Le courrier des auditeurs du 21 juin 2024
Alex répond à vos lettres et à vos messages
Alex Diaconescu, 21.06.2024, 15:31
Bonjour et soyez les bienvenus à cette nouvelle édition du Courrier des auditeurs que je suis ravi d’animer à nouveau. L’été est bel et bien installé en Roumanie et un air de vacances se fait sentir dans les villes roumaines. Les écoliers ont terminé les cours et les passionnés de foot organisent leur programme en fonction des matchs de l’Euro 2024 et plus particulièrement des matchs de la Roumanie. Enfin, nos pensées se dirigent vers les vacances, les découvertes et les loisirs estivaux. On a oublié semble-t-il les élections locales et européennes qui viennent de se terminer, ainsi que celles présidentielles et législatives prévues pour l’automne. La guerre en Ukraine, l’inflation et la récession économique qui s’installe en Europe semblent être loin de nos préoccupations quotidiennes. Du moins pour l’instant.
RRI et Radiocom améliorent les émissions en DRM
Et j’entre dans le vif du sujet avec une annonce du service communication et relations publiques de la Radiodiffusion roumaine. Radio Roumanie Internationale (RRI) et Radiocom ont amélioré la transmission du signal radio numérique DRM depuis les émetteurs de Țigănești (près de Bucarest). Les deux sociétés ont modernisé la configuration du système d’émission DRM Content Server head-end à l’aide de Fraunhofer IIS, membre du Consortium DRM, et de STARWAVES. Les améliorations techniques incluent la mise en place du plus récent standard audio xHE – AAC et la publication en temps réel des infos de RRI en plusieurs langues via la fonction texte avancée Journaline de DRM qui permet l’affichage en mode texte sur les affichages des appareils radio. Cette modernisation permet à RRI et à Radiocom d’améliorer la qualité de la réception, qui s’approche maintenant de celle des chaines FM. Autres avantages : une consommation énergétique plus basse, une offre interactive de contenu éditorial, ainsi que la présence et la couverture des émissions internationales en ondes courtes, qui peuvent franchir de nombreuses régions du monde.
Radio Roumanie international émet des programmes conformément au standard numérique DRM qui rend possible une expérience supérieure d’écoute en anglais, français, allemand, espagnol et italien. Comme d’habitude, nous attendons vos réactions et vos commentaires au sujet de cette amélioration.
Christian Ghibaudo – élections européennes et reconnaissance de la Palestine
Et je passe maintenant à un mail que nous a envoyé notre fidèle auditeur Christian Ghibaudo de France il y quelques semaines « Bonjour, Dans une semaine, les bureaux de votes dans l’Union Européenne seront ouverts pour élire les députés qui représenteront chaque pays au sein du Parlement Européen. J’ai donc quelques questions, habituellement ces élections intéressent-elles les roumains ? » Vous ajoutez ensuite également « A propos de la Palestine, j’ai vu que la Roumanie reconnaissait l’existence d’un état palestinien, cette reconnaissance a été faite sous le régime communiste. Et je voudrais savoir si, depuis les différents gouvernements élus démocratiquement ont pensé remettre en question cette reconnaissance ? Par ailleurs la Roumanie de Ceausescu a-t-elle voté pour la création de l’État d’Israël à l’ONU ? » Eh bien M Ghibodo, je ne vais pas trop insister sur les élections européennes, je vais seulement préciser que cette année la présence aux urnes s’est élevée à 52,42%, soit la plus élevée enregistrée par la Roumanie depuis son adhésion en 2007. Certes, cette année la présence aux urnes pour les élections européennes a été plus élevée aussi parce que ce scrutin s’est déroulé de manière simultanée aux élections locales. Mais de toute façon, l’intérêt pour qui la Roumanie enverra à Bruxelles et Strasbourg ne fait que croitre, d’une élection à l’autre, ce qui est réjouissant. En ce qui concerne la deuxième partie de votre mail et la question sur les relations de la Roumanie avec le Proche-Orient et notamment Israël et Palestine, mentionnons que les autorités de Bucarest ont reconnu l’Etat hébreux et ont établi des relations diplomatiques le 11 juin 1948, donc bien avant l’arrivée au pouvoir de Nicolae Ceausescu. Dans les années 1950, les relations entre les deux Etats ont été sinueuses, à cause du contexte international et du refus des autorités roumaines de l’époque de permettre aux Juifs de Roumanie d’émigrer en Israël.
Une politique étrangère inédite avec Nicolae Ceausescu
L’avènement au pouvoir de Nicolae Ceausescu a impliqué un petit changement dans la politique extérieure de la Roumanie, qui s’est détachée en quelque sorte des lignes directrices imposées par Moscou. C’est pourquoi, durant la guerre de six jours en 1967 et dans la période qui a suivi, la Roumanie a été l’unique Etat du bloc de l’Est qui a maintenu des relations diplomatiques avec Israël. Plus tard, dans les années ’70, la Roumanie a permis à ses Juifs de partir pour Israël, mais toujours en échange de payements en liquide faits par l’Etat hébreux. En effet, la Roumanie a vendu ses citoyens. Parallèlement, notre pays compte parmi les 96 Etats de l’ONU et des quelques Etats de l’UE qui reconnaissent l’Etat Palestinien. Ces liens datent toujours de l’époque communiste et sont également une conséquence de la politique de Nicolae Ceausescu, qui se voulait dans les années 1970 une sorte de médiateur du conflit israélo-arabe. On dit qu’il souhaitait décrocher ainsi le Prix Nobel de la Paix. Sur toile de fond de l’intensification des relations économiques avec différents Etats arabes et d’une proximité idéologique avec ceux-ci, qui étaient pour la plupart dirigées par des partis et des politiciens néo-marxiste, la Roumanie arrive à reconnaitre en 1972 l’Organisation de libération de la Palestine en tant qu’unique représentant légitime du peuple palestinien. En 1974, l’OLP a ouvert une représentation permanente à Bucarest, quasiment un office diplomatique.
Les relations de la Roumanie de Ceausescu avec les Etats arabes dirigés par des partis et politiciens de gauche
La reconnaissance de la Palestine s’est faite aussi dans un esprit d’anticolonialisme dans le contexte de l’appui que l’URSS et les Etats du bloc communiste accordaient à ce mouvement en Asie et en Afrique. La Roumanie a finalement reconnu l’Etat de Palestine le 16 novembre 1988, et en novembre 1989 la représentation de l’OLP s’est transformée en ambassade de Palestine. Parallèlement, de nombreux jeunes d’Etats arabes, ainsi que de Palestine, ont fait des études en Roumanie, rencontré des femmes roumaines qu’ils ont finalement épousées. Les relations cordiales entre Nicolae Ceausescu et Yasser Arafat, le leader de l’Organisation de libération de la Palestine ont fait de la Roumanie un partisan de la cause palestinienne. Yasser Arafat visitait souvent la Roumanie. Des militants palestiniens blessés dans les combats étaient soignés dans des hôpitaux roumains alors que les leaders de l’OLP se rendaient souvent en Roumanie en vacances, le tout sur les frais de l’Etat roumain. D’ailleurs, la Roumanie était aussi un sponsor de la cause palestinienne même si dans les années 80 les Roumains souffraient des pénuries dans leur pays. Les Palestiniens ont fait en Roumanie des études de médecine et de polytechnique, mais certains ont aussi étudié à l’Académie militaire de Bucarest.
La communuauté roumaine de Paléstine
Selon les estimations du ministère roumain des Affaires Etrangères, la communauté mixte roumano-palestinienne de Palestine compte quelque 2 000 personnes. Elle est composée principalement de femmes mariées à des Palestiniens qui avaient fait des études en Roumanie ou qui avaient monté différentes entreprises dans notre pays à travers le temps et d’enfants issus de couples mixtes, citoyens roumains. S’y ajoutent les anciens étudiants palestiniens en Roumanie qui sont locuteurs de langue roumaine, attachés aux valeurs culturelles roumaines et porteurs d’un message identitaire roumain selon le ministère des Affaires Etrangères de Bucarest. Cela explique pourquoi la Roumanie déroule depuis octobre dernier d’amples opérations d’évacuation de centaines de ressortissants roumains et de membres de leurs familles, qui fuyaient la guerre dans la Bande de Gaza. RRI en a constamment parlé dans le cadre des segments « actualités » de nos émissions. Il s’agit d’opérations complexes impliquant les autorités de Bucarest, l’office de représentation de la Roumanie en Palestine à Ramallah, qui avait été ouvert en octobre 2009 et l’ambassade de Roumanie au Caire, en Egypte, ainsi que les autorités israéliennes et égyptiennes. Parallèlement, en arrivant en Roumanie, les personnes évacuées de Gaza passent par des filtres et des interviews de sécurité réalisés par le Service roumain de renseignements qui cherche à identifier d’éventuels liens avec l’organisation terroriste du Hamas. Comme je viens de le dire, il s’agit d’opérations complexes déroulées dans un contexte très délicat. Mais jusqu’ici toutes ces opérations ont été couronnées de succès.
De bonnes relations tant avec la Palestine, qu’avec Israël
Pour conclure, la Roumanie partage une histoire commune et des liens étroits aussi bien avec Israël qu’avec la Palestine, et la diplomatie roumaine tente de trouver un juste milieu entre les deux. Etant donné que d’importantes communautés roumaines existent en Palestine mais aussi en Israël, les évolutions sécuritaires dans le Proche Orient sont particulièrement importantes pour nous. D’ailleurs, parmi les victimes de la guerre israélo-palestinienne figurent aussi des Roumains. Cinq citoyens à double nationalité roumano-israélienne ont été tués en Israël durant et après l’attaque du Hamas, dont deux en captivité en décembre dernier. D’ailleurs, le mouvement terroriste avait capturé plusieurs otages de nationalité roumaine, dont certains ont été libérés. Entre temps, il n’y a pas d’informations sur les victimes de nationalité roumaine dans la Bande de Gaza, mais vu la taille de la communauté roumaine en Palestine, on peut soupçonner que celles-ci existent aussi.
Et avant la fin de cette émission je tiens aussi à remercier tous ceux et toutes celles d’entre vous qui nous ont envoyé des rapports d’écoute. A bientôt!