Christian Canoën (France) – Les maladies nosocomiales
Sont-elles en régression en Roumanie?
România Internațional, 16.08.2019, 14:18
Qui sait ? Les Roumains en ont pris conscience surtout après la tragédie de la discothèque Colectiv de Bucarest, en octobre 2015. Pour mémoire, cette nuit-là, un incendie violent s’est déclaré dans cette discothèque pleine à craquer de monde, et qui n’avait qu’une seule issue. Ensuite, les brûlés ont été emmenés à différents hôpitaux, mais la Roumanie n’était pas prête à gérer un nombre aussi important de grands brûlés. D’autre part, elle ne les a pas envoyés vers d’autres pays qui étaient en capacité de le faire, ou pas tout de suite. Lorsque certains sont arrivés dans différents hôpitaux étrangers, constat a été fait qu’ils étaient porteurs d’infections nosocomiales, qui ont été la cause de nombre de décès parmi les 64 personnes mortes après cet incendie. L’enquête a révélé qu’en plus, les désinfectants utilisés le plus couramment dans les hôpitaux roumains étaient très, très dilués, et donc ne pouvaient pas prévenir les infections. Les infections nosocomiales n’étaient pas rapportées par les médecins, donc les proportions du désastre n’étaient pas connues. Elles ne le sont peut-être toujours pas ! Les infections continuent de sévir dans les hôpitaux roumains, mais pour vous donner une idée, ils rapportent 5 fois moins d’infections nosocomiales que les hôpitaux allemands ! Un médecin a déclaré qu’il n’y a pas eu de changements majeurs à ce propos, même pas après la tragédie de Colectiv et après l’immense scandale des désinfectants dilués. C’est dire qu’avant l’incendie meurtrier de la discothèque Colectiv, on ne parlait pas du tout des infections nosocomiales en Roumanie. En guise d’exemple, disons qu’en 2014, un peu plus de 10.500 infections ont été rapportées, alors qu’en 2017, le nombre rapporté a quasiment doublé (plus de 19.500). Toutefois, dans de très nombreux cas, les infections dans les hôpitaux continuent de ne pas être rapportées — aspect reconnu même par la ministre de la Santé. En Roumanie, le niveau rapporté des infections à l’hôpital est de 1,4%, alors qu’en Allemagne, il est de 8%, a déclaré la ministre Sorina Pintea. Pourquoi ne pas rapporter ces infections ? La peur d’être sanctionné et le désintérêt comptent parmi les causes principales. Les médecins et les directions des établissements hospitaliers craignent les conséquences légales et les litiges potentiels, voilà l’explication. Cela constitue un problème majeur de sécurité pendant l’acte médical, a déclaré un médecin. En fait, vu que l’on ne fait pas de test bactériologique sur un patient lors de son admission à l’hôpital, il est impossible de dire si ce dernier a été infecté ou pas à l’hôpital. Il peut avoir déjà eu l’infection avant d’être interné. Pourtant, le fait de ne pas déclarer les infections mène à des décès qui auraient pu être évités. Voilà, M Canoën. A bientôt.