Le courrier des auditeurs du 8 novembre 2024
Ioana répond à vos messages
Ioana Stăncescu, 08.11.2024, 14:00
Madame, Monsieur, bonjour ou bonsoir et soyez les bienvenus à une nouvelle édition de votre courrier. Je suis très contente de vous retrouver pour avoir de vos nouvelles et vous, des miennes.
Avant toute chose, merci et félicitations encore une fois à toutes et à tous ayant participé à l’édition 2024 de la Journée de l’auditeur. Chère Maguy Roy, nous sommes désolés que votre contribution est arrivée trop tard, mais bon, comme on dit chez vous, mieux vaut tard que jamais. Voilà pourquoi, je vais en citer des extraits dans l’actuelle édition du courrier. En parlant de l’Intelligence artificielle, notre auditrice affirme et je la cite : « L’IA qui deviendra sûrement incontournable comme l’informatique ne laisse personne indifférent. Elle captive mais aussi suscite beaucoup de réticences voire une grande crainte que la technologie ne dépasse l’humain et devienne incontrôlable …un vrai monstre de Frankenstein ! Avez-vous entendu le « robot-violoncelliste » jouer une œuvre classique ? Techniquement, c’est parfait ! Mais où est l’émotion, la créativité, « l’âme » de l’interprétation ? L’IA présente de nombreux avantages : analyse et gestion de grands nombres de données, automatisation de tâches répétitives dans l’industrie, exploitation rapide de données en agriculture, commerce, finance, exploration (espace, océans, corps humain..) prévention des risques naturels et technologiques… Mais aussi de nombreux inconvénients : impact sur l’emploi, accentuation des inégalités (que deviendront les personnes qui souffrent d’illectronisme soit en France, 17% de la population selon l’INSEE ?) risques sécuritaires accrus, malveillance, cyberattaques, manipulation des individus et des pays en influençant nos idées, nos comportements, restreignant nos libertés, comme la reconnaissance faciale en Chine. Un sommet international sur l’action de l’IA se tiendra à Paris les 10 et 11 février 2025 réunissant chefs d’état, organisations internationales, experts mondiaux, représentants d’ONG et de la société civile afin d’élaborer un cadre d’intérêt public pour apporter des réponses concrètes à ces enjeux majeurs. Espérons-le ! » Merci bien, chère Maguy Roy, pour tous ces propos tellement justes et intéressants.
Le mois des prix littéraires
Madame, Monsieur, comme chaque année, le mois de novembre rime aux plus prestigieux prix littéraires. Pour 2024, les membres de l’Académie Goncourt ont couronné Kamel Daoud pour son roman « Houris ». Le prix Renaudot a été attribué à Gael Faye avec Jacaranda, et l’Académie française a primé Miguel Bonnefoy pour « Le Rêve du jaguar », qui a remporté aussi le Prix Fémina. Je profite de l’occasion pour vous rappeler que le roman Theodoros du roumain Mircea Cartarescu a été lui aussi, en lice pour le prix Fémina de cette année. Si vous êtes curieux de voir de quoi ce roman parle, vous le trouvez dans les librairies, traduit du roumain par Laure Hinckel.
Si vous avez suivi nos émissions, alors vous avez appris que cette année, pour la troisième fois dans son histoire, l’Académie Goncourt a annoncé sa troisième sélection depuis une autre ville que Paris. Et oui, cela s’est passé depuis Bucarest qui a accueilli sept des dix académiciens Goncourt. Lors d’une conférence de presse organisée au Musée de la Littérature, la liste courte a été rendue publique. Les quatre romans finalistes ont été : « Madelaine avant l’aube », de Sandrine Collette (JC Lattès) où l’auteure questionne l’ordre des choses, sonde l’instinct de révolte, et nous offre, servie par une écriture éblouissante, une ode aux liens familiaux. « Houris », de Kamel Daoud. Paru chez Gallimard, le roman raconte la tragédie d’Aube qui se retrouve une cicatrice au cou et les cordes vocales détruites. Muette, elle rêve de retrouver sa voix. Son histoire, elle ne peut la raconter qu’à la fille qu’elle porte dans son ventre. Dans un pays qui a voté des lois pour punir quiconque évoque la guerre civile, Aube décide de se rendre dans son village natal, où tout a débuté, et où les morts lui répondront peut-être. « Jacaranda », de Gaël Faye, paru chez Grasset raconte l’histoire sur quatre générations, du génocide des Tutsi au Rwanda, qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l’humanité, paradoxale, aimante, vivante. Et puis, le quatrième roman resté dans la course au prix Goncourt a été « Archipels » d’Hélène Gaudy, publié chez les Editions L’Olivier. Le livre déroule le fil d’un destin, à savoir celui de son père : les joies, les doutes, les guerres, l’Histoire qui passe en changeant le cours des choses. Comme vous le savez déjà, ce fut finalement le roman Houris de l’Algérien Kamel Daoud qui a remporté le prestigieux prix le lundi, 4 novembre. Cette fiction sur les massacres de la « décennie noire » en Algérie, entre 1992 et 2002 a enthousiasmé l’Académie.
