Le courrier des auditeurs 16.01.2015
Ioana répond à vos messages...
Ioana Stăncescu, 16.01.2015, 13:48
Je voudrais bien citer plusieurs d’entre vous nous ayant envoyé des réactions aux événements de Paris et aux reportages que nous avons réalisés à ce sujet.
Je voudrais commencer par citer notre ami français Christian Ghibaudo qui se trouvait à Monaco le jour du deuil national décrété par la France lors des attentats de Paris. Voici ce qu’il nous raconte : « Il y avait des milliers de drapeaux dans les rues, aux fenêtres sur les façades, c’était vraiment incroyable, vraiment je n’avais vu autant de drapeaux monégasques, et tout seul au milieu de tous ces drapeaux hissés bien haut, sur le Palais princier, il y avait la bannière princière en berne. Hommage du Prince Albert aux 12 assassinés de Paris. M. Ghibaudo a également suivi l’émission en direct concoctée par Andrei le 8 janvier au sujet de laquelle il a affirmé et je cite : c’était intéressant, avec des personnes qui parlaient très bien le français.. Effectivement, on peut se poser la question, pour sa sécurité et celles des citoyens doit-on se limiter dans notre liberté de la presse envers l’Islam ? Cette religion bien intolérante sous beaucoup d’aspect, est en effet une menace pour les journalistes qui veulent s’exprime ?. Ces caricatures en valaient-elles la peine ? Quand on voit le résultat, 12 morts pour avoir critiqué le Prophète. Ces activistes s’en sont pris à des journalistes, c’est plus facile que de s’en prendre aux hommes politiques qui eux sont plus protégés… En conclusion comme dit dans l’émission il faut être vigilant. Et continue à être tolérant, je dirais, ou du moins essayer ».
Car, une chose est certaine et vous l’avez bien dite, cher Christian : la violence ne doit absolument pas engendré de la violence. Il faut que les gouvernements de tous les pays oeuvrent ensemble afin de défendre les droits de l’homme, la liberté et la paix quelle que soit la religion ou la couleur de la peau.
Parmi les auditeurs ayant suivi nos émissions consacrées aux événements dramatiques de France figure aussi Jean Michel Aubier qui nous a écrit et je cite : « la France a connu des heures difficiles cette semaine, et malheureusement, nous devons nous attendre à subir de nouvelles attaques terroristes. Après les marches de ce dimanche qui auraient rassemblé 3,7 millions de personnes sur la France entière, y aura–t-il un sursaut ? Il faut l’espérer, mais ce n’est pas gagné. Dans un pays où 25% de la population se dit prête à voter pour le parti d’extrême droite, la question se pose. Néanmoins, je veux y croire. Le monde avait les yeux braqués sur nous, sur cette foule monstre et sur les nombreux chefs d’états et de gouvernements (dont Klaus Iohannis). Ce fut une journée historique sur divers aspects, mais il faudra que des actions suivent si nous ne voulons pas connaître à nouveau de tels événements. Et il continue « je pense moi aussi m’abonner à Charlie Hebdo, non pas pour le journal en lui-même mais pour participer à un mouvement qui montrera à ces criminels que leur action visant à détruire Charlie-Hebdo se retourne contre eux puisque le nombre d’abonnements commence à exploser ».
Effectivement, comme vous le savez peut-être tous déjà, le reste de la rédaction de Charlie Hebdo a été accueillie dans les locaux de la Libé et dans ces circonstances exceptionnelles, son premier numéro d’après les attentats a été tiré à 3 millions d’exemplaires, contre 60 000 habituellement, et vendu dans 25 pays.
Notre ami Jean Michel Aubier nous dit avoir écouté le « RRI spécial » consacré aux commentaires sur les attentats perpétrés à Paris il tient à rappeler le fait que parfois, on mentionne les ‘Charlie ‘ et souvent on oublie que des juifs et des policiers ont été également les victimes de ces tueries. Il ne faut donc pas oublier le fait que les frères Kouachi ont assassiné aussi des musulmans, comme quoi personne n’est à l’abri face au terrorisme.
Cher Jean –Michel vous affirmez que la nomination « personnalité de l’année » de Malala Yousafzai par les auditeurs de RRI n’est guère surprenante. Depuis des années, ladolescente mène un combat héroïque en faveur de léducation des jeunes filles dans des pays où l’obscurantisme est de mise ». Un choix qui a réjouit aussi notre ami Christian Ghibaudo qui dans sa lettre, affirmait que « l’attentat de Paris, l’attentat et la tentative d’assassinat de Malala est le fait des mêmes personnes, même si dans des pays éloignés. Des fondamentalistes qui ne respectent personne et qui sont sûrs de détenir la vérité ».
D’ailleurs, à écouter les débats médiatiques des derniers jours, on a eu l’occasion d’entendre plusieurs voix plaider pour des changements dans le système éducationnel français. N’oublions pas que la ministre de lÉducation nationale, de lEnseignement supérieur et de la Recherche de France, Najat Vallaud-Belkacem a plaidé en faveur d’une mobilisation de lÉcole pour les valeurs de la République ». Puisque, il faut bien l’avouer, parfois une bonne éducation change tout et fait la différence.
Très intéressant également le message adressé à notre équipe par M. Philippe Dessales qui nous a dit « merci infiniment davoir été en ce jour si important en France, le relais du cœur roumain… Je voulais aussi dire que je comprends que les Roumains aient du mal à comprendre Charlie Hebdo… Ce journal, ainsi quHara Kiri, Coluche, Thierry Leluron, léquipe du Petit Rapporteur… Tout cela a vu le jour après Mai 68, dans un esprit de révolte culturelle et une affirmation de la liberté… En Roumanie, pays de traditions et très pieux, je comprends quil soit difficile de comprendre cette irrévérence et cet esprit satyrique blasphématoire… il faut voir au delà de cela et comprendre que ces personnes navaient comme but que damener à la réflexion en désacralisant la politique, la religion, léducation et non par haine ou xénophobie… La Roumanie, éprise de liberté, sest émancipée de la dictature.. Nous avons 200 ans davance… Mais cest ce même esprit de liberté qui doit continuer à nous animer tous.. Lattaque barbare de Charlie Hebdo est une atteinte à cet esprit de liberté… Lorsque la libre expression est prise en otage ou assassinée, cest la négation sanglante de notre histoire… Je ne demande à personne dêtre daccord avec Charlie Hebdo, je ne le suis pas toujours, mais en hommage à toutes ces personnes tombées sous les coups de la haine, jencourage à la réflexion et au rejet de la violence barbare et, dans cet esprit et ce cœur qui a animé le peuple roumain a gagné sa liberté, nous soutenir afin daffirmer notre droit à tous dêtre libre et dexister.. »
Merci à vous, cher ami, un message très pertinent qui explique ce que ce slogan je suis Charlie voulait effectivement dire.
Cher Jean — Marc Olry, merci bien de votre message. Ce n’est pas grave d’avoir raté notre émission en direct, surtout que ce fut en raison de votre participation à la marche de solidarité. 45.000 participants à Metz ?! Impressionnant ! Est-ce que finalement vous avez réussi à écouter la rediffusion ? Bisous à vous et à la prochaine !
« J’ai suivi de près les événements dramatiques de France » nous écrit à son tour, notre ami belge, André Biot et ajoute « il y a encore beaucoup de terroristes dans la nature, il ne faut pas se bercer de douces illusions ». Effectivement, cher ami, c’est un long combat à mener pour éradiquer le terrorisme dans notre monde sans oublier pourtant de rester tolérants.
Dans les minutes qui nous restent, nous avons encore deux choses à faire. Remercier ceux d’entre vous nous ayant transmis leurs meilleurs vœux du Nouvel An. Je sais que Ligia l’a déjà fait la semaine dernière, mais des messages ont continué à affluer vers nous. Et je voudrais donc souhaiter à notre tour nos meilleurs vœux de joie et bonheur en 2015 à nos amis : Farid Boumechaal et Ferhat Bezazel, les deux d’Algérie et Amady Faye du Sénégal. Merci à vous !
Et puis, pour la dernière bouche, j’ai laissé pour vous un petit bijou sous la forme d’une lettre magnifique signée Philippe Sonnet de Belgique au cours de laquelle notre ami fait le point sur le voyage qu’il a entrepris avec sa compagne, au département de Prahova, en Roumanie, en tant que grand gagnant de notre jeu concours De la route du vin à celle des voïvodes. Puisque le temps d’antenne est assez court, je vais vous présenter au micro seulement quelques passages de cette lettre que vous pourriez lire intégralement sur notre site internet.
Philippe Sonnet et Cynthia Rozewicz :
« Nous remercions infiniment toute léquipe de Radio Roumanie International de nous avoir offert et entièrement organisé un voyage inoubliable à travers les routes des vins et des voïvodes du département de Prahova.
Ce merveilleux voyage nous a permis de découvrir les couches successives de lhistoire de la Roumanie (depuis la période des Daces jusquà ladhésion à lUnion Européenne, en passant par l’époque des voïvodes, le règne de la famille royale et la période du pouvoir communiste), les ressources du sous-sol (pétrole, sel, vignobles) et la beauté des monastères et des églises orthodoxes. Le voyage s’est déroulé dans le cadre majestueux des montagnes de Bucegi et de la vallée de la rivière Prahova. Les températures anormalement douces et les couleurs éclatantes des arbres en cette fin doctobre ont rendu lambiance du séjour encore plus magique.
Nous remercions avant tout Andrei Popov, notre guide, et Marian, notre chauffeur, qui nous ont si généreusement et si amicalement accompagnés du 18 au 26 octobre. Quel bonheur de pouvoir effectuer ce voyage dans de si bonnes mains ! Andrei offrait ses compétences multiples (interprète simultané, guide culturel et « gentil organisateur ») pendant que Marian assurait une parfaite maîtrise de la camionnette de Radio Roumanie tant sur les grands axes parfois encombrés que sur les routes de montagne. Le Prof. Constantin Manolache, Directeur du Centre culturel du département de Prahova, nous a accompagnés pendant deux jours. C’est à son excellente connaissance de tout ce qui se passe dans son département que nous devons une série de découvertes inattendues et de rencontres improbables qui nous ont tour à tour surpris, intéressés, puis enchantés.
Laccueil a toujours été très chaleureux et nous remercions tout spécialement le père Nectaire, les maires de la commune de Gura Vadului et de la commune d’Izvoarele, le directeur du vignoble de Budueresca, le propriétaire de la Ferme Dace à Slanic, le gérant de la station de Baia Baciului à Slanic, les directeurs des deux hôtels (Compeatu et Cautis) où nous avons été logés et nourris, la responsable du service technique du château de Peles et les nombreux guides, compétents et sympathiques qui nous ont rendu les visites passionnantes, particulièrement au château de Peles, à l’église royale de Busteni et au Musée du pétrole de Ploesti.
Ce voyage nous a permis de bien mieux connaître la Roumanie, du moins une petite partie de celle-ci. Il nous donne envie de découvrir d’autres régions de ce pays encore trop peu connu, mais dont nous savons maintenant qu’il recèle de vrais trésors.
Nous avons pu découvrir les curiosités naturelles et apprécier la beauté des forêts et des montagnes de la vallée de la Prahova. Quelle expérience que de parcourir à pied le plateau de monts de Bucegi depuis la station de Piatra Arsa jusqu’au refuge de Babele pour aller admirer le célèbre sphinx et les Babele (les vieilles dames), rochers aux formes fantasmagoriques sculptées par l’érosion éolienne ! La tombée de la nuit, à la fin de randonnée, nous a permis d’assister à un extraordinaire coucher de soleil dans la montagne, les versants et les vallées étant envahis par une mer de nuages.
Une autre curiosité est la mine de sel de Slanic, qui comporte des cavités souterraines parmi les plus hautes d’Europe. C’est une expérience toute particulière que de se mêler aux curistes qui viennent séjourner plusieurs heures dans ces immenses salles en forme de sarcophages pour profiter des vertus curatives du sel et de l’air chargé en colloïdes. Les parois des chambres souterraines montrent des plis de toute beauté pour un géologue, car on peut les observer ici en trois dimensions, ce qu’il est rarement possible de faire dans la nature.
Egalement très agréable a été la visite de la station de cure saline de Baia Baciului (du berger) à Slanic connue pour sa grotte de sel appelée « grotte de la mariée » malheureusement récemment effondrée (ce qui montre que l’érosion est un phénomène géologique particulièrement rapide lorsqu’elle s’exerce sur les roches constituées de sel). Les aménagements à l’intention des curistes autour de la piscine d’eau salée nous ont impressionnés et la beauté de l’endroit nous a conquis. Au loin, dans le paysage, nous avons remarqué les roches vertes de Pietra Verde. Nous sommes ensuite allés les observer au bord de la route (il s’agit de marnes, les parties vertes étant dues à des cendres volcaniques).
Les châteaux visités nous ont émerveillés par la beauté des sites, les richesses qu’ils renferment et leur remarquable état de conservation et d’entretien. Bien évidemment, le château de Peles à Sinaia a constitué une première étape indispensable. D’une richesse incroyable, il nous a permis de comprendre le rôle important de la royauté dans l’histoire de la Roumanie, en commençant par Carol 1er et Elisabeth. La visite-surprise du château de Bran, qui a inspiré lécrivain irlandais Bram Stoker, auteur du roman Dracula, nous a fait pénétrer dans un univers particulier, encore tout empreint de la personnalité de la reine Marie, ses goûts esthétiques et de son attachement aux traditions paysannes. Le site naturel du château est exceptionnel et la transformation par la reine Marie de cette forteresse militaire en château d’agrément dans un style romantique épuré est très réussie.
Enfin, le château Cantacuzino a constitué l’occasion d’une première prise de contact avec l’importance des voïvodes avant l’avènement de la royauté, leur situation entre la Hongrie, leurs relations avec Byzance, la Grèce et l’Empire ottoman.
Outre les châteaux, nous avons également pu visiter la maison musée du célèbre musicien Georges Enescu, la Villa Luminis, avec son ambiance un peu magique, son mobilier et sa décoration d’origine simple et belle et que l’on sent encore habitée par l’âme de son créateur. L’élégant Manoir Belu, qui renferme de très beaux objets et un mobilier intéressant nous a permis dapprécier une architecture typiquement roumaine et d’apprendre à reconnaître les éléments du style brancovien.
Les villes visitées nous ont fait apprécier la diversité qui existe, selon les régions, dans l’architecture, les types d’habitat et les ambiances. La ville de Bucarest a été entrevue lors d’un tour rapide en voiture effectué dès notre arrivée en Roumanie, avant de partir vers la vallée de la Prahova. Par rapport à la grande ville, nous avons trouvé très agréables les petites stations de sports d’hiver qui jalonnent la vallée de la Prahova (Sinaia, Busteni, Azuga et Predeal ). L’ambiance du petit parc urbain de Sinaia (l’un des premiers au monde à avoir été éclairé par l’électricité) nous a fait revivre le temps où les princes venus de toute l’Europe, les membres des grandes familles et la haute bourgeoisie venaient se promener dans les allées menant au casino. Ce dernier, un bâtiment de belle allure alliant le classique à une touche de baroque, a été magnifiquement restauré et se prête idéalement aux séances de photographie.
La ville de Brasov nous a surpris par son ambiance et son style architectural baroque et germanique très différent de celui de la vallée de la Prahova, évoquant déjà franchement celui des villes de la Transylvanie : la vieille ville dominée par l’Eglise Noire, l’hôtel de ville exhibant fièrement les armes de Brasov (un tronc d’arbre avec ses racines supportant une couronne), la synagogue, la « rue la plus étroite du monde », les pâtisseries avec des étals garnis d’une variété étonnante de petits gâteaux, tout cela dans un écrin de forêts et de montagnes commençant de façon abrupte dès la limite de la ville.
L’ambiance de la ville de Ploesti nous a plu. Cette ville martyre sur laquelle s’est abattu un déluge de feu lors de bombardements alliés, a été reconstruite en style moderne, avec ses halles centrales et sa vaste coupole abritant le marché alimentaire coloré et animé. On y retrouve tout de même un quartier de vieilles maisons de style roumain épargnées des destructions et qui présente un certain potentiel de rénovation.
La visite du petit centre culturel du village d’Izvoarele en compagnie de la maire de la commune nous a permis d’entrevoir le dynamisme qui peut exister dans une petite agglomération rurale. Le joli bâtiment du centre culturel de la commune abrite une petite salle de spectacle, une bibliothèque et des locaux pour les animations des enfants et des personnes âgées. Il est ceinturé par un petit parc éclairé par un ensemble de lampadaires munis de panneaux photovoltaïques, démontrant également une volonté de la commune d’éduquer ses administrés aux problèmes de l’environnement.
Au chapitre des visites de musées, un moment exceptionnel a été la visite du Musée national du pétrole de Ploeisti qui nous a fait réaliser que nous étions sur les lieux mêmes de la naissance de la révolution énergétique du XXe siècle. Le musée présente toute une série de personnages extraordinaires, notamment Nicolae Karol Debie, d’origine belge, le directeur de l’Institut de chimie, qui était à la fois scientifique, humaniste, écrivain, chef d’orchestre ; ou le chimiste Lazare Deleanu, inventeur du raffinage du pétrole ; ou encore le grand géologue Ludovic Mrazec qui, le premier, émit l’hypothèse que le pétrole était d’origine biologique. Quelle a été surprise également de découvrir dans le jardin du musée un équipement de forage pétrolier datant de 1924 fabriqué en Belgique.
En ce qui concerne les arts, nous avons eu la bonne idée de nous décider à visiter le Musée des arts de Ploeisti. Dans un superbe intérieur, nous avons pu contempler plusieurs toiles de Nicolae Grigorescu, considéré comme le plus grand peintre roumain. Les scènes paysannes, bouquets de fleurs, portrait lumineux de femmes nous ont ravis et nous sommes tombés sous le charme de ce peintre impressionniste proche de l’école de Barbizon.
Enfin, nous avons aimé le petit musée de la réserve de Bucegi, à Sinaia, avec sa cave qui permet d’observer toute la richesse de la faune des forêts des monts Bucegi et son exposition temporaire sur les oiseaux.
Plusieurs églises et chapelles ont été visitées tant ces édifices sont incontournables dans les paysages et l’âme de la Roumanie. Chacune de ces églises présentait des caractéristiques différentes, tout en gardant certains aspects essentiels des églises orthodoxes que les guides nous ont expliqués. Le monastère de Sinaia renferme, à l’intérieur du cloître, la jolie petite église de la Dormition avec ses inscriptions en slavon. Un autre endroit très visité est le monastère Caraiman à Busteni adossé à un superbe cirque de montagnes. Enfin, l’église royale de Busteni nous a replongés dans l’histoire de la royauté. Nous avons pu admirer sa décoration et rechercher les éléments dans l’architecture et la décoration les symboles de la royauté. Le responsable de la conservation du lieu s’est très gentiment proposé pour nous guider, ce qui a rendu la visite encore plus intéressante. Un moment d’émotion tout particulier a été la visite du monastère de Crasna : perdu au milieu des bois, accessible par une piste que seule une Dacia parvient à gravir, le lieu et son atmosphère nous ont enchantés. Les peintures dans l’église nouvelle nous ont paru particulièrement belles et inspirées. Le starets du monastère de Crasna, le père Nectaire, nous a accueillis et nous a fait la visite de son petit domaine en français avec énormément de gentillesse et d’enthousiasme. Un repas nous attendait sur une terrasse couverte, avec une soupe de tripes à la crème absolument délicieuse et un dessert mémorable constitué d’un gâteau aux pommes et à la crème, extraordinaire de légèreté. Il nous a permis de vivre un moment d’amitié dans la douceur d’un coucher de soleil au sein d’une forêt silencieuse où l’on pouvait percevoir le claquement rythmé de la simandre appelant les moines à l’office du soir.
Enfin, à Ploiesti, nous avons pu ressentir toute la ferveur des croyants en visitant une petite église byzantine dont l’iconostase était exceptionnellement ouverte pour la fête de Saint Dimitri (dont la fête est le 27 octobre, le second saint en importance après saint André, protecteur de la Roumanie).
Nous avons été hébergés dans deux hôtels très confortables : l’hôtel Cumpatu à Sinaia et l’hôtel Cautis à Azuga, tous deux de quatre étoiles. A l’hôtel Cumpatu, la vue sur les montagnes était saisissante depuis la terrasse de notre chambre. La gentillesse du personnel dans la salle de restaurant nous a touchés et, un midi, nous avons pu profiter du soleil et manger sur une très agréable terrasse en bois à l’ombre des parasols. L’hôtel Cautis possède, quant à lui, une magnifique piscine d’une longueur d’environ quinze mètres dont nous avons bien sûr profité. Sur la carte du menu du restaurant, on trouve des papanaches (beignet servi chaud nappé de confiture de griottes et crème fraîche) qui se sont révélés absolument délicieux et des vins de collection très intéressants (dont plusieurs de Dealu Mare).
En ce qui concerne la gastronomie, nous avons apprécié les sarmale (viande enroulée dans une feuille de chou), la ciorba de dinde ou la ciorba de burta (soupe de tripe), savoureuses, surtout à la crème, la polenta, le papanache, les mici (boulettes de viande grillée), les truites et les fromages cascaval (fumé ou non), telemea (ressemblant à la feta grecque), et branza de burduf (lait de brebis, salé et suret).
A la Ferma Dacilor (la Ferme dace, près de Slanic), nous avons eu l’occasion de visiter un complexe de style « écotourisme » en cours de construction, qui est basé sur un ensemble de concepts intéressants (retour à une alimentation de terroir, naturelle et savoureuse et redécouverte d’un mode de vie rural basé sur l’autoproduction) dans un site superbe avec animations et logement dans des huttes daces reconstituées. Un repas nous attendait où l’on a goûté des saucisses grillées les plus extraordinaires du voyage, résultat de plusieurs années de recherches et d’expérimentation par le propriétaire, accompagnées d’une tsuika de prune au goût traditionnel bien typé.
Enfin, invités par le manager de la saline du berger (Baia Rosie, M. Constantin Costel, restaurant Grota Miresei à Slanic), nous avons eu l’occasion de goûter de la cuisine traditionnelle parfaitement préparée et très joliment présenté, et notamment de la viande fumée lentement à très basse température, une spécialité du patron, ce qui permet d’éviter le côté un peu âcre lorsque la fumée est à plus haute température.
Nous n’avons pas pu résister au plaisir de faire une brève incursion gourmande dans quelques magasins, dont ceux d’une chaîne d’épicerie d’origine belge, où nous avons exploré la gamme des biscuits et petits gâteaux inventés en Roumaine : les biscuits au rhum Rom, les Fagars et les Eugenia. Par ailleurs, à Ploeiti nous avons pris le temps de flâner dans les rayons de la Halele Centrale, le marché couvert central, où nous avons acheté du raisin, du nougat et du halva.
Le programme du voyage comprenant un chapitre « route des vins », nous avons parcouru le vignoble du versant sud du contrefort des Carpates. Le domaine viticole de Budueresca (vignoble et cave) nous a magnifiquement reçus, en présence du maire de la commune de Gura Vadului. Nous avons été impressionnés par la modernité et la taille des équipements, et nous avons été étonnés par l’ampleur de l’investissement dans le long terme en ce qui concerne la plantation de nouveaux pieds de vigne. Nous avons parcouru le chaix avec ses tonneaux en chêne de plusieurs provenances en Europe et dans le monde et apprécié l’esprit de l’entreprise qui allie savoir-faire, exigence de qualité et créativité. La dégustation était très agréable, didactique et amicale avec une sélection tout à fait pertinente de vins effectuée avant notre arrivée par le maître de chais pour plaire à notre palais habitué aux vins de Bordeaux ou de Bourgogne. Nous sommes repartis tout à fait conquis, mais en emportant trois bouteilles seulement à cause de la limitation du poids des bagages en avion.
A l’issue de ce magnifique voyage, nous n’avons qu’un seul regret : de n’avoir pas eu l’occasion de nous arrêter à la rue Général Berthelot à Bucarest, de visiter les studios de Radio Roumanie International et la salle de concert de la radio. Nous aurions aimé pouvoir rencontrer quelques membres de l’équipe des programmes en français et, bien sûr, remercier de vive voix toute l’équipe de RRI pour ce voyage inoubliable. Un grand MULTSUMIM ! »