Le courrier des auditeurs du 31.01.2025
Ioana répond à vos lettres et à vos messages...
Ioana Stăncescu, 31.01.2025, 10:16
Madame, Monsieur, bonjour ou bonsoir. Je suis très contente de vous accueillir sur les ondes de RRI pour une nouvelle édition du courrier. J’espère bien que vous êtes nombreux à l’écoute en ce moment, car j’ai un sujet très intéressant dont j’aimerais bien vous parler, à savoir pourquoi les femmes lisent –elles plus que les hommes. L’idée ne m’appartient pas, c’est à notre auditeur français Paul Jamet que je la dois. En fait, M. Jamet m’a fait part d’un article fort intéressant écrit par Etienne Bianchi dans le Courrier International et où l’auteur affirme en citant plusieurs études, que « les hommes, et notamment les hétérosexuels, semblent farouchement hermétiques à la lecture de romans, au contraire des femmes, friandes de fictions ». Une explication en serait, selon cet article, « la faute à un manque de modèles positifs et à des discours masculinistes très prégnants » dans les livres. Petite parenthèse, il est vrai qu’à l’heure actuelle, avec l’ampleur du féminisme et des phénomènes du type #metoo, de plus en plus de romans écrits par des femmes attribuent aux personnages masculins de rôles négatifs. N’empêche, l’article du Courrier international nous rappelle que « les romans sont considérés comme des passe-temps frivoles réservés aux femmes depuis l’époque victorienne ». Une idée complètement fausse puisque selon un baromètre sur la consommation culturelle en 2022, en Roumanie, « la culture nous rend plus ouvert d’esprit, renforce le sentiment d’appartenance à la communauté, encourage l’implication sociale et la tolérance envers les catégories marginalisées, nous aide à soutenir l’égalité hommes-femmes, à privilégier le dialogue et à mettre en valeurs la liberté ». Sur le site de la chaîne publique de télévision, j’ai trouvé un article intitulé « La lecture chez les Roumains. Les hommes lisent plutôt pour se renseigner, les femmes pour se détendre ». Les données sont extraites d’une enquête de la consommation culturelle en Roumanie en 2023 et obtenues en exclusivité par la TVR. Selon les experts, aucun produit culturel n’arrive à compenser l’absence de la lecture. Selon l’anthropologue Alec Bălășescu cité par trv.ro, les gens qui ne lisent pas sont souvent victimes de« l’intolérance et de l’incapacité de faire la différence entre mensonge et vérité ». Pire. L’absence de la lecture, ajoute l’expert, nourrit l’égo et nous fait penser que seules nos idées sont bonnes.
Malgré une légère tendance à la hausse de la consommation culturelle en Roumanie entre 2022 et 2023, les pourcentages restent très bas. D’ailleurs, cette tendance de tourner le dos aux livres est valable dans d’autres pays aussi. Selon les chiffres fournis par Eurostat, quelque 7,4 millions de Roumains âgés de plus de 16 ans, n’ont lu aucun livre ces douze derniers mois. Parmi les pays européens, c’est le Luxembourg qui affiche le pourcentage de lecteurs le plus significatif, à savoir 75,2%, suivi par le Danemark, 72,1% et l’Estonie, 70,7%. En Roumanie, sur l’ensemble de la population, la plupart des lecteurs se trouvent dans la catégorie d’âge 16-29 ans, à savoir 60,1%. Ce sont les séniors de plus de 65 ans qui montrent le plus grand désintérêt pour la lecture. Et puis, aussi bien en Roumanie que dans le reste de l’UE, les femmes lisent plus que les hommes.
Le baromètre culturel 2023
Le baromètre 2023 sur la consommation culturelle en Roumanie nous apprend que les principales raisons pour lesquelles les Roumains affirment ne pas lire sont le manque de temps dans le cas des femmes et le manque d’intérêt, dans celui des hommes. Citée par le même site de la télévision publique, tvr.ro, Carmen Croitoru, à la tête de l’INCFC et autrice du Baromètre de la consommation culturelle, passe en revue les principaux arguments qui poussent les Roumains à lire. « La plupart des sondés, à savoir 22%, ont lu cette dernière année entre 1 et 5 livres. Seulement 10% des Roumains ont lu douze livres ou plus ». A la question, pourquoi lisez-vous ?, la plupart des répondeurs ont affirmé pour le plaisir. En revanche, à la question « pourquoi ne lisez-vous ? » les Roumains ont invoqué plusieurs raisons: le temps, l’intérêt ou des soucis de santé. Un aspect très intéressant constaté en Roumanie est le portrait du lecteur fidèle. Celui-ci est un homme issu du milieu urbain et ayant une situation matérielle au-dessus de la moyenne. C’est une personne prête à investir plutôt dans des objets culturels : livres, CD, DVD, que dans des dispositifs électroniques : ordinateurs, tablettes, smartphones, etc.
En revenant à l’article du Courrier international, l’auteur Etienne Bianchi se pose la question si une crise de la lecture se nourrit d’une certaine crise de la masculinité ? Les sites Dazed et Vox soulignent et je cite « un manque de modèle masculin positif qui encouragerait à la lecture les jeunes hommes ». N’empêche, la plupart des prix de la littérature sont remportés par les auteurs masculins, en France comme ailleurs. Il suffit de regarder un peu sur les listes des nominés pour voir la différence. Je voudrais conclure en citant encore une fois le baromètre de la consommation culturelle présentée par la télévision publique sur son site et insister sur les propos du sociologue Bogdan Voicu, de l’Institut de recherche de la qualité de la vie. Selon lui, il y a un rapport évident entre le degré de tolérance et la place que la lecture occupe dans nos vies. Mais, dit-il, il serait possible que les deux découlent du niveau d’éducation. Encore une fois, il faudrait que les sociétés actuelles gardent en tête l’importance d’éduquer en permanence les populations.
Retours à vos messages
Restons toujours en France et dirigeons-nous à Biganos pour passer le bonjour de nous tous à Philippe Marsan. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais le traditionnel concert du Nouvel an de l’orchestre de Vienne est aussi le coup de cœur du programme offert par la télévision roumaine le premier jour de la nouvelle année. Un régal, comme vous le dites très bien ! Nous sommes contents que vous continuiez à rester à l’écoute de RRI et que vous soyez un des auditeurs fidèles de notre chaîne. Vous avez suivi le courrier des auditeurs, mais aussi l’édition de la rubrique « Son des mots » qu’Alex a consacrée au dessinateur Stanislas Barthélémy. Pour nous, les journalistes de RRI, il est très important de savoir que notre travail suscite l’intérêt des ceux qui nous écoutent. Merci bien de votre retour et bien des choses à vous et à vos proches !
Merci Reine et Roger pour vos vœux de fin d’année. A notre tour, on vous souhaite du bonheur, plein de santé et de joie et espérons que RRI vous offre des moments agréables grâce à ces programmes. Bonne continuation sur nos ondes !
Déplaçons-nous en Algérie pour un petit coucou amical à notre auditeur Abdelhakim Boudjemaa. Cher Monsieur, nous sommes fort contents de vous savoir à l’écoute de nos émissions. En revanche, il faut préciser que RRI n’est pas une radio commerciale et donc, elle n’a pas de matériels publicitaires. Nous n’avons pas la possibilité de récompenser par des cadeaux la fidélité de nos amis du monde entier. Les commentaires et les retours sur nos émissions vous valent des cartes QSL en format électronique. Merci de rester à l’écoute de RRI !
Un beau poème d’Afrique
Restons toujours en Algérie pour passer le bonjour de nous tous à Nouari Naghmouchi, notre fidélissime auditeur qui nous a envoyé un très beau poème, intitulé Tant que et que je voudrais bien lire pour vous tous :
Tant qu’il y aura des saisons/Pour dérouler nos semaines/Oui, nous nous rappellerons/Tous ces beaux soirs qu’elles amènent/Tant qu’il y aura des saisons/C’est sûr nous ferons ensemble/La corvée à l’unisson/Du partage qui nous rassemble
Des saisons, un violon/Des saisons, un cotillon
Tant qu’il y aura des enfants/Pour déjouer la routine/Qu’ils crieront « Papa! Maman! »/Sous les parfums de la cuisine/Tant qu’il y aura des enfants/Pour éclairer l’innocence/Nous nous créerons des instants/Noyant l’indifférence
Des enfants, des bonheurs/Des enfants, des tilts cœurs
Tant qu’il y aura de l’amour/Qu’on en mettra sur la table/Il y en aura tous les jours/Aux étrangers, nos semblables/Tant qu’il y aura de l’amour/Dans les bras de la chance/Nous serons des troubadours/Pour soigner la souffrance
De l’amour, à ton tour/De l’amour, à mon tour
Tant qu’il y aura de l’argent/Pour nourrir ses habitudes/L’être humain n’aura pas le temps/D’habiter sa solitude/Tant qu’il y aura de l’argent/Pour nourrir des regards anonymes/L’être humain, lui, perdra son temps/À vouloir qu’on le surestime
De l’argent, s’il t’en manque/De l’argent, fuis les banques
Tant qu’il y aura des matins/Pour flâner sur un banc de brume/Et cueillir, là, à deux mains/Le dernier rayon de lune/Tant qu’il y aura des matins/Qui luiront dans la rosée/Nous aurons, oui, c’est certain/Des cauchemars à oublier
Des matins, en refrain/Des matins, à demain.
Chers amis, sur ces belles paroles, notre courrier prend fin. Ioana vous dit au revoir et vous donne rendez-vous d’ici un mois pour une nouvelle édition de ce programme. En attendant, portez-vous bien et prenez soin de vous.