Et puisque nous parlons prix littéraires, disons aussi que l’écrivain Éric Chacour qui a remporté en 2024 le prix des Cinq Continents de la Francophonie pour son premier roman, Ce que je sais de toi, par ailleurs sélectionné pour les prix Renaudot et Femina et lauréat du prix Femina des lycéens et du prix des Libraires sera présent dans les jours à venir à Bucarest. Né à Montréal de parents égyptiens, il a partagé sa vie entre la France et le Québec. Diplômé en économie appliquée et en relations internationales, il travaille dans le secteur financier. Son roman est en cours de traduction dans une quinzaine de langues parmi lesquelles l’anglais, le roumain, l’espagnol, le japonais et l’arabe.
Rapport UNESCO sur l’impunité
De la fiction passons à la réalité, à savoir au Rapport 2024 de la Directrice général de l’UNESCO sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité. Les chiffres sont inquiétants puisque, selon cette source, le taux mondial d’impunité pour les meurtres de journalistes reste très élevé: 85 %, soit une baisse de seulement 4 points en six ans. Entre 2006 et 2024, plus de 1 700 journalistes ont été tués dans le monde, et près de neuf cas sur dix de ces assassinats restent non résolus judiciairement, précise l’Observatoire des journalistes tués de l’UNESCO. L’UNESCO s’inquiète que l’impunité porte atteinte aux sociétés entières en dissimulant de graves violations des droits de l’homme, de la corruption et de la criminalité. Il faudrait donc que les gouvernements, la société civile, les médias et se joignent aux efforts globaux pour mettre fin à l’impunité. En fait, selon UNESCO, tous les quatre jours, un journaliste est assassiné. Voilà pourquoi, l’organisation a lancé une campagne mondiale pour lutter contre l’impunité.
En novembre 2023, lors de la célébration mondiale de la Journée internationale contre l’impunité pour les crimes contre les journalistes (IDEI) à Washington DC, un débat entre les représentants des médias, les ONG spécialisées, les députés et les responsables gouvernementaux a montré à quel point le rôle des journalistes était essentiel alors que près de 2,6 milliards de citoyens dans 81 pays s’apprêtaient à voter en 2024. Dans le cadre de l’IDEI 2023, une campagne mondiale de sensibilisation a également été lancée afin de faire entendre les voix des familles cherchant à obtenir justice pour les journalistes tués. Publiée pour l’IDEI 2023, l’étude couvrant la période entre janvier 2019 et juin 2022 révèle un total de 759 attaques individuelles contre des journalistes à travers 70 pays lors de 89 élections, dont cinq ayant entraîné la mort. En dix ans, l’UNESCO a formé plus de 36 000 juges et 11 500 officiers de police dans le monde, en établissant des partenariats avec des organisations telles que la Cour interaméricaine des droits de l’homme et l’Association internationale de police (IPA). Cet effort est soutenu par le Programme multidonateurs pour la liberté d’expression et la sécurité des journalistes de l’UNESCO, qui alloue des ressources pour répondre aux besoins les plus urgents en matière de liberté d’expression, de développement des médias et d’éducation aux médias et à l’information.
Réponses à vos messages
Passons maintenant à vos lettres et à vos messages. Et puisque le Goncourt a été remporté cette année par un roman qui parle d’Algérie, je vous propose de passer le bonjour à notre auditeur algérien Farid Boumechaal qui nous a envoyé de nouveaux rapports d’écoute. Merci bien de rester à l’écoute de notre volet actualité et de vous intéresser aux événements qui se passent dans cette partie de l’Europe. Bientôt, la Roumanie aussi aura ses scrutins électoraux et on va voir qui sera le prochain président du pays. En attendant, je vous souhaite une très bonne continuation sur nos ondes et à très bientôt.
Direction la Belgique pour un petit clin d’œil amical à notre ami André Biot qui au mois de juillet se plaignait du temps humide et du manque de soleil qui avait pratiquement détruit son jardin. Il est vrai que de ce point de vue la Belgique n’est pas trop gâtée, en revanche, je pense que cette année, les saisons se sont inversées. Car après un été qui a démarré péniblement, nous avons en ce moment l’un des automnes les plus doux des dernières années. Du moins, en Roumanie, où le soleil est de la compagne. Heureusement que cet été vous avez eu pas mal de compétitions sportives à regarder à la télé. Personnellement, je regarde rarement la télé, je préfère Netflix, mais quand il m’arrive, je choisis une chaine de cuisine. Cela me détend et me donne des idées pour les repas. Gros bisous et à bientôt ! Madame, Monsieur, c’est tout pour aujourd’hui. Ioana vous donne rendez-vous dans un petit mois. En attendant, portez-vous bien et prenez soin de vous.