Le reboisement de la Roumanie
Les pédologues roumains n’ont jamais caché leur crainte de devoir assister impuissants à la désertification rampante de pans entiers du territoire roumain, notamment dans le sud du pays. En effet, des centaines d’hectares de terrain arable se muent, chaque année, en véritables dunes de sable. La baisse constante des précipitations, doublée par l’augmentation des températures, ne fait qu’accélérer le processus de désertification. Selon les spécialistes, pour prévenir le phénomène d’érosio, les champs cultivables devraient être protégés par des rideaux d’arbres. Ces barrières vertes pourraient, selon les représentants de Greenpeace Roumanie, nous protéger et nous prémunir des phénomènes météo extrêmes, telles les longues périodes de sécheresse, les inondations, les tempêtes ou encore la pollution. C’est la raison pour laquelle Greenpeace Roumanie avait lancé une pétition publique demandant le reboisement des régions plates situées au Sud de la Roumanie. Faute de quoi, 40% du territoire roumain risquerait de se transformer en steppe aride d’ici 30 ans.
Eugen Coroianu, 26.02.2021, 12:14
Les pédologues roumains n’ont jamais caché leur crainte de devoir assister impuissants à la désertification rampante de pans entiers du territoire roumain, notamment dans le sud du pays. En effet, des centaines d’hectares de terrain arable se muent, chaque année, en véritables dunes de sable. La baisse constante des précipitations, doublée par l’augmentation des températures, ne fait qu’accélérer le processus de désertification. Selon les spécialistes, pour prévenir le phénomène d’érosio, les champs cultivables devraient être protégés par des rideaux d’arbres. Ces barrières vertes pourraient, selon les représentants de Greenpeace Roumanie, nous protéger et nous prémunir des phénomènes météo extrêmes, telles les longues périodes de sécheresse, les inondations, les tempêtes ou encore la pollution. C’est la raison pour laquelle Greenpeace Roumanie avait lancé une pétition publique demandant le reboisement des régions plates situées au Sud de la Roumanie. Faute de quoi, 40% du territoire roumain risquerait de se transformer en steppe aride d’ici 30 ans.
Par ailleurs, plus de 11 millions de Roumains se verront directement affectés par la hausse des températures, par la réduction des réserves d’eau et par la désertification des sols cultivables, la sécheresse chronique devenant la normalité et non plus l’exception. Voilà ce qu’affirme à ces propos Ciprian Gălușcă, responsable des campagnes de plaidoyer pour l’association « Păduri & Viață sălbatică », en français « Forêts et vie sauvage » :Les écosystèmes naturels caractéristiques aux régions de plaines sont déjà au plus mal, car les cultures agricoles ont depuis belle lurette chassé la nature d’origine. La végétation forestière s’est réduite en peau de chagrin. Et même les écosystèmes qui avaient pu encore survivre se voient aujourd’hui menacés par la hausse des températures et par l’absence des précipitations durant de longues périodes. Ce mix de phénomènes météo s’avère mortifère pour la vie, qu’il s’agisse de celle des plantes ou de la faune, voire même pour les communautés humaines qui, tôt ou tard, ne manqueront pas d’être durement affectées par l’absence de l’eau. »
En 2020, pas moins de 132 alertes code rouge ont été émises par les météorologues en Roumanie. Un record. Le compte à rebours est donc enclenché, le temps des paroles est derrière nous, il faut passer aux actes, au plus vite. Les forêts des Carpates, elles aussi massivement affectées par les coupes illégales, ne suffisent plus pour nous protéger. L’on a urgemment besoin de constituer un réseau forestier national, qui protège nos villes, nos campagnes, nos champs, les communautés les plus vulnérables, plaident de concert les activistes Greenpeace. Ciprian Gălușcă: « 60% des précipitations sont dues aux courants d’air, ceux qui amènent l’eau évaporée des mers et des océans. Il s’agit donc d’un phénomène climatique global. Cependant, le restant, soit 40% des précipitations et de l’humidité présente dans l’air, est le fait des conditions locales, de la présence des lacs, de la végétation, la présence des forêts. Et alors, les choses sont plutôt claires. En l’absence des bois, nous ne pouvons pas garder l’eau dans le sol, nous ne pouvons pas bénéficier de cette eau qui s’évapore grâce aux plantes. C’est la présence des forêts qui nous aide à protéger nos sources d’eau. Sans cela, on est perdu. Et alors, je reviens à cette initiative, celle qui prévoit la création de cette barrière verte et de ce réseau forestier national. Sachez qu’il ne s’agit pas d’une idée Greenpeace. Il s’agit d’un projet lancé déjà par les autorités publiques à l’entre-deux guerres, lorsqu’elles avaient saisi que le Sud du pays était grandement affecté par les effets conjugués du vent et du soleil, et qu’il fallait prendre des mesures pour protéger les communautés et les cultures. C’est alors qu’avait débuté un projet d’envergure, très ambitieux, de reboisement de pans entiers de la région de plaine, en utilisant la formule des rideaux forestiers. Ultérieurement, les autorités communistes ont malheureusement changé leur fusil d’épaule, et certains rideaux forestiers ont passé à la trappe. Cette politique malfaisante s’est poursuivie même après la chute du régime communiste, durant les années 1990. Alors, cent ans après, on est revenu à la casse départ ».
Le changement climatique est sans doute une réalité du présent. Faute de forêts en suffisance, le Sud de la Roumanie, autrefois surnommé le « grenier de l’Europe », risque de devenir aride à très brève échéance. Durant la dernière décennie, l’Etat roumain a dû dédommager les fermiers, dont les cultures ont été touchées de plein fouet par la sécheresse, et cela à hauteur de 330 millions d’euros. Un pari perdu, selon Ciprian Gălușcă, tant pour les deniers publics que pour les agriculteurs. Pis encore, en 2020, les puits ont séchés dès le début de l’été. A la fin de l’été, l’on a commencé à faire le décompte des lacs qui s’étaient évaporés. L’ombre ne protège plus que 6% des plaines de la Roumanie, pendant que les habitants des grandes villes suffoquent sous l’effet conjugué de la canicule et de la pollution. Reboiser, cela va de l’intérêt national. Il est grand temps de reconstruire cette défense naturelle que la présence des forêts nous offre. Une défense mise à mal à cause de la bêtise et de la cupidité de certains et de l’incurie des autorités, censées a priori défendre l’intérêt public.
Par sa pétition, Greenpeace entend mettre la pression sur les acteurs politiques, pour qu’ils s’attellent à reconstituer le réseau national des rideaux forestiers. Et, comme pour toute pétition, il va sans dire que chaque signature compte. L’association de défense de l’environnement compte déposer sa proposition au parlement, pour qu’un groupe de travail constitué à cet effet puisse produire la législation nécessaire avant la fin de l’année. Le financement d’un tel projet n’est pas le clou du problème, des fonds étant généreusement mis à disposition par les programmes environnementaux de l’UE. (Trad. Ionut Jugureanu)