanbul et Moscou.
Comment en est-on arrivé là ? Alors que d’autres capitales européennes ont investi massivement dans les transports publics et le transport alternatif, Bucarest est à l’opposé. Au sujet de la gestion des déchets, il faut remarquer que le tri sélectif ne se fait pas. La municipalité se proposait de construire un incinérateur. Oui, mais il faudra l’alimenter en quantités de déchets triés, et cela ne se fait pas. Ailleurs en Roumanie où le tri sélectif est organisé, les opérateurs ferment boutique parce que les habitants ne sont pas assez consciencieux. La Roumanie ne souhaite pas, non plus, importer des déchets. La pollution avec de la poussière à Bucarest est causée par les terrains laissés en friche et les chantiers abandonnés ainsi que par le nettoyage superficiel de la partie carrossable. En plus, l’élimination du timbre d’environnement permet qu’un nombre impressionnant de tacots très polluants entrent en Roumanie. Tous ces aspects demandent à être remédiés. Merci de votre intérêt, Mme Hacart.