Le Courrier des auditeurs du 31.07.2020
Ligia répond à vos messages
România Internațional, 31.07.2020, 13:41
Nous vivons des temps d’incertitude, et même de grande incertitude. C’est la saison des vacances. Le mot est sur toutes les lèvres, et dans la pensée des Roumains. Après une année de travail et des mois sans sortir de chez soi, tout le monde attendait impatiemment ce moment de l’année. Mais la situation dans le pays a empiré. Il y a d’abord eu une décision de la Cour constitutionnelle qui a jugé le placement obligatoire en quarantaine et en isolement inconstitutionnels, suivie par un vide législatif. Plus d’un millier de personnes contaminées sont alors sorties de l’hôpital sur demande. Cela a donné lieu à un relâchement trop rapide. La Roumanie est présentement en état d’alerte, qui a remplacé l’état d’urgence. Le président accuse l’opposition d’avoir tergiversé l’adoption de la loi de la quarantaine et de l’isolement et met en garde que l’évolution que nous constatons s’inscrira dans la durée, même si le gouvernement prend les bonnes mesures. Depuis plus d’une bonne semaine, nous avons plus d’un millier de nouveaux cas de Covid-19 par jour, et la Roumanie compte 19 millions d’habitants. Le nombre de ceux qui ont besoin de soins intensifs enregistre de nouveaux records qui n’avaient pas été atteints pendant le confinement. La Roumanie dispose de 840 lits en soins intensifs, équipés de ventilateurs, destinés aux malades de Covid-19 ; plus de 112 sous ventilation étaient déjà occupés sur les 409 malades internés en soins intensifs au moment de la rédaction de ce Courrier. Même si des efforts sont consentis pour accroître le nombre de lits, le nombre de médecins reste le même. Le gouvernement s’est tourné vers le bénévolat, et envisage de procéder à des détachements de médecins de certaines villes moins affectées à d’autres, mais cette mesure a aussi ses limites. Les soignants sont épuisés et en ont fait part au gouvernement ces jours-ci. Voici une question que plusieurs d’entre vous nous posent en ces temps – sur le possible reconfinement. Ainsi, je salue Paul Jamet, de France, qui nous disait : « Les vacances sont peut-être déjà terminées… Si tel est le cas, bon courage pour la reprise ! » Merci, Paul ; en effet, je viens de terminer une partie de mes vacances. Nous avons fait un superbe tour en Roumanie, que je conseille à tous de faire le moment venu. C’est avec plaisir que je peux vous donner même des suggestions d’hébergement, de découvertes enrichissantes et de restauration. Nous sommes allés à Sinaia, où nous avons revu le château de Peleş. Après une promenade dans la ville, nous sommes allés à Bran et avons visité le château de Bran — ou celui de Dracula, comme il est connu. Là, je dois dire que j’ai été impressionnée par les efforts qui ont été faits par les propriétaires de l’entourer d’un très beau jardin, avec un lac aux nénuphars, de belles allées en pierre et de toutes les facilités que vous pouvez imaginer. Il dispose maintenant de plus d’éléments de mobilier, d’explications plus étoffées et de nouvelles attractions — certaines déjà mises en place et d’autres dont l’installation était en cours. Nous avons poursuivi à Braşov — c’est toujours agréable de se promener au centre-ville, de revoir l’Eglise noire, entre autres, et de prendre un repas traditionnel dans une bergerie à Poiana Braşov. Viscri, ce village traditionnel de Transylvanie redécouvert par le prince Charles de Galles, qui a acheté une maison devenue gîte rural, avec ses rues non goudronnées où roulent des attelages et où les gens laissent leurs volailles en liberté, nous a charmés. Bien entendu, nous avons revu avec le plus grand plaisir l’église fortifiée du XIVe s., listée au Patrimoine mondial de l’UNESCO — une véritable expérience. Ensuite, nous nous sommes fait une joie de revoir Sighişoara, dont le centre historique, construit à compter du XIIe s. et toujours habité, fait également partie du Patrimoine de l’humanité. Surprise, ses rues étaient désertes, comme je ne les avais jamais vues auparavant. Nous avons continué ensuite jusqu’à Biertan, pour visiter cette grande église fortifiée saxonne du XVe s., elle aussi listée au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Il ne faut pas croire que nous n’avons que fait le tour des églises fortifiées, non ; la mine de sel de Turda a également fait partie de l’itinéraire. Comme j’adore les paysages de montagne bucoliques et les mottes de foin, je m’en suis donné à cœur joie dans les Apuseni, jusqu’à Arieşeni. Le tour n’aurait pas été complet sans la visite de la citadelle d’Alba Iulia, du XVIIIe s., joliment rénovée, et nous avons poussé jusqu’à Sibiu, passant par Câlnic, avec sa petite forteresse du XIIe s. listée au Patrimoine mondial de l’humanité — un vrai bijou. Outre les belles promenades dans les rues animées de la vieille ville de Sibiu, où les maisons ont des yeux qui vous suivent, nous avons passé une demi-journée au musée du Village traditionnel ASTRA. Et ce avant de rejoindre Bucarest en empruntant le Transfăgărăşan, cette route d’altitude dont certains affirment qu’elle serait la plus belle du monde, avec ses virages en épingle à cheveux et ses paysages à couper le souffle. Et comme l’année dernière, nous y avons rencontré deux ours au bord de la route. Voilà pour ce tour que je recommande à tous. Paul nous dit avoir écouté une interview d’un de nos confrères, « qui envisage carrément la possibilité dun reconfinement en Roumanie… Reconfinement tout au moins partiel qui pourrait bien se produire aussi en France ! Le Gouvernement français a annoncé avoir bouclé la préparationde son plan pour un nouveau reconfinement… Jimagine quil en est de même en Roumanie… » Guy le Louët et Gilles Gautier, eux aussi de France, que je salue, nous demandent également s’il y aun risque de reconfinement en Roumanie. Le premier ministre est questionné tous les jours sur cet aspect et répond toujours que son gouvernement ne souhaite pas imposer de nouvelles restrictions. Toutefois, si vous regardez les chiffres que je viens d’indiquer et les images avec des plages archibondées à la mer Noire où les gens ne respectent pas les gestes barrières, il est à se demander si nous n’allons pas vers un nouveau reconfinement. Les Roumains le craignent, en tout cas. Il y a quelques localités placées en quarantaine. Du reste, le port du masque devient obligatoire pour toutes les personnes à partir de 5 ans dans les espaces publics ouverts à forte affluence. Les horaires à cet effet sont fixés par les autorités locales. En vue d’un éventuel reconfinement, Paul Jamet a préparé 5 000 pages de lecture ! « Une vraie folie… », dit-il. Effectivement !
Notre auditeur Mouad Belgrid du Maroc nous a écrit pour prendre de nos nouvelles dans le contexte de l’infection au SARS-CoV-2. Merci d’avoir pensé à nous ; nous sommes tous en bonne santé dans notre service et souhaitons la même chose à nos auditeurs.
Les Roumains demeurent préoccupés par la situation générée par la pandémie de Covid-19 et par ses conséquences tant au niveau national général qu’au niveau personnel. Ce sont les conclusions d’un sondage de l’Institut roumain pour l’évaluation et la stratégie (IRES), rendu public cette semaine. Trois quarts des Roumains affirment qu’ils sont très inquiets, voire inquiets, alors que sept Roumains sur dix ont peur de s’infecter au coronavirus. Quand même, les Roumains pensent aussi aux vacances. Ainsi, selon un autre sondage rendu public cette semaine, 44% d’entre eux choisissent de ne pas partir en vacances cette année parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité à cause de la pandémie. 38% ont toutefois des plans pour une période de vacances au moins. Parmi ceux qui partent, 47% affirment qu’ils prendront deux ou trois périodes de vacances, 42% choisissent une seule période, 7% déclarent qu’ils iront à plus de cinq endroits, alors que 4% feront quatre à cinq voyages. 32% ne partent pas en vacances pour des raisons financières, alors que 20% craignent que la pandémie n’annule leurs plans et leurs vols ou qu’ils pourraient se trouver devant des frontières fermées. Car en effet, comme la Roumanie est maintenant en zone rouge, une vingtaine de pays imposent des restrictions à ses ressortissants, allant de l’interdiction du territoire jusqu’à l’exigence de présenter un test Covid négatif. Moi-même, qui avais réservé des vacances à la mer en Grèce depuis octobre dernier, je vois cette situation chamboulée. Peut-être que je ferai comme 80% des sondés d’une autre enquête publiée cette semaine, qui ont indiqué qu’ils choisiraient des destinations en Roumanie, préférant notamment la montagne et en deuxième lieu la mer (57% en tout). 39% se sentent plus en sécurité dans des pensions, 29% choisissent un grand hôtel tout compris, 27% un appartement, 25% un hôtel petit à moyen, 23% comptent louer des bungalows ou un chalet en bois, 12% séjourneront sous la tente et 7% dans une caravane ou un camping-car. Pour ce qui est des moyens de transport les plus sûrs, le véhicule personnel a la préférence ainsi que le camping-car. La plupart des sujets questionnés affirment allouer 200 à 400 € pour les vacances, suivis par ceux qui allouent entre 400 et 600. 25% des sondés comptent passer leurs vacances à la maison.
Voilà, chers amis, nous sommes à la fin de ce Courrier. Portez-vous bien et à très bientôt sur RRI !