Le courrier des auditeurs du 09.08.2024
Ioana répond à vos messages et à vos questions
Ioana Stăncescu, 09.08.2024, 09:34
Madame, Monsieur, bien le bonjour. Comment allez-vous ? Qu’est-ce que vous faites de beau pendant cette période estivale ? Personnellement, j’ai repoussé mes vacances au-delà du 15 septembre, après les examens d’admission à l’Université de ma fille. Pourtant, j’ai fait deux petites fugues à la mer.
Les enfants disparus en Roumanie
Et justement, en parlant de fugue, je vous invite à discuter dans les minutes suivantes, des enfants disparus, un sujet proposé par M. Paul Jamet. Cher ami, bien le bonjour. Comment allez-vous ? Merci bien pour vos derniers rapports d’écoute, nous les avons tous bien reçus et nous allons les confirmer bientôt. Le sujet que vous nous proposez aujourd’hui est, malheureusement, un sujet très actuel. Et pour cause, il y a deux semaines, j’ai fait une petite escapade à la mer Noire et à peine arrivée sur la plage, j’ai entendu les téléphones sonner autour de moi, signe qu’un message d’alerte était en vigueur. Dans un premier temps, je pensais qu’il s’agit d’une alerte aux orages, très fréquents dernièrement. Eh bien non, il s’agissait d’un texto qui signalait la disparition de quatre enfants âgés entre 7 et 12 ans, trois frères et leur cousin. Alertés par la famille, les policiers ont commencé à fouiller toutes les stations de la côte roumaine et, trois jours plus tard, ils ont fini par retrouver les gamins. D’après les premiers indices de l’enquête, il s’agissait d’une fugue.
D’ailleurs, selon les données rendues publiques par l’ONG de Roumanie Sauvez les enfants, presque 10.000 enfants ont été portés disparus en Roumanie dans le courant de 2023 un nombre à la hausse pour la deuxième année de suite. Parmi eux, plus de 50% sont des enfants placés ayant fui volontairement. Des chiffres qui inquiètent beaucoup et qui ont poussé M. Jamet à faire des recherches sur les données pour la France. Alors, si en Roumanie, nous avons plus d’une disparition par heure, figurez-vous qu’en France, une disparition d’enfant est signalée toutes les douze minutes. Selon des données de mars 2024, plus de 43 milles enfants ont été portés disparus dans l’Hexagone.
Le sujet est d’autant plus sensible que nombre de ces enfants ne sont jamais retrouvés. Fin 2014, l’organisation Sauvez les Enfants est devenue membre de la plateforme européenne AMBER Alerte, ce qui lui permet de prendre la trace des enfants disparus, potentiellement en danger.
Entre 20 avril 2023 et 20 avril dernier, la Roumanie a enregistré 9902 alertes Amber
Pour revenir au nombre d’enfants portés disparus, entre 20 avril 2023 et 20 avril dernier, la Roumanie a enregistré 9902 alertes dont 97 concernaient des enfants de moins de 5 ans, 163 des enfants de 5 à 10 ans, 2300 des mineurs de 10 à 14 ans et 7342 des enfants de 14 à 18 ans. Des chiffres d’autant plus inquiétants que selon l’Agence nationale de lutte contre le trafic de personnes, en 2022, 15% des mineurs trafiqués étaient des enfants institutionnalisés. Or, selon la Police roumaine, ce sont ces enfants qui, le plus souvent, font des fugues. Les organisations non gouvernementales expliquent que les mineurs placés sont très vulnérables, souvent très pauvres et donc, manipulables et facilement séduits par l’idée de fuir le système. « Bien que le nombre d’enfants placés en institution continue de baisser et que les alternatives d’intégration au sein d’une famille soient en hausse, le nombre d’enfants entrant dans le système public de prise en charge reste élevé (environ 9 000 enfants, dont un tiers d’enfants handicapés), principalement en raison de la pauvreté, de la violence contre les enfants et du handicap, dans un contexte où le manque d’accès à des services (préventifs) adéquats crée des lacunes en matière d’équité. », lit-on dans un descriptif de programme mis en place par la Roumanie au bénéfice des enfants.
Malheureusement, dans son dernier rapport le Département d’Etat américain affirmait qu’en été 2023, la Roumanie ne répondait aux moindres critères de lutte contre la traite d’êtres humains. « Le pays reste une source primaire pour le trafic sexuel et pour l’exploitation par le travail en Europe. Les groupes vulnérables comportent des enfants institutionnalisés ou à peine sortis des foyers, des enfants dont les parents sont partis travailler à l’étranger, des enfants roms, des femmes non éduquées et pauvres, des migrants et des demandeurs d’asile », peut-on lire dans le rapport. En Roumanie, disaient les Américains, la justice, les procureurs et les services chargés de la protection de l’enfance se rangent plutôt du côté des trafiquants que de celui de la victime. Suite à ces critiques, le pays a lancé en mai dernier une Stratégie nationale de lutte contre le trafic de personnes. De cette manière, Bucarest se propose de mettre en place des mesures censées diminuer ce phénomène, identifier les victimes et punir les criminels.
La guerre en Ukraine a empiré les choses
La situation en Roumanie s’avère encore plus compliquée depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022. Le pays s’est vu pris d’assaut par des réfugiés, dont beaucoup d’enfants non accompagnés ou séparés. Je me souviens que dans les premières semaines de guerre, la Police roumaine conseillait aux femmes et enfants ukrainiens de ne pas monter dans des voitures avec des inconnus qui souvent, les attendaient à la frontière pour, disaient-ils, les sauver. Par conséquent, les autorités roumaines ont obligé tous ceux qui voulaient porter secours aux réfugiés, qui voulaient les héberger ou les transporter, de s’enregistrer à la police.
Pour revenir aux disparitions pour ainsi dire, quotidiennes, auxquelles les pays se confrontent, la plupart sont dues au manque de surveillance de la part des adultes, au manque de communication en famille, à l’abandon scolaire ou encore à la peur de se faire gronder pour des mauvaises notes, à un mauvais entourage, aux conflits en famille. Beaucoup d’enfants sont retrouvés dans les premières 24 à 48 heures suivant leur disparition. Mais les chances de retrouver un enfant disparu diminuent au fur et à mesure que le temps passe. Voilà pourquoi il est si important de disséminer la nouvelle par des messages d’alerte. En Europe, le réseau téléphonique d’assistance aux enfants disparus est opéré par des organisations nationales mises en place dans 32 pays. C’est un service qui fonctionne 24 sur 24 et qui offre gratuitement du soutien émotionnel, psychologique, social, administratif.
Dans un descriptif de programme que la Roumanie a mis en place au bénéfice des enfants, nous lisons que « la Roumanie est l’un des rares pays de l’Union européenne à disposer d’un projet de stratégie de protection et de promotion des droits de l’enfant pour la période 2021-2027, stratégie alignée sur la programmation de l’Union européenne et répondant aux recommandations par pays formulées par cette dernière. La stratégie donne la priorité aux actions et aux investissements en faveur des droits de l’enfant, en se fondant sur une approche holistique et intégrée aux niveaux national et local, ce qui permet de passer d’un système réactif à un système préventif. »
Voilà cher M. Paul Jamet, un petit aperçu sur le sujet des enfants disparus. Un sujet qui, comme vous le dites très bien, n’est pas trop gai, mais il est très nécessaire, notamment de nos jours, quand les conflits éclatent de partout et le nombre d’enfants seuls, abandonnés ou orphelins augmente.
Déplaçons-nous en Australie, plus précisément à Melbourne d’où nous écoute notre auditeur Jayce GILBERT qui nous a envoyé un rapport d’écoute bien fourni. Nous sommes fort contents que nos programmes vous semblent très intéressants, merci de nous le dire. Et puis, merci aussi de rester à l’écoute du Courrier des auditeurs. La revedere, cher ami !
Dirigeons-nous vers l’Afrique pour passer notre bonjour à M. Farid Boumechaal qui nous a envoyé un nouveau rapport d’écoute. Notre ami a écouté les infos et le volet actualité et il recevra une carte QSL de confirmation.
Retour en France, plus précisément dans le bassin d’Arcachon, pour passer le bonjour de nous tous à Philippe Marsan, de Biganos. Comment allez-vous, cher ami ? Je pense que vous suivez les JO de Paris, car vous les mentionnez dans votre rapport d’écoute. Les dossiers de l’actualité figurent parmi les programmes que vous suivez sur les ondes de RRI, tout comme nos chroniques Société sur la santé des Roumains, ou encore la rubrique touristique Visitez la Roumanie, le programme de jazz ou encore le Courrier des auditeurs. Merci bien de tous ces détails concernant nos émissions. Au nom de tous mes collègues, on vous souhaite un bel été et à bientôt de vous lire !
Restons toujours en France et déplaçons-nous dans le département des Vosges pour un petit coucou amical à Marcel Kurtz qui nous a écoutés le 19 juin dernier. Nous sommes fort contents que nos commentaires et notre musique vous plaisent. Bien sûr que votre rapport d’écoute sera confirmé, mais comme c’est la période des vacances, il faut patienter un peu plus que d’habitude. Nous sommes une toute petite équipe de 5 personnes et nous sommes censés faire tout aussi bien sur les ondes, que sur le site et dans la correspondance. En revanche, à la différence des années précédentes, à partir de cette année, les QSL sont électroniques et donc, elles sont envoyées par mail. Ceci dit, je vous souhaite une excellente continuation sur nos ondes.
Madame, Monsieur, c’est tout pour aujourd’hui. Ioana vous remercie de votre attention et vous donne rendez-vous dans un mois. En attendant, portez-vous bien, prenez soin de vous, profitez du soleil et de l’été et croisez les doigts pour les sportifs au tableau des JO de Paris.