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Le courrier des auditeurs 05.12.2014

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Le courrier des auditeurs 05.12.2014
Le courrier des auditeurs 05.12.2014

, 05.12.2014, 14:00

Un week-end pas comme les autres, surtout pour les enfants qui se réjouissent de l’arrivée du Saint Nicolas qui, selon la tradition, leur distribue cadeaux et friandises. Bien sûr, pour cela, il faut notamment être bien sage, car sinon, on risque de voir débarquer le Père Fouettard. En Roumanie, la tradition veut que le soir du 5 décembre, les enfants nettoient leurs souliers qu’ils rangent près de la porte et que le bon Saint Nicolas remplit par la suite de bonbons, chocolats, pain de mie ou fruits. Parfois, le Saint Nicolas laisse des bonbons même dans les petites armoires se trouvant dans les salles de classe. Et puisque on vient de parler d’une fête de la générosité, permettez-moi dans les minutes suivantes de vous parler des personnes âgées de Roumanie. Un sujet auquel on s’est déjà attaqué lors de notre dernière édition Société, mais qui s’avère très vaste. Et puisque notre ami Nouari Naghmouchi voudrait apprendre davantage sur l’avenir réservée aux personnes âgées de chez nous, permettez-moi de reprendre au micro un reportage que j’ai réalisé il y a quelque mois et qui porte justement sur les maisons de retraite de Roumanie.



«C’est une grande bêtise que d’avoir peur d’une maison de retraite comme celle-ci. Je me souviens du moment où j’en ai parlé à des amis et tous se sont exclamés : mon Dieu, tu vis dans un asile ? Mais non, voyons, ce n’est pas un asile, mais un établissement qui m’offre la chance de mener une vie tranquille. Vous voyez ? C’est pour cela qu’on voit toujours des vieux vagabonder dans les rues. Par peur et par honte ».



Plus d’un an s’est écoulé depuis que Teodora Dragut a intégré la Maison de retraite ‘Nicolae Cajal’ gérée par la Municipalité de Bucarest. Cette chance, elle la doit à des gens de bien qui ont été impressionnés par le sort de cette retraitée retrouvée dans un foyer des sans-famille, avec pour seule fortune ses livres et une poupée blonde dont elle prend soin comme de l’enfant qu’elle n’a jamais eu.



A ses 85 ans, Teodora Dragut n’a plus qu’un neveu qui, à la mort de sa propre mère, a décidé de la mettre à la porte. Titulaire d’une pension de retraite insuffisante pour se payer la taxe dans une maison de retraite et dépourvue de tout autre personne apparentée à même de lui accorder un soutien financier, Madame Dragut a rejoint la liste des cas sociaux assumés par la municipalité. Elle a eu de la chance, c’est vrai. Mais alors, à combien se monte le nombre de retraités roumains, en détresse financière, capables de se trouver une place dans un tel établissement ? Et surtout, combien d’entre eux accepteront, une fois devenus trop vieux pour prendre soin d’eux mêmes, de fermer de bon gré la porte de leur maison et emménager dans un endroit inconnu afin de partager leur solitude avec d’autres comme eux ?



Selon les données offertes par la Direction des Services Sociaux du Ministère roumain du Travail et de la Famille, le nombre total de maisons de retraite dépasse à peine les 200, tandis que plus de 2600 seniors figurent toujours en liste d’attente. La plupart d’entre eux sont en situation de dépendance, malades et démunis, or, la maison de retraite n’est pas gratuite. Pour y accéder, le retraité doit payer la taxe soit entièrement si sa pension le lui permet, soit à hauteur de 60%, si la famille se charge du reste. Quant à l’Etat, il n’assume que les cas sociaux. Mais là aussi, les choses risquent de se compliquer dans un pays où le nombre de retraités est à la hausse tandis que le budget de la sécurité sociale se creuse de plus en plus.



Carmen Manu, à la tête de la Direction des Services Sociaux du Ministère du Travail: « Généralement, dans tous les Etats ex-communistes, membres de l’UE, c’est le budget national qui supporte la sécurité sociale. C’est pourquoi il faudrait créer des fonds ou acheter des assurances, car tous les services publics à l’intention des retraités sont très chers. Et, si l’on pense au rythme accéléré du vieillissement de la population, l’on constate que, bientôt, il n’y aura plus de financement et cela non pas parce que les autorités ne veulent plus en offrir. Elles n’auront plus de ressources. En plus, la famille actuelle ressemble à un sandwich avec les adultes au milieu obligés d’assumer aussi bien la responsabilité de leurs enfants que de leurs parents ».



Or, à partir du moment où les adultes ne peuvent plus soigner leurs vieux, la maison de retraite reste une solution. Mais puisque dans le public, les listes de candidats sont très longues et que la famille a parfois du mal à attendre, de plus en plus de Roumains privilégient l’alternative privée. Surtout qu’ici, ils espèrent échapper à la crise de personnel spécialisé qui caractérise le système public.



Le jour où sa grand-mère nonagénaire a souffert un AVC, Alexandra s’est rendu compte qu’elle n’avait plus les moyens de la soigner à domicile, surtout qu’elle devait s’occuper également de sa gamine de six ans. Réticente envers l’accueil qu’une maison de retraite publique pourrait réserver aux seniors, Alexandra a opté pour un établissement privé et cela parce que: « Lors de ma première visite au Fief des Grand Parents, j’ai remarqué que le centre a l’air d’un hôtel. J’avais peur qu’il ne ressemble à un asile, d’ailleurs c’est ce qui effrayait le plus ma grand-mère. Mais, dès qu’elle y est arrivée et qu’elle a poussé la porte de sa chambre, elle a poussé un soupire de soulagement avant de me dire ouf, ça n’a pas du tout l’air d’un hôpital”. Car, c’est comme ça qu’elle s’imaginait le centre: une sorte d’asile doté de lits en fer blanc, couverts de matelas ordinaires et dégageant cette odeur propre aux hôpitaux. »



Quant au tarif, Alexandra trouve correcte une facture mensuelle de quelque 450 euros pour avoir la certitude que sa grand-mère bénéficie de tout le confort nécessaire. Ce fut d’ailleurs le principal objectif de Mariana Melinger, une architecte née à Bucarest et établie en Israël au moment où elle a décidé de mettre sur pieds le centre Le Fief des Grand Parents: aider les seniors à mener une vie meilleure dans un établissement de quatre étoiles près de la capitale. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas le tarif qui pousse les Roumains à éviter un tel centre. Mariana Melinger: « La mentalité des Roumains reste assez primitive. Ils pensent abandonner leurs parents ou grand-parents au moment où ils décident de leur placement dans un centre comme celui-ci. Mais nous, on souhaite leur offrir des conditions de vie meilleures qu’à la maison. »



Bien que la mentalité collective les associe souvent à la misère et à l’indifférence, les maisons de retraite publiques font pas mal d’efforts pour offrir à leurs résidents de bonnes conditions d’hébergement et de repas et surtout une panoplie d’activités censées les maintenir dans la vraie vie”. « On leur met à la disposition un club où ils viennent bavarder, regarder la télé et surtout apprendre à peindre des icônes sur verre. Nous avons aussi deux bichons, un perroquet et un aquarium. Parfois, on les emmène en visite aux monastères et on profite de ces sorties pour faire une barbecue et les aider à se sentir comme ils se sentaient jadis au sein de leur famille. En été, on les emmène en compagnie du personnel soignant à Moeciu, pour y passer deux semaines de vacances dans notre pension. »



Bien que Catalin Maxim, le manager de la Maison de retraite Casa Max, dans le 3ème arrondissement de la capitale, soit très fier des activités proposées, pour madame Olga, elles ne semblent pas suffisantes pour combler le vide créé voilà sept ans par la mort de son mari et la perte de sa maison: « J’ai eu du mal à m’intégrer. Je ne trouvais pas ma place. A présent, ça va mieux, mais je ne peux pas parler de cet établissement comme d’une vraie maison à moi. Je suis comme au sein d’une famille et pourtant…n’en parlons plus! »



Effectivement, pour ceux arrivés au bout de leur chemin, seuls et sans appui, les mots sont souvent superflus. Tout ce qu’il leur reste c’est de se voir exaucer un grand souhait, aux dires de Mme la psychologue Mirela Fita de la Maison de retraite Nicolae Cajal de Bucarest: « Ils souhaitent préserver leur santé pour ne pas être cloués au lit. Ils veulent rester actifs et en forme le plus longtemps possible. »



Or, tant qu’on ne laisse pas nos seniors en proie à la solitude ou au sentiment d’inutilité, on peut les aider à se transformer comme par miracle de quelques pauvres vieux en détresse en des grands-parents extraordinaires.



Dirigeons-nous vers la France pour faire un petit coucou amical à M. Pierre Marichal de Torcy qui nous a envoyé un rapport d’écoute détaillé et un petit mot sympa que j’aimerais citer : « ce mot, dit-il, pour vous dire toute ma satisfaction à l’écoute de RRI en français ». Merci à vous, merci pour la liste antérieure de compliments et merci de nous signaler que l’écoute est excellente là où vous êtes ! Ca, c’est une magnifique nouvelle, surtout que des interférences nous sont signalées parfois par d’autres amis francophones du monde. Gros bisous de Bucarest, cher Monsieur et au plaisir de vous lire !



Bonjour la Suède et bonjour à vous, Ingmar Larsson. Comment allez-vous ? Merci pour le rapport d’écoute qui nous annonce un très bon signal là où vous nous écoutez, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Stockholm. Bien sûr que vous aurez ce rapport confirmé par une carte QSL pour le mois de juillet qui s’ajoutera à votre collection. Gros bisous de la part de nous tous !



Retour en France pour saluer M. Robin Olivier d’Orvault qui affirme avoir apprécié notre émission sur le sport à l’école. Nous sommes heureux de l’apprendre et j’espère que vous aurez également aimé la réponse de cette édition qui touche à sa fin. Cher ami, grosses bises de Bucarest où l’hiver s’est déjà installé. Nous avons de la neige et un temps morose, mais nous avons aussi un joli marché de Noël au cœur de la capitale. Il n’a pas la grandeur de celui bruxellois ou viennois, mais, il faut saluer l’initiative de la Municipalité. Ceci dit, bien des choses à vous et à vos proches !



Restons toujours en France pour un petit clin d’œil amical à notre cher Paul Jamet. Comment allez-vous ? Merci à vous pour tous les rapports d’écoute nombreux et très détaillés qui nous prouvent à chaque fois votre fidélité envers nos ondes. J’ai bien noté votre question sur la réserve de bisons de Roumanie et dès que nous en aurons des détails, on en parlera au micro du courrier. Sinon, je remarque des hauts et des bas dans la qualité de la réception en ondes courtes. Décidément, en pleine ère de l’Internet, les transmissions à l’ancienne perd du terrain et malheureusement de la qualité. Pourtant, tant qu’il nous sera permis, on continuera nos programmes en ondes courtes, car les traditions doivent se préserver, n’est ce pas ? Ceci dit, gros bisous de Bucarest et à bientôt sur nos ondes.

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