Le Rapport « Planète vivante » 2014
Le Rapport « Planète vivante » 2014 élaboré par le Fonds mondial pour la nature (WWF) constate une chute de plus de moitié des populations mondiales despèces sauvages ces 4 dernières décennies. En outre, le document relève que les gens vivent et consomment les ressources naturelles comme s’ils avaient une deuxième planète à leur disposition. En fait, la demande de ressources naturelles de la part de l’humanité dépasse de 50% la capacité de régénération de la Terre. L’étude en question montre aussi que la plus grande menace pour la biodiversité réside dans l’impact combiné de la perte et de la dégradation d’habitats. S’y ajoutent la pêche et la chasse, ainsi que les changements climatiques.
România Internațional, 31.10.2014, 13:25
Détails avec Magor Csibi, directeur de la branche roumaine du Fonds mondial pour la nature : « Malheureusement, au fil des 40 années depuis que nous élaborons l’étude « Planète vivante », la biodiversité est décroissante. Dans le même temps, notre empreinte se fait sentir de manière de plus en plus prégnante. La consommation s’accroît de jour en jour et nous ne faisons rien pour avoir une planète saine. Les populations de poissons, d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens et de reptiles ont diminué de 52%, ces 4 dernières décennies. Autrement dit, plus de la moitié des animaux de notre planète a péri. Par exemple, 76%, soit trois quarts des espèces d’eau douce sont éteintes. C’est terrifiant surtout si l’on considère notre tendance à la consommation. Nous vivons et consommons comme si l’on disposait d’une demi – planète de plus ».
Le rapport « Planète vivante » montre que seule une gestion efficace des aires protégées peut sauvegarder la faune sauvage. Un exemple en ce sens est celui des populations de tigres du Népal, espèce classée comme menacée d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature. En général, à l’intérieur des aires protégées, le danger d’extinction est réduit de moitié. L’étude met en garde aussi contre le déclin des populations animales marines, en régression de près de 40% entre 1970 et 2010. Parmi les animaux les plus touchés, il convient de mentionner la tortue marine, plusieurs espèces de requins, mais aussi des oiseaux migrateurs tels l’albatros. Le recul de la biodiversité est plus critique dans les zones tropicales, souligne encore l’étude en question.
Magos Csibi: « Les pertes les plus significatives sont enregistrées dans les régions qui subissent une forte pression économique, surtout celles d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie du sud-est. On ne saurait pas pour autant les estimer en chiffres absolus, car l’Europe des 40 dernières années a elle aussi connu une forte tendance à l’exploitation industrielle. Heureusement que la biodiversité du vieux continent enregistre à présent un certain redressement. N’oublions pas, pour autant, que l’Europe et les autres continents mettent la pression sur l’Amérique du Sud, l’Afrique et l’Asie du sud – est pour ce qui est des ressources dont ils ont besoin ».
Du point de vue de l’empreinte écologique, c’est-à-dire de la pression exercée par l’humanité sur les écosystèmes, il faut dire qu’il existe un grand décalage entre les différents pays. Certains d’entre eux, tels les pays arabes ou ceux fortement développés (Etats-Unis, Suède, Belgique, Danemark) consomment beaucoup plus que notre planète n’est capable d’offrir. Par contre, la consommation de certains autres n’atteint même pas la moitié de ce que peut produire la planète.
La Roumanie a une faible empreinte écologique, vu l’effondrement de son industrie, affirme Magor Csibi: « La Roumanie se situe un peu en dessous de la moyenne. Si tous les habitants de la planète vivaient comme les Roumains, ils consommeraient autant que produiraient 1,4 planètes. Elle enregistre la plus faible empreinte carbone sur l’ensemble de l’UE. Ce résultat n’est pas le fruit d’une stratégie visant le développement durable, mais plutôt du démantèlement de son industrie après 1989. L’industrie n’a plus connu de reprise et en ce moment il n’y a pas de stratégies cohérentes à même d’assurer le développement durable de toutes ses branches, dont les transports et le bâtiment par exemple. Enfin, dans bien d’autres domaines, le souci pour l’environnement est inexistant ou très faible ».
Le rapport « Planète vivante » relève également que plus de 200 bassins hydrographiques qui alimentent quelque 2,5 milliards d’habitants souffrent d’un déficit d’eau au moins un mois par an. Les auteurs du document proposent aussi des solutions. Ils suggèrent l’élargissement de la superficie des aires protégées, la conservation et la régénération des forêts, une gestion adéquate des ressources en eau, la protection des espèces ou la reconstruction des zones humides. De l’avis des spécialistes, un accord global favorable à une économie reposant sur la diminution des émissions de dioxyde de carbone est essentiel, compte tenu du fait que l’utilisation des combustibles fossiles est à présent le facteur qui pèse le plus lourd sur l’empreinte écologique, lit-on dans la Xe édition du Rapport « Planète vivante ». (trad. Mariana Tudose)