Rapport de l’ONU sur la préservation de la vie sauvage dans la région Danube – Capates
Bien connue pour ses trésors, l’aire naturelle située entre les Carpates et le Danube est actuellement en danger à cause d’une série d’infractions commises contre l’environnement, avertissent à l’unisson le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, l’organisation internationale WWF et le Centre de recherches environnementales «Eurac Research». Les coupes sauvages dans les forêts, le commerce illégal entrepris avec des espèces sauvages ou encore la pêche à l’esturgeon – espèce protégée – voire même le changement des cours de certaines rivières de montagne menacent la biodiversité de la zone, et cela en dépit de la législation en vigueur au niveau européen et international en la matière. Cette année, 24 mille hectares de forêts vierges, 5.500 hectares de forêts de hêtre dotées de structures primaires et d’autres forêts vierges des Carpates et de la région Podillya en Ukraine ont été désignées comme des sites protégés par l’UNESCO, grâce à leur exceptionnelle richesse naturelle. Qui plus est, les forêts des Carpates abritent l’une des populations les plus importantes de grands carnassiers qui, en dépit des lois internationales et des conventions en vigueur sur le territoire de l’UE, continuent d’être la cible des braconniers. WWF Roumanie travaille depuis plus de 10 ans dans cette région et mène des projets destinés à préserver la diversité biologique, des espèces sauvages et des écosystèmes naturels.
România Internațional, 28.12.2017, 12:48
Orieta Hulea, directrice générale de WWF Roumanie, a déclaré : « La Roumanie possède un vrai trésor en termes de forêts vierges ou quasi-vierges. World Wide Fund (soit le Fonds mondial pour la nature) Roumanie, avec d’autres organisations spécialisées dans la protection de l’environnement, a entamé un ample processus d’identification de ces zones forestières. Nous sommes partis d’une estimation d’environ 200 mille hectares, il y a 6 ou 7 ans. Ensuite on a fait des évaluations des superficies visées sur le terrain. Il n’est pas moins vrai que le fait de pouvoir faire enregistrer ces territoires dans le Catalogue des forêts vierges, qui n’a été créé que l’année dernière, exige un travail de Sisyphe. Là où les forêts en question sont en propriété publique, le processus a lieu plus ou moins correctement, et on arrive à les protéger assez rapidement. En revanche, pour ce qui est des forêts vierges en propriété privée, souvent les propriétaires actent difficilement ce statut qui protège la forêt. Alors, il nous semble évident que, pour faciliter le processus, on a besoin des mesures complémentaires, compensatoires, adressées aux propriétaires privés. Ensuite, nous sommes confrontés aux coupes illégales de bois. Le phénomène a, certes, diminué dernièrement, grâce notamment aux contrôles mis en place et à un suivi plus attentif des aménagements forestiers en cours, mais il n’en reste pas moins que les coupes illégales perdurent. C’est pour cela qu’il est important que la Roumanie mette en œuvre un système centralisé de suivi du bois et qu’elle crée l’institution appelée l’Inspecteur de la forêt pour pouvoir identifier et intervenir en temps réel. C’est pour pouvoir contrôler et intervenir de manière efficace dans de telles situations. »
Aussi, lors des trois dernières décennies, les prises d’esturgeons ont baissé de plus de 99% au niveau mondial, suite à la baisse conséquente de la population vivante de l’espèce. De tout le continent européen, c’est dans le bassin du Danube que l’on retrouve aujourd’hui encore les dernières populations viables d’esturgeons. C’est pour donner une chance à cette espèce que l’année dernière la prohibition de la pêche à l’esturgeon a été prorogée les 5 prochaines années. Des six espèces d’esturgeon que comptait le bassin du Danube, l’une avait complètement disparu, alors que les autres étaient menacées.
Orieta Hulea, directrice générale de WWF Roumanie : « La pêche à l’esturgeon est hors la loi. On peut encore obtenir dse dérogations à des fins de recherche, mais c’est la seule exception. En revanche, nous nous confrontons au braconnage. Et là, il y a beaucoup à faire, y compris ou surtout au niveau du contrôle. Nous avons publié en 2016 un rapport sur le trafic de caviar. On avait saisi des quantités importantes de viande d’esturgeon et de caviar, c’était il y a un an. La Police aux frontières fait des efforts, mais encore faut-il concerter ces efforts, ces initiatives. Aussi, il faut consentir à un travail d’information auprès des communautés de pêcheurs qui vivent tout au long du cours du Danube. Ces communautés sont confrontées à des défis de nature sociale, car le braconnage demeure un moyen de survie. Il nous faut donc imaginer et mettre en œuvre des mécanismes, des dispositifs pour faciliter l’accès à des alternatives au braconnage, pour que ces communautés trouvent les moyens de s’assurer une existence digne, sans devoir recourir à la pratique du braconnage. »
C’est que les spécialistes mettent aussi en garde sur la disparition d’espèces protégées d’oiseaux sauvages, caractéristiques de la région bordée d’une part par les Carpates, de l’autre par le Danube. Chaque année, des dizaines de milliers d’oiseaux sont tués de façon illégale au pourtour de la Méditerranée.
Le phénomène se répand en Roumanie. Orieta Hulea : « Cette année même on a saisi en Italie des oiseaux qui avaient été tués en Roumanie par deux braconniers italiens. Là, on parle d’espèces de petits oiseaux qui sont trafiqués en Europe Occidentale. Certaines espèces sont protégées par les lois internationales. Nous avons déjà rencontré un autre cas similaire à la frontière hongroise, où la Police aux frontières a saisi des milliers d’oiseaux. Il semble que la demande soit forte de la part de certains pays occidentaux, et notamment de l’Italie, où certaines espèces sont préparées et servies dans des restaurants haut de gamme, un must. L’impact de ces actes barbares est terrible dans les populations de ces espèces qui ont, évidemment, leur rôle dans le maintien de l’équilibre de l’écosystème global. »
La région située entre le Danube et les Carpates constitue l’un des habitats les plus riches au monde, et cela pour nombre d’espèces. Les auteurs de l’étude mettent en avant le besoin d’une gestion durable, d’une collaboration renforcée entre les agences nationales et les Etats de la région, eu égard à l’échange d’informations et à l’application de la loi pour préserver au mieux la richesse environnementale de cette partie de l’Europe. Qui plus est, nous avons besoin de mettre réellement en application la législation de l’Union européenne qui vise la préservation de la nature et de la vie sauvage, y compris le Plan d’action et de lutte de l’UE contre le trafic d’espèces sauvages. (Trad. : Ionuţ Jugureanu)