Le Courrier des auditeurs du 24 mai 2024
Alex répond à vos messages et à vos questions.
Alex Diaconescu, 24.05.2024, 15:14
Bonjour à toutes et à tous ! Je suis très heureux de vous retrouver dans le cadre du courrier des auditeurs, l’émission phare de RRI. J’espère que tout va bien chez vous, où que vous soyez. En Roumanie, les journées ensoleillées alternent avec les journées pluvieuses et les chutes des températures reviennent après quelques jours de beau temps. Les élèves et lycéens se préparent pour les évaluations de fin d’année ou les examens de fin de cycle d’enseignement. Entre temps, d’autres Roumains entament des travaux de rénovation ou de jardinage, les magasins de construction et bricolage sont archipleins, alors que les weekends, le bruit des tondeuses envahit des quartiers normalement paisibles. Enfin, les candidats aux élections locales et les partis politiques sont en campagne électorale, la première de cette année. Un sujet qui arrive peu à peu à dominer l’espace public actuellement. Bref, tout le monde attend que tout cela finisse, pour commencer les grandes vacances et pouvoir se réjouir de la chaleur, du soleil, de la mer, de la plage, des voyages et des découvertes.
Jacques Augustin – quelle proportion de Roumains sont propriétaires de leur logement?
Et j’entre dans le vif du sujet avec le mail que nous a envoyé M Jacques Augustin de France. Je cite le message qui accompagne votre rapport d’écoute pour lequel nous vous remercions. « La chronique sur la hausse des prix dans l’Immobilier m’a vivement Intéressé et m’amène à vous demander quelle proportion de Roumains sont propriétaires de leur logement et si l’emprunt dure longtemps avant un remboursement total du crédit contracté? Les banques prêtent-elles à des taux intéressants ? Sur ces questions s’achève cette lettre en espérant vous retrouver sur les ondes de Radio Roumanie Internationale et en vous souhaitant à toutes et à tous une bonne semaine. » Merci beaucoup M Jacques Augustin de votre rapport d’écoute et de votre message.
94,8% des Roumains habitent un domicile dont ils ou leur famille en sont propriétaires
Effectivement, sachez que la Roumanie compte le taux le plus important d’Europe de personnes qui sont propriétaires du logement qu’ils habitent et un des plus importants au monde, d’ailleurs. Selon les chiffres de l’Eurostat, en 2022, 94,8% des habitants du pays vivaient dans un appart ou maison dont ils étaient les propriétaires. La Roumanie était suivie par la Slovaquie, avec 93%, la Croatie, avec 91% et la Hongrie avec 90%. A comparer avec la moyenne européenne de 69% de propriétaires et de 31% des Européens qui louent un logement. En Roumanie le taux de ces derniers est de 5,2% seulement, alors qu’en Allemagne plus de la moitié de la population vit dans une maison ou un appartement loué. A première vue, on dirait que les Roumains sont tous des personnes aisées, puisqu’ils se permettent de s’acheter un logement. Eh bien, loin de là. D’ailleurs, cette situation est en partie une conséquence du … communisme. Au cours de 50 ans de communisme, le régime a opéré une industrialisation intense du pays, juste après la collectivisation de l’agriculture. Cela a engendré une ample migration depuis le milieu rural vers celui urbain. Par conséquent, les dirigeants se sont vus obligés de construire de nombreux immeubles à appartements afin de pouvoir loger tous les nouveaux citadins. C’est ainsi qu’ont vu le jour à travers le pays de quartiers entiers constitués de barres d’HLMs, appelé les « quartiers dortoirs ». Leurs locataires avaient la possibilité d’acheter l’appartement qui leur était réparti initialement en fonction de plusieurs critères, dont l’état civil et le nombre d’enfants. Après la Révolution anticommuniste de décembre 1989, dans le contexte d’une inflation galopante, les Roumains ont pu s’acheter assez facilement les appartements qu’ils occupaient, bénéficiant de mensualités étaient fixes, aux termes de contrats d’origine. Je me souviens par exemple que mes parents ont payé les dernières mensualités d’un seul salaire. Ajoutons aussi que ces 20 dernières années, plusieurs millions de Roumains, des jeunes notamment, ont quitté le pays pour s’établir en Europe occidentale. Autre précision importante : il n’est pas rare de voir trois générations habiter sous le même toit. En effet, de nombreux Roumains ne quittent pas la maison familiale, même après avoir fondé leur propre famille. Pour certains, c’est plus pratique de bénéficier de l’aide des parents avec les tâches ménagères et la garde des enfants et de se concentrer sur le travail. D’autres ne se permettent point de louer, ni d’acheter un appartement. Dans certains cas, une fois à la retraite, les grands-parents déménagent à la campagne et cèdent leur appart en ville aux enfants.
Et c’est ainsi que l’on arrive à une autre statistique fournie par l’Eurostat : les conditions dans lesquelles habitent les Roumains. En 2022, 40,5% des Roumains habitaient des demeures agglomérées, soit le deuxième taux le plus élevé d’Europe après la Lettonie, alors que la moyenne européenne est de 16,8%. A remarquer aussi que la dimension de l’espace habitable, mesurée selon le nombre moyen de pièces par personne, est un autre paramètre dont la valeur est assez basse en Roumanie. Un Roumain habite en moyenne 1,1 pièce par personne, le niveau le plus bas d’Europe, identique à celui de Pologne et de Slovaquie, alors que la moyenne européenne en est de 1,6 pièces par personne. Au Luxembourg, en Belgique, en Irlande et aux Pays-Bas ce taux est de plus de deux pièces par personne. Pourquoi cet état de choses en Roumanie ? Sans doute puisque le confort des travailleurs qu’il fallait loger dans les nouveaux immeubles n’était pas une des principales préoccupations du régime communiste. Les appartements étaient petits et les critères de répartition étaient très stricts. Rien qu’un exemple : une famille avec un enfant avait le droit à un appart à deux pièces – chambre à coucher et salle de séjour. Pourtant au début elle ne pouvait espérer qu’à obtenir un studio. C’est pourquoi certains Roumains s’adonnaient à toute sorte de subterfuges dont de fausses attestations médicales, comme quoi un des deux époux souffrait d’une maladie respiratoire par exemple. C’est ainsi que mes parents ont décroché en 1988 une répartition pour un appartement à trois pièces au lieu de deux. C’était une pratique assez répandue, car à l’époque communiste, la corruption était omniprésente.
Acheter ou louer ?
Dans ce contexte, où l’on est tous propriétaires il est tout à fait normal que les nouvelles générations choisissent de s’acheter un appartement ou une maison plutôt que de louer. D’abord, parce que l’immobilier est toujours vu comme un investissement sûr. Après l’inflation galopante des années ’90 et la chute de schémas pyramidaux, des fonds d’investissements et la faillite de certains fonds à l’époque, les Roumains sont persuadés qu’une propriété immobilière sera toujours le moyen le plus sûr de consolider et de léguer son patrimoine. Et pas en dernier lieu, à l’heure actuelle, rembourser un crédit hypothécaire peut s’avérer moins cher que de payer un loyer pour le même type d’immeuble. Explication : la mensualité moyenne pour les crédits hypothécaires de Roumanie est de 400 euros environ, soit égale au loyer moyen pour un deux pièces. Le prix moyen d’un logement tourne autour des 1 800 euros par mètre carré à Bucarest, un des plus élevés du pays mais pas si élevé qu’à Cluj, dans le centre-ouest, où le prix moyen est de quelque 2 800 euros. Du coup, les Roumains disent souvent qu’ils préfèrent investir dans leur propre appart que de payer un loyer, estimant qu’ils perdent ainsi leur argent.
Les taux d’intérêt aux crédits hypothécaires en Roumanie
Enfin, pour passer à vos questions relatives aux taux d’intérêt que proposent les banques, M Augustin, j’avoue qu’il est assez difficile de faire une moyenne puisque les offres varient d’une banque à l’autre. Généralement, pour les crédits en monnaie nationale, le leu, les banques proposent une période de remboursement de 3 à 5 ans durant laquelle le taux d’intérêt est fixe s’élevant à un peu plus de 5%. Ensuite les débiteurs paient des taux d’intérêt variables qui tournent actuellement autour des 8%. Ces taux sont assez élevés par rapport à ceux pratiqués en Europe, une conséquence des risques de l’économie roumaine et c’est pourquoi les Roumains tentent de déposer une avance de plus en plus importante lorsqu’ils s’achètent une habitation, afin de s’endetter moins. Selon la revue Forbes, en Roumanie la valeur moyenne des crédits hypothécaires accordés durant les 3 premiers mois de cette année a été de 66 000 euros.
Voilà donc pourquoi les Roumains seront toujours enclins à tout faire pour acheter leur habitation et resteront au top mondial des propriétaires de leurs logements. Merci à Jacques Augustin de France de nous avoir proposé un sujet de discussion si vaste, si intéressant et si actuel.
Annonce de Radio DX Club d’Auvergne
Et la fin de ce courrier des auditeurs approche à grands pas, mais pas avant de passer en revue rapidement quelques messages. Le Radio DX Club d’Auvergne, nous annonce le décès de Jacques Mary, membre du Collège d’Administrateurs du Radio DX Club d’Auvergne et Francophonie et fidèle soutien de l’association. Nous sommes vraiment désolés de cette triste nouvelle et nous assurons sa famille de toute notre sympathie. Nos sincères condoléances !
Philippe Marsan, à l’écoute avec un fil tendu dans le jardin
Je tiens à saluer aussi M Philippe Marsan, à l’écoute à Biganos, en France, en ondes courtes, tous les vendredis. Vous attachez un rapport d’écoute exhaustif pour lequel nous vous remercions. « Un petit récepteur portatif a été employé et son antenne « fouet » a été accrochée à un fil tendu dans le jardin », écrit notre ami. Bravo, M Marsan, pour avoir expérimenté avec ce type de moyens d’écoute, puisque vous approchez l’essentiel de la radio : l’écouter tout simplement avec « un fil tendu dans le jardin ».
Et sur cela, notre courrier des auditeurs touche à la fin. Merci de l’avoir suivi ! A bientôt !