Réacteurs nucléaires de petites dimensions en Roumanie
Eugen Coroianu, 24.06.2022, 13:02
. Selon les
partisans de cette solution technologique, ce genre de réacteur constitue un
moyen moins onéreux que les réacteurs classiques, il produit de l’énergie dans
des conditions de sécurité améliorées, et les émissions de gaz à effet de serre
seront négligeables. Ce premier réacteur modulaire, fabriqué par la société américaine
NuScale, occupera l’emplacement de l’ancienne centrale à charbon de Doiceşti,
située dans le département de Dâmboviţa, au sud de la Roumanie, et sera géré
par les spécialistes de l’Université Polytechnique de Bucarest. Par ailleurs,
dans le cadre du contrat, le partenaire américain mettra en place un simulateur
spécialement conçu à cet effet. Le système du réacteur modulaire se veut la
réponse appropriée apportée par les nouvelles technologies aux défis posés à la
fois par le changement climatique, l’accès à l’énergie, et la nécessité d’assurer
la sécurité énergétique du pays.
Le ministre roumain de l’Energie, Virgil
Popescu, détaille les plans de son ministère, ainsi que les tenants et les
aboutissants de ce contrat : « Les deux sociétés partenaires, NuScale et Nuclearelectrica, ont pris des engagements, selon
les termes du contrat signé, pour identifier ensemble le degré de compensation
industrielle, pour que l’industrie roumaine puisse développer ses propres capacités
à produire sur place certaines composantes nécessaires à la construction des réacteurs
modulaires en général, et cela sans se limiter à la technologie NuScale ».
Lors de sa visite à Bucarest, le secrétaire américan adjoint à l’Energie, David
Turk, avait parlé d’une triple crise énergétique mondiale, à savoir , selon
le responsable américain « Il s’agit, tout d’abord, de la crise, plus
ancienne, provoquée par le réchauffement climatique. A cela s’est ajouté la
crise provoquée par la pandémie du Covid-19, avec son impact majeur non
seulement au niveau médical, mais encore au niveau des marchés de l’énergie.
Enfin, dernièrement, la crise provoquée
par l’agression du président Poutine contre l’Ukraine, et qui a des effets
directs, non seulement sur la Roumanie, mais sur l’ensemble des Etats de la
région ». Dans ce contexte, le secrétaire américain adjoint à l’Energie a
mis en avant la volonté des Etats-Unis de travailler main dans la main avec la
Roumanie pour mieux combattre l’effet conjugué de ces crises.
Cosmin Ghiţă, directeur général de la
société roumaine Nuclearelectrica, partenaire du projet, avait à son tour
abordé l’état du projet, et l’avantage qu’il y avait à utiliser les infrastructures
déjà présentes sur le site de Doiceşti : « Nous
avons d’ores et déjà signé le contrat avec le partenaire américain, et lancé la
première phase des travaux dès le mois de novembre 2021. Cette première phase
est achevée à hauteur de 35%. Progressivement,
selon le planning des activités, nous comptons démarrer la deuxième phase, et
commencer à négocier les contrats prévus en cette étape, pour que nous
puissions respecter le terme que l’on s’était donné pour le lancement du réacteur
modulaire, à savoir fin 2030 ».
Assurer la sécurité énergétique
européenne et le développement du programme nucléaire roumain ont été au cœur des
sujets abordés par l’officiel américain David Turk également lors de sa
rencontre avec le premier ministre roumain Nicolae Ciucă. Aussi, la
construction des réacteurs 3 et 4 de la centrale nucléaire de Cernavodă (située
dans le sud-est de la Roumanie), et les travaux d’entretien du réacteur 1 de
ladite centrale constituent, selon les deux responsables, des étapes
indispensables pour que la Roumanie puisse assurer sa souveraineté énergétique.
Les officialités roumaines et américaines ont exprimé leur désir à poursuivre
le développement du partenariat bilatéral dans le domaine de l’exploitation de
l’énergie nucléaire, ou encore dans l’exploitation du gaz et du pétrole. Les
solutions mises en avant pour ce faire visent à diminuer les rejets des gaz à
effets de serre et assurer la sécurité énergétique durable du pays, selon les
termes du communiqué émis à l’occasion par le gouvernement de Bucarest.
C’est que tout cela devient beaucoup
plus urgent dans le contexte de la guerre de la Russie contre l’Ukraine.
Et c’est toujours dans ce contexte que le ministre de l’Energie Virgil
Popescu croit savoir que la mise en route du réacteur modulaire de NuScale ne
constitue qu’une nouvelle étape pour sécuriser la souveraineté énergétique de
la Roumanie. Qui plus est, le projet du réacteur modulaire serait censé profiter
au développement des communautés locales et participer à l’essor de l’industrie
et de l’économie régionales. Cosmin Ghiţă, directeur exécutif de la
Nuclearelectrica, affirme que cette nouvelle centrale nucléaire, composée de 6
réacteurs modulaires, produira à terme 462 MW. En outre, le site de Doicesti
pourrait accueillir des capacités photovoltaïques supplémentaires de production
d’énergie, censées compléter avantageusement la puissance développée par les
réacteurs modulaires. Les résultats positifs des études préliminaires, la
capacité du réseau existant dans la zone, et la compétence de la main d’œuvre disponible
au niveau local constituent en outre des arguments de choix, qui laissent
présager du meilleur. Il n’empêche que des voix s’élèvent pour dénoncer le
choix technologique des réacteurs modulaires, qui n’annule pas les risques liés
à l’utilisation du nucléaire, ou encore les risques en matière de sécurité, le
coût pharaonique du projet et la durée nécessaire pour le mener à bien. (Trad. Ionut Jugureanu)