Christian Ghibaudo (France) – Le monastère de Polovragi
Visite d'un couvent d'Olténie
România Internațional, 19.06.2020, 15:21
Il est vrai que lOlténie, cette région du sud de la Roumanie, dispose d’un nombre remarquable de couvents historiques, et on peut même réaliser tout un itinéraire pour les voir. Nous avons déjà eu l’occasion de vous parler de celui de Hurezi, très connu et qui figure au patrimoine mondial de l’UNESCO, de celui de Tismana ou du monastère Dintr-un lemn (D’un seul bois). Aujourd’hui, je voudrais t’emmener, Christian, toi et tous ceux qui souhaitent nous accompagner, visiter le monastère de Polovragi, un couvent de nonnes du département de Gorj. Pour mieux situer l’endroit, je dirai que la commune de Polovragi est située sur la route reliant les villes de Târgu Jiu, chef-lieu du comté de Gorj, à Râmnicu Vâlcea, chef-lieu du département de Vâlcea, dans la dépression délimitée par les Monts Parâng et les Monts Căpăţânii des Carpates Méridionales, au bord de la rivière Olteţ. On ignore d’où provient le nom de Polovragi ; il pourrait être d’origine dacique.
C’est un monastère historique, dont la construction a commencé en 1505 ; il a été érigé par deux frères d’Olténie : Radu Comis et Petru Spătaru. L’église actuelle est bâtie en 1643, à l’aide du prince régnant Matei Basarab. Le couvent a été ensuite refait de 1693 à 1712, pendant le règne du prince Constantin Brancovan – Saint Constantin Brancovan, puisqu’il a été canonisé. Ce dernier a fait restaurer la muraille d’enceinte, l’église, avec une peinture intérieure, a élevé sa tour et refait les cellules et le clocher, et a ajouté un exonarthex en style brancovan. Les visiteurs parcourent un chemin bordé de sapins pour arriver aux bâtiments religieux qui semblent former une forteresse. L’église du monastère de Polovragi, consacrée à la Dormition de la Mère de Dieu, est en style byzantin, de forme trilobée, avec des absides latérales. La tour est polygonale, avec une ornementation dans sa partie supérieure. Le côté ouest émerveille le regard, grâce à son style brancovan, à ses pavillons et terrasses décorées de fleurs. L’exonarthex et la tour de veille sont de style brancovan.
La peinture originale, de tradition byzantine, a été conservée ; il s’agit de fresques datant de 1698-1712, selon différentes sources, réalisées par des peintres issus de l’école brancovane. Ils étaient en fait les premiers élèves à avoir suivi l’école du monastère de Hurezi : Andrei, Simion, Hranit, Istrate et Constantinos. Constantinos était Grec. Il a peint sur la façade de l’exonarthex des monastères roumains du mont Athos. A noter aussi la fontaine couverte du côté nord. Il existe également une autre église dans la même enceinte, un vrai bijou, bâtie au XVIIIe. Le couvent dispose d’une riche collection d’icônes sur bois et sur verre, des XVIIIe et XIXe siècles, ainsi que de 3000 livres anciens en roumain, en vieux slave et en grec.
Sur l’église du monastère de Polovragi, la reine Marie de Roumanie disait que c’était une des plus belles qu’elle connaissait. Ce lieu de culte de proportions parfaites a également conquis la reine par sa peinture ancienne, inaltérée, et elle disait de l’iconostase que c’est « un chef-d’œuvre en bois ». « Nul emplacement ne peut être plus agréable que celui de Polovragi. Le petit couvent est tapi au pied même des montagnes tel un oiseau géant caché entre les arbres. Les mots ne peuvent pas décrire la merveilleuse harmonie de ces intérieurs d’église dont les siècles ont atténué les couleurs », écrivait la reine Marie dans son livre « Mon pays », sorti en 1916.
A proximité, vous trouverez la grotte de Polovragi, longue de 11 km. Les touristes peuvent visiter ses 800 premiers mètres ; la légende dit que c’était la grotte du dieu suprême des Daces, Zalmoxis. N’hésitez pas non plus à faire une promenade dans les Gorges de l’Olteţ. Voilà pour notre visite virtuelle cette semaine.