Trop de déchets plastiques dans les eaux du Danube
Eugen Coroianu, 28.05.2021, 11:41
La
Roumanie n’est malheureusement pas en reste, suivant à son tour cette tendance
mondiale qui nous fait courir à notre perte. Les évaluations, réalisées par
l’Administration de la Réserve de la biosphère du delta du Danube, font état de
plus de 1.500 tonnes de plastique transportées chaque année par le fleuve, qui
recueille presque tous les cours d’eau du pays. C’est qu’avant de se verser
dans le Danube, les rivières accumulent déjà d’énormes quantités de plastique,
ce qui conduit à la destruction de la biodiversité aquatique, à la diminution de
la qualité de l’eau que nous utilisons et à la dégradation du paysage.
Néanmoins,
les paysages abîmés par les tas de déchets apportés par les vagues devraient probablement
être le moindre de nos soucis. Le projet intitulé « Les eaux propres », lancé
en Roumanie, lutte à la fois contre la pollution historique, matérialisée dans
la collecte du plastique déjà présent dans le lit de la rivière, tout en
prenant des mesures de prévention et de lutte contre les rejets futurs. Mais lutter
contre un flux d’environ 4 tonnes de déchets par jour appelle à des actions d’une
grande ampleur, menées sur le long terme et sur l’ensemble du bassin danubien,
tant en Roumanie que dans les pays riverains.
Quant
à l’action des militants de l’Association « Mai Mult Verde », pour la plupart
des jeunes, Oana Șerban la chargée de communication de l’association, explique :
« Nous avons commencé par des actions d’assainissement, d’aménagement et de
développement de l’infrastructure de collecte des déchets, en plaçant, le long
du Danube, des poubelles pour la collecte sélective des plastiques, et en
érigeant des panneaux d’information. Nous avons collecté, par exemple, et cela juste
en 2020, près de 40 tonnes de déchets, les empêchant ainsi de polluer les eaux
du fleuve. Aussi, avons-nous utilisé pour la première fois en Roumanie des
solutions technologiques : un drone, une barrière flottante, que nous avons
installée depuis près d’un an sur la rivière Jiu, affluent du Danube, et que
nous voulons placer également sur d’autres rivières, ainsi qu’un filet, pour ramasser
les ordures. De surcroît, l’éducation et la sensibilisation demeurent très
importantes, car les gens doivent comprendre pourquoi il faut, à tout prix, éviter
de jeter les déchets dans la nature, pourquoi ils doivent pratiquer le tri
sélectif, mais aussi quelles sont les alternatives au plastique jetable. Car le
plastique jetable, sous toutes ses formes, constitue le nœud du problème, vu
que l’on retrouve ensuite jeté un peu partout. À cette fin, nous avons confectionné
des peintures murales dans certains endroits des villes impliquées dans ce
programme, des peintures qui veulent tirer la sonnette d’alarme sur le danger
de la pollution plastique de l’eau. »
En
outre, les militants de l’organisation tentent de rassembler des partenaires du
secteur non gouvernemental, des structures publiques, gouvernementales et
administratives, le milieu d’affaires et, bien entendu, les collectivités
locales. Depuis 2008, année de sa création, l’association affirme avoir réussi
à bâtir une véritable culture de la responsabilité et du bénévolat en faveur de
l’environnement dans la société roumaine. Tout cela, par le biais de projets et
de campagnes éducatives, menés sous des slogans tels que « Il y a une vie après
la collecte » ou « Les déchets ne sont pas des ordures ». Des campagnes,
devenues autant d’occasions pour que des bénévoles ramassent plus de 350 tonnes
de plastique dans les forêts, dans les lits de rivières ou encore le long les
sentiers touristiques. Par ailleurs, des actions de plaidoyer ciblées ont été
menées de front, pour améliorer les politiques publiques et leurs effets sur le
terrain.
Oana Șerban met
en exergue la composante organisation communautaire du programme, et ses retombées
sur le terrain : « Nous n’allons pas dans ces villes avec des solutions
toutes faites, imaginées et appliquées partout à l’identique, bien au
contraire. Nous avons pu monter des groupes d’initiatives locales dans les 10
villes où nous nous sommes investis, et les organisateurs communautaires ont pris
part à des formations portant sur l’organisation et le développement des
collectivités, pour comprendre comment les gens peuvent s’impliquer. Et ce
travail a fait son chemin. L’on constate aujourd’hui, deux années plus tard, que
les gens ont réussi à atteindre un certain niveau, ils savent maintenant
comment mobiliser leurs concitoyens pour entrer en action, certains ont déjà saisi
les institutions responsables, ont lancé des actions de plaidoyer. Et les
lignes bougent. Ils ont compris qu’il fallait faire pression sur les autorités
pour que ces dernières s’attellent à résoudre leurs problèmes. En fait, la clé
de la réussite réside dans la capacité de mobilisation et d’action des collectivités
locales. Et c’est sur elle que nous nous appuyons », avait conclu Oana
Şerban. (Trad. Ionuţ Jugureanu)