Plantes exotiques envahissantes, identifiées en Roumanie
Eugen Coroianu, 31.12.2021, 11:33
Le document européen montre, certes, que l’apparition d’espèces
exotiques, qu’il s’agisse d’animaux, de plantes, de champignons ou de
micro-organismes, dans des environnements où ils n’étaient pas présents
auparavant, n’est pas toujours préoccupante. Cependant, un sous-groupe
important d’espèces exotiques peut devenir envahissant, ayant des effets graves
sur la biodiversité et les écosystèmes associés, et risquant de provoquer
d’autres effets économiques et sociaux point négligeables. Actuellement,
quelques 12.000 espèces, présentes sur le territoire de l’Union européenne et dans
les autres pays européens voisins, sont allogéniques, dont 10 à 15 % sont
estimées invasives. La menace pour la biodiversité et les services
écosystémiques associés peut prendre une variété de formes, jusqu’à menacer la
survie des espèces indigènes, mettant à mal la structure et le fonctionnement
des écosystèmes, modifiant les habitats, et biaisant la compétition naturelle entre
les espèces qui se partagent un même territoire. Cette menace peut encore
prendre la forme de la transmission des maladies, facilitant le remplacement
d’espèces indigènes dans une partie importante de leur aire d’épandage, et provoquant
des effets génétiques inattendus, dus à l’hybridation.
Qui plus est, les espèces exotiques envahissantes peuvent aller
jusqu’à mettre en danger la santé humaine et, par voie de conséquence, l’économie.
Cependant, seuls les spécimens vivants et les parties reproductibles
constituent une menace et, par conséquent, ce sont les seuls dont l’expansion devrait
être contrôlée, affirment encore les experts européens.
Cette situation n’est pas moins inquiétante en Roumanie, où la
fondation environnementale Conservation Carpathia a identifié dans le sud-est du massif montagneux Făgăraș, le long de
certaines vallées isolées, pas moins de six espèces de plantes exotiques
envahissantes, que ses bénévoles s’efforcent d’éliminer.
Le biologiste Oliviu Pop, de « Conservation Carpathia »
: « Ces plantes envahissantes, en fait des plantes exotiques envahissantes,
se sont installées dans des habitats naturels dégradés ou abandonnés, tels des
champs, des prairies abandonnées, ou dans des déchetteries sauvages. Elles
conduisent à terme à l’élimination d’espèces végétales indigènes. Les plantes
envahissantes éliminent progressivement les espèces rares, protégées, ou les
plantes fourragères. Le changement climatique que l’on subit dernièrement constitue
un élément qui favorise ce processus. »
Par ses travaux, la fondation tente de restaurer certaines zones,
affectées, par le passé, par la déforestation sauvage, et de rétablir
l’équilibre de la nature. Une étude scientifique coordonnée par Oliviu Pop a
été réalisée sur la base d’une méthodologie standardisée, passant au peigne fin
les principales vallées de la partie sud des monts Făgăraș. A la suite de ces
résultats, Conservation Carpathia a élaboré son plan d’action, partant, dès
l’été passé, à la chasse des espèces de plantes exotiques envahissantes, en s’appuyant
sur ses propres forces tout comme sur bon nombre de bénévoles roumains et
étrangers. Les techniques qu’ils avaient employées pour se débarrasser de ces
visiteurs malvenus, qu’il s’agisse de fauchage, d’arrachage ou de coupe, se
veulent respectueuses de l’environnement et de la nature. L’activité de
l’association se poursuivra pendant plusieurs années, se donnant pour objectif
de réduire de moitié la superficie occupée par les espèces indésirables de la
zone mentionnée.
Oliviu Pop : « Nous avons actuellement un projet de
restauration des habitats naturels qui concerne à la fois la restauration des
habitats longeant les rivières, les plus affectées par ce phénomène, mais aussi
la restauration des forêts et des buissons, en replantant les espèces caractéristiques
de la zone. Nous avons démarré nos opérations, en réalisant l’inventaire des
espèces présentes sur près de 165 km au bord des cours d’eau, avant de
procéder, aidés par nos bénévoles, à éliminer une bonne partie de ces espèces envahissantes
sur près de 37 km. A l’heure actuelle, nous essayons d’assurer le suivi des
zones nettoyées, comprendre le processus à la faveur duquel ces espèces refont
leur apparition, tout en travaillant, en parallèle, à restaurer les habitats, à
replanter les aulnes, les saules, les espèces d’arbres caractéristiques de ces
zones. »
Oliviu Pop ne manque pas de préciser que si certaines espèces
exotiques envahissantes se parent de très bellesfleurs, elles demeurent extrêmement nuisibles pour l’équilibre et
la biodiversité des zones affectées. Ce sujet, plutôt méconnu jusqu’à présent,
sera probablement de plus en plus présent dans le débat public dans les années
à venir, et des initiatives, inspirées de celles entreprises aujourd’hui par « Conservation
Carpathia », seront sans doute bien plus fréquentes au niveau national et
européen, selon la fondation environnementale roumaine. (Trad. Ionut Jugureanu